1er Swap : expérience formidable

106650917Samedi dernier, le soleil était de retour pour donner le coup de départ à l’automne, j’ai retrouvé deux amoureuses des livres comme moi dans une librairie-café très sympathique : la librairie des Orgues au métro Crimée.

Grâce à mon travail de libraire, j’ai rencontré ces deux chouettes filles : Erika est l’éditrice des éditions MLK et Eloïse, l’auteur de la saga Les chroniques d’Amy, un premier roman talentueux. J’ai chroniqué le premier tome L’enceinte ici.

C’est Erika qui a eu la bonne idée d’organiser ce SWAP qui a réunit une dizaine d’amatrices de lecture. Son Swap de rentrée consistait à réunir dans un colis : un livre, une surprise de la rentrée, quelques marques-pages, une carte de correspondance, des gourmandises …

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Ce que j’ai voulu offrir à Éloïse !

Pour ce swap de rentrée, j’ai voulu partager mon coup de coeur : un roman graphique Rendez vous dans la forêt d’ Alain Auderset, j’ai acheté des masking tape et des magnets Snoopy pour le thème BD et la surprise de la rentrée, quelques sachets de thé Kusmi, une barre de chocolat belge Galler et quelques marques-pages…

Il y a deux mois, je ne connaissais même pas le phénomène, que j’ai déchiffré peu à peu grâce aux vidéos de booktubeuses comme Bulle Dop, Margaud liseuse, Lily bouquine… mais j’ai vraiment adoré le jeu.

Il s’appuie sur un principe tout simple mais qui fait toujours autant plaisir aux adultes comme aux enfants : dénicher des petites surprises pour épater quelqu’un.

C’était vraiment un moment génial de s’échanger les cadeaux en face to face car les frais de port grimpent vite. Je connaissais peu Éloïse et le fait qu’elle soit emballée par son livre m’a vraiment récompensée.

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Tous les petits cadeaux que j’ai reçu !

D’ailleurs, moi aussi, j’ai été vraiment ravie par son choix de livre que je ne vais pas tarder à commencer : Entretenez la flamme de Danny Silk, éditions Première partie.

Avec le livre,  j’ai reçu une bougie verte, un marque-page trop génial qui va devenir la mascotte de mon blog à coup sûr, du thé, de la pâte à tartiner qui vient de la Drôme comme moi, un petit carnet avec une illustration que j’adore, un stylo de poche avec des minis cactus dessus, un superbe mug et une cuillère à thé trop pratique.

Bref, c’était un super moment tout simple à préparer après avoir lu et répondu à un questionnaire succinct : mon adresse postale, mes goûts en termes de lecture, si j’ai des allergies alimentaires, mes couleurs préférées…

J’étais un peu dubitative de regarder des échanges de colis sur Youtube, ça n’a aucun intérêt de tenir la chandelle devant son ordinateur tandis que des petites veinardes  arrachent du papier cadeau… mais quand on le prépare pour une copine avec soin, sans se ruiner, c’est génial les swaps !

 

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L’enceinte, une explosion d’amour en milieu hostile.

Cet été, j’ai chroniqué des romans pour la plage autour de la sortie nationale du film La Cabane, adaptation cinéma du best-seller de Paul Young et j’ai découvert de nouveaux auteurs dont Eloïse Auvray !

Je vous raconte comment le temps d’un roman, je me suis essayée à la lecture d’un roman young adult : j’ai bien aimé !

L-enceinte

L’enceinte, tome 1 des aventures d’Amy

Eloïse Auvray, éditions MLK

2016-478 pages -18€90

9791096757015

Dès sa couverture, cet imposant roman intrigue. Cette jeune fille de dos c’est Amy, encore trop jeune pour être une adulte mais déjà trop marquée par les épreuves pour rester une enfant. Elle vit comme d’autres filles de son âge dans l’enceinte, une unité militaire froide et autoritaire dans laquelle les coups et les humiliations verbales sont légions.

 

C’est une communauté élitiste qui ne fait pas de cadeau aux plus faibles, les jeunes filles blindent leurs cœurs, font la guerre à leurs propres émotions, se méfient de leurs amies car l’entraide et la solidarité sont bannies dans l’enceinte. Et pourtant…même dans les endroits les plus sombres, dénués d’amour et dominés par la violence, Dieu règne.

Ce premier roman, édité par les éditions MLK (un des domaines d’activité de l’église MLK de Créteil) emploie les codes de la littérature young adult :  un roman d’apprentissage ponctué d’examens dans un pensionnat militaire où les jeunes adolescentes construisent leur identité. Eloïse Aufray aborde les thématiques de l’amitié, les relations sentimentales naissantes, le respect de l’autorité des adultes dans une société futuriste.

Elle a su tirer profit d’un procédé littéraire très efficace : démontrer que même dans les environnements les plus hostiles, on ne peut bannir l’amour. L’enceinte est l’exact opposé d’un feel good book, pourtant il porte le même objectif : redonner le sourire aux lecteurs face aux épreuves.

Ce roman s’adresse aux adolescents à partir de 13 ans mais aussi à un public adulte. Si vous avez passé comme moi l’âge des chicaneries de collégiennes, certains dialogues entre Amy et ses copines vous paraîtront superficiels.

Mais ce roman mérite de passer outre ce petit travers,  car il porte un message fort et authentique : il met en lumière les faiblesses et les absurdités de la loi moche et méchante pour faire éclore la grâce et la liberté qui permettent d’entretenir des relations constructives avec les autres.

Eloïse Auvray a su rompre avec les codes classiques de la narration puisque son roman débute sur des chapeaux de roues , elle ne laisse pas le lecteur faire connaissance avec Amy, dès les premières pages, le ton est donné : son destin est tout tracé : on l’entraîne avec dureté pour qu’elle serve toute sa vie dans l’une des unités opérationnelles de l’enceinte.

Ainsi, on rencontre une jeune fille seule au monde car toutes ses attaches familiales lui ont été arrachées lors d’un événement traumatisant dont elle ne se souvient que par des bribes.

Elle est sans cesse sur le qui-vive, accordant une confiance toute relative à ses proches, rendant coup pour coup quand on l’attaque. Puis une fameuse nuit initiatique va bousculer son état d’esprit.

Amy se rendra compte par la suite que nous avons tous besoin les uns des autres. Les règles inflexibles et rigides de l’enceinte sont peu de choses face à l’amour, l’amitié, la volonté de prendre soin, venir en aide à ceux qui nous entourent.

Les aventures d’ Amy se poursuivront dans trois prochains épisodes : quel sera l’heureux grain de sable (ou le grain de moutarde cité dans l’Évangile de Matthieu) qui viendra enrayer le fonctionnement de cette enceinte qui l’ embrigade?.

Les éditions MLK encouragent le talent des nouveaux auteurs. Si vous avez une jolie plume et des idées à coucher sur le papier, inscrivez vous au concours de nouvelles sur le thème de la féminité !

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Ô vous, sœurs humaines. Le récit des féminités

Ô vous, soeurs humaines, Mélanie Chappuis

Editions Slatkine et compagnie, 2017

125 pages, 12 €

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Grâce à mon partenariat avec la Kube, les éditions Slatkine et Cie m’ont adressé un chouette cadeau : le recueil de nouvelles Ô vous, sœurs humaines de Mélanie Chappuis. Son titre fait référence au roman d’Albert Cohen, Ô vous, frères humains paru en 1972.

La couverture est illustrée par un tableau de Paul Gauguin dans sa période tahitienne. Il s’intitule Aha Oe Feii, Eh quoi tu es jalouse?.

Paul Gauguin est à la mode cet automne puisque le Grand Palais lui consacre une exposition et que Vincent Cassel lui donne ses traits dans un biopic consacré à sa période tahitienne.

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Le résumé :

Il s’agit d’un court recueil de nouvelles qui regroupe quarante portraits de femmes : mère, amie, fille, amoureuse, rivale…, des petits textes très brefs, divisés selon six grandes catégories : Rivalités, solidarités, dualités, complicités, fidélités et vanités.

Mon avis :

Autant j’attendais beaucoup du recueil de nouvelles Fendre l’armure d’ Anna Gavalda (je vous ai parlé de ma déception quand je l’ai lu, dans un précédent article) , autant Ô vous, sœurs humaines a été une agréable surprise, une jolie découverte.

J’aime bien le genre de la nouvelle et ce découpage thématique, original m’a bien plu. J’ai eu un peu de mal à entrer dans ce livre à cause du premier chapitre Rivalités qui m’a dérangée. Mais ensuite, j’ai beaucoup plus apprécié l’écriture fluide et savante de Mélanie Chappuis au fil des chapitres. On se rend rapidement compte que sa plume est aguerrie : elle a déjà écrit huit romans auparavant.

La tendance dans la littérature actuelle est d’envoyer balader les longues descriptions des personnages. Cela me déstabilise pas mal mais cela s’accorde bien au genre de la nouvelle, employée ici. Ces femmes sont des anonymes, leur identité importe peu car elles tendent à l’universalité.

Le texte qui m’a le plus émue est le récit d’une jeune femme qui parvient à sauver sa sœur cadette de la monstruosité de l’excision alors qu’elle en a été elle-même victime.

Un extrait :

« Sa cadette entre dans sa chambre, s’enquiert de ses larmes qui coulent sur son visage. Elle la serre contre elle, la console, la remercie. J’ai bien compris que tu m’avais sauvée, tu es mon héroïne, ma force, mon courage. L’aînée pleure de plus belle mais ses larmes ne sont plus amères. Elle a la reconnaissance de la petite ».

Ma note : 4/5 sardines

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Ô vous, sœurs humaines m’a emmenée en dehors des sentiers battus par rapport à ce que j’ai l’habitude de lire et ce fut une agréable découverte.

C’est d’ailleurs le principe de la Kube, la box littéraire à laquelle je collabore depuis janvier 2017 : faire découvrir la richesse littéraire des maisons d’édition indépendantes.

 

Un roman passionnant qui vous envoie directement dans le Sussex sans prendre l’ Eurostar.

La derniere conquete du major Pettigrew

La dernière conquête du major Pettigrew,

Helen Simonson, 2012

Éditions du Nil, 493 pages

21€50

Toutes mes pauses : le trajet quotidien aller et retour du métro, ma pause déjeuner…ont été mises a profit pour dévorer en cinq jours les 500 pages du roman La dernière conquête du major Pettigrew.

Cela fait quelques jours que j’ ai fini de lire ce livre et ses personnages hauts en couleur me manquent. Je me suis ensuite lancée dans la lecture du second roman d’ Helen Simonson mais sans grand enthousiasme pour l’ histoire, les personnages. J’ ai abandonné la lecture du livre Un été avant la guerre vers la centième page comme quelques lectrices d’ un club de lecture que je suis sur Facebook.

C est pourtant lors de la sortie en poche du livre L’ été avant la guerre que j’ ai découvert La dernière conquête du major Pettigrew grâce au blog littéraire My pretty books.

Et grande surprise, je les ai trouve l’ un à côté de l’ autre, dans les rayonnages de la bibliothèque Marguerite Duras, comme s’ ils m’ attendaient sagement, à mon retour de vacances. Merci aux bibliothèques de la ville de Paris pour l’ étendue de leur offre de livres passionnants, j’ en profite à fond depuis dix ans !

J’ ai bien aimé  que ces livres soient disponibles en grand format, je commence à me lasser du livre de poche. Les couvertures de ces deux livres édités par les éditions Nil sont très originales.

Résumé :

5357998d72149af81cdaa827f2ce550b--east-sussex-gapCette histoire trépidante se déroule dans une petite ville balnéaire du Sussex : Edgecomb Ste Mary, un village fictif avec des falaises (ce détail aura son importance plus tard).

Le major Ernest Pettigrew vient de perdre son frère Bertie et il défaille à l’idée de se rendre à cet enterrement en voiture. L’ épicière pakistanaise du village, Mme Ali, qui a le cœur sur la main viendra à son secours.

Cette entraide va donner naissance à une belle amitié. L’ un comme l’ autre connaissent des déceptions avec leurs familles : le fils du major, Roger est prêt à toutes les petites lâchetés envers son père pour faire carrière tandis que le neveu de Jasmina Ali la cantonne à son rôle de veuve. Il lorgne le titre de propriété de son commerce aidé par sa famille.

Un extrait :

… Ma chère Madame Ali, j’aurais peine à prétendre que vous soyez vieille. Vous êtes dans ce que j’appellerais la toute première fleur de l’âge de la maturité féminine. »
C’était un peu grandiloquent, mais il espérait surprendre un rougissement. Au lieu de quoi, elle rit de lui, aux éclats.
« Je n’ai jamais entendu personne se donner tant de mal pour appliquer, à la truelle, une telle couche de flatterie sur les rides et l’empâtement d’un âge mûr déjà très avancé, major, fit-elle. J’ai cinquante-huit ans et je pense avoir basculé bien au-delà de la fleur de l’âge. Tout ce que je puis espérer désormais, c’est de sécher dans un de ces bouquets de fleurs éternelles.
– Eh bien, j’ai dix ans de plus que vous, répliqua-t-il, j’en déduis que cela fait de moi un vrai fossile. » Page 94

Mon avis :

Helen Simonson est une fine observatrice de la société anglaise même si elle vit actuellement à New York. Elle a su écrire un roman d’ amour original, qui est loin d’ être mièvre tant il montre les traits d’ une Angleterre à la fois multiculturelle et traditionnelle, qui a ses rituels inaltérables comme l’heure du thé.

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Mon personnage préféré est sans conteste le fils du major, Roger, un jeune Rastignac londonien qui va faire sortir le major de sa léthargie de retraité. Il concentre tous les défauts humains les plus énervants et parfois il sait aussi toucher son père par sa maladresse, son côté mal assuré qu’il essaye de masquer par un orgueil démesuré qui se retourne souvent contre lui.

J’ai aussi beaucoup apprécié le bagout de sa fiancée américaine Sandy qui est assez délurée mais qui témoignera au major beaucoup de respect et de tendresse…

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Les 5 moments forts

du roman :

 

–  Le conflit familial autour des fusils de valeur : le jeu psychologique entre les trois personnages : la belle-soeur Marjorie, la nièce hargneuse et le major . Le narrateur omniscient  raconte les bons cotés et les petites bassesses du major avouées au lecteur…. Cela crée un lien précieux : le lecteur est de connivence avec le major.

–  L’ amitié privilégiée avec Mme Ali : quand le colon anglais remet en perspective la politique de son pays avec une enfant du pays colonisé. Ils se réconcilient autour de leur passion commune pour Kipling et tombent amoureux. Ce roman critique notre société qui stigmatise les seniors. A-t-on le droit de retomber amoureux, avoir une sexualité quand on est veuf et âgé ?. J’ai eu beaucoup de tendresse pour le major lors de la scène avec son amie Grace mais je refuse de vous en raconter plus au risque de spoiler l’intrigue de ce livre passionnant.

–  La vision de l’amour du père et celle de son fils à des années lumières l’une de l’autre.   Avec ses manières chevaleresques le major Pettigrew fait mouche avec la plupart des femmes de l’ histoire : Mme Ali, Amina, Sandy, Grace , Alice… alors que son fils enchaîne déconvenue sur déconvenue en étant calculateur et opportuniste : il considère les femmes comme des trophées d’un tableau de chasse. Les joutes entre le père et le fils sont savoureuses tout au long de l’ histoire et atteignent leur sommet quand le major excédé par la désinvolture de son fils abandonne son élégance verbale pour le traiter de « trou du cul ».

–  Le choc des cultures évident quand le major, Roger et Sandy se retrouvent à table avec le neveu de Mme Ali, un musulman traditionnel. Les répliques fusaient  tellement entre ces quatre personnages que j’ai eu l’impression de me retrouver dans un match de ping-pong dans ma lecture (ça c’est tout le talent d’un excellent écrivain). Le fossé culturel est infranchissable entre le jeune épicier paki de campagne et le jeune loup de la City. Leurs aînés ont su mettre de côté leurs différences culturelles, sociales pour lier amitié, les plus jeunes en sont incapables.

–  Le poids des traditions, le seul véritable obstacle à l’histoire d’amour du major et de Jasmina. Il y a des scènes de l’histoire très tendues, où l’on sent le poids de stéréotypes qui ont la peau dure : le racisme décomplexé des membres du club de golf, anglicans pratiquants, les traditions patriarcales qui rendent fou le jeune neveu et l’empêchent de vivre en harmonie avec Amina et leur enfant…

 

Ma note : 5/5 sardines

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J’ai lu ce roman la semaine de la célébration des 20 ans de la disparition de la princesse Diana. J’ai donc lu beaucoup d’ articles sur cette société anglaise aristocratique qui m’ intrigue, me navre parfois mais m’ amuse beaucoup aussi.731-1998-diana3

Nous avons beau être voisins, cette histoire de monarchie nous rend bien différents . J’ai beaucoup aimé ce roman qui m’a fait connaître quelques détails du passé colonial de l’Angleterre : pourquoi il y a une importante communauté pakistanaise au Royaume-Uni, pourquoi des filles de la haute société portent des prénoms indiens comme Jemima, la nièce exécrable du major… Helen Simonson a réussi un portrait très attendrissant de l’Angleterre.

Nothing hill

L’ an dernier, la série Le diable vit à Nothing Hill m’ avait bien divertie à la plage avec le récit des bizarreries branchées des aristocrates londoniens mais c’ était de la littérature de poulettes très caricaturale et d’ une qualité littéraire assez médiocre.

Helen Simonson a réussi la prouesse d’ imaginer un premier roman drôle, touchant et passionnant, qui est devenu un phénomène de librairie. Il y a un projet d’adapter cette histoire sur grand écran. Je me réjouis à l’idée retrouver cette savoureuse galerie de personnages .

Roman d’ amour            Satire sociale         Traditions aristocratiques

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Lutte des classes                                       Choc des cultures

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