Fendre l’armure, recueil de nouvelles,
Anna Gavalda, Le Dilettante,
2017, 284 pages
17€.
L’ engouement médiatique n’ est plus le même, je trouve : un petit encart annonçant la parution de Fendre l’armure d’Anna Gavalda dans Livres Hebdo, un court article dans Le Nouvel Observateur, ont tout de même aiguisé ma curiosité. Même si son dernier roman Billie m a bien découragée au bout de deux pages, Anna Gavalda est mon auteur de prédilection avec Marie – Sabine Roger.
Elles ont de nombreux points communs : avoir écrit pour les enfants dans un premier temps, leurs livres parlent de la société actuelle et mettent en scène des personnages de différentes générations qui s’ entraident : Ensemble c est tout, La tête en friche, leurs livres sont adaptés au cinéma.
Me voilà donc partie a la recherche du bon plan pour lire ce nouveau livre rapidement.
J’avais bien prémédité mon coup. J’ aime beaucoup le travail sérieux de la bibliothèque Arthur Rimbaud qui commande toujours rapidement les nouveautés de littérature française.
Elle se situe dans la mairie du 4eme arrondissement à Paris si voulez y faire un tour. Donc, je me suis inscrite sur la liste de réservation du dernier roman d’ Anna Gavalda Fendre l’ armure. Et qui a été servie la toute première ? C est moi !
Il y a dix ans, Anna Gavalda m’ a captivée durant une nuit entière où je ne pouvais pas m’ endormir sans finir ce gros pavé d’ Ensemble c est tout. J’ai passé un délicieux moment avec L’ échappée belle et elle m’ a bien divertie de mon stress les deux derniers jours avant mon mariage avec La vie en mieux.
Il fallait donc que je lise Fendre l’armure, en souvenir de ces bons moments passés avec l’écriture d’Anna Gavalda.
Le résumé :
Dix-sept ans après Je voulais que quelqu’un m’attende quelque part, Anna Gavalda renoue avec le recueil de nouvelles. Fendre l’armure raconte sept aventures de vie : celles de deux femmes et cinq hommes. Les nouvelles L’amour courtois, La maquisarde, Mon chien va mourir, Happy meal, Mes points de vie, Le fantassin et Le garçon racontent chacune à leur manière une forme ultramoderne de solitude, celle qui fait céder la dureté du cœur.
Mon avis :
Premier constat, il n’ y a pas de 4eme de couverture. Peu d’ auteurs peuvent se permettre ce luxe tant cet élément est déterminant pour vendre un livre. Mais le titre est accrocheur malgré la couverture minimaliste. Même le court résumé m’ a donné envie de me plonger dans ce livre même si j étais prévenue : ce livre sert à faire pleurer dans les chaumières. Et moi j’ aime les romans joyeux, avec des personnages attachants qui me font éclater de rire avec leur répartie.
Les personnages de Fendre l’ armure en ont de la répartie mais ils sont cyniques, blasés d’ eux mêmes, et du monde qui les entoure.
J’ai lu les trois premiers chapitres de la première nouvelle : une jeune banlieusarde de milieu populaire, rencontre dans une fête un jeune aristocrate du 16eme arrondissement Il la suit dans le dernier RER en lui déclamant de la poésie.
J’ ai fait une pause pour souffler tellement j’ étais déconcertée. Pas de situation initiale, donc une occasion perdue pour moi lectrice de faire connaissance avec le personnage, une écriture dense et haletante. Je me suis sentie malmenée tant le personnage de Ludmilla était acerbe avec des dialogues mêlés d’argot et de vulgarités.
Ma note : 1/ 5 sardines
Je mettrais la note d’une sardine à ce livre pour trois nouvelles qui m’ont touché. Ce sont trois histoires d’hommes : Mon chien est mort, Mes points de vie et Un garçon. Avec ces trois histoires, j’ai retrouvé l’originalité, le talent d’Anna Gavalda que j’apprécie. Mais comme les douze nouvelles de Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part formaient un tout, l’ensemble formé par Fendre l’armure est boiteux, c’est le mariage de la carpe et du lapin avec toutes ces histoires mal assorties.
Il y a même une histoire : Le fantassin (la plus longue du livre) où je n’ai rien compris du tout alors je ne l’ai pas lue.
Plutôt que de m’ étendre sur les nombreux éléments à charge à propos de Fendre l’armure, je préfère vous concocter une recette de cocktail afin de vous donner tous les ingrédients qui ont donné toute la saveur des cinq plus grands succès littéraires d’Anna Gavalda.
– Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, Le Dilettante, 1999
Dix ans après la lecture de ce recueil de douze histoires, je me souviens encore de sa galerie de personnages : la vétérinaire, la mère de famille qui subit un IIG, le jeune militaire, Junior celui qui croise la route d’un sanglier avec la voiture de son père.
La phrase du titre, ce n’est pas une petite midinette qui la prononce mais un jeune militaire en permission qui évite de jouer au canard (comme dirait mon frère) : il évite de montrer tout sentiment amoureux.
– Je l’aimais, Le Dilettante, 2002
Un huit -clos très original entre un beau-père et sa bru dans une maison de campagne. Son fils a brutalement quitté femme et enfants pour une autre femme. Il essaye de consoler sa belle-fille dont il se sent responsable en lui racontant sa propre aventure adultère avec une femme Mathilde, sur son lieu de travail en Asie.
Bien que je déteste le message de ce roman : la passion amoureuse qui brise tout sur son passage même les promesses d’engagement conjugal, d’exclusivité affective ; je reconnais la grande originalité du sujet : le dialogue entre un beau-père et sa belle-fille, un sujet rare en littérature.
Ensemble c’est tout, Le Dilettante, 2004.
Enfin une belle histoire d’amour, d’amitié et d’entraide intergénérationnelle avec de la mixité sociale, de l’émotion…
Camille, une fille très douée en dessin et cultivée, passe ses nuits à nettoyer les bureaux et se morfond dans une chambre de bonne d’un immeuble bourgeois. Philibert, un jeune aristocrate bègue lui ouvre sa porte, il héberge déjà Franck, un cuisinier bourru qui se méfie des femmes depuis que sa mère l’a abandonné enfant. Leur amitié les conduira à accueillir Paulette, la grand-mère de Franck, qui a perdu son indépendance et son autonomie dans un mouroir pour personnes âgées… Un chef d’œuvre d’humanité !
L’échappée belle, Le Dilettante, 2009
C’est l’histoire d’une fratrie : Simon, Garance et Lola qui partagent un trajet en voiture avec Karine, l’épouse pénible de Simon pour se rendre à un mariage. Cette fratrie va s’enfuir du mariage pour rejoindre Vincent, le petit dernier de la famille, devenu guide dans un château, au fin fond d’une campagne au milieu des « vrais gens ». J’ai bien aimé cette petite lecture divertissante mais déjà les personnages féminins d’Anna Gavalda, révoltés de la vie ont commencé à me gonfler.
Un défaut qui s’est avéré de plus en plus handicapant pour lire ses livres suivants : La vie en mieux et Fendre l’armure.
J’aimerai retrouver la plume d’Anna Gavalda pour écrire un texte aussi beau qu’Ensemble c’est tout, une grande saga familiale, en costumes, avec des envolées lyriques et des grands et beaux sentiments qui me feraient rêver.
L’action de certaines nouvelles de Fendre l’armure se passe, soit dans un RER qui sent mauvais ou dans un Mac Donald’s, vous me comprenez ?.
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