J’aime les adaptations de romans américains au cinéma. J’avais eu un vrai coup de cœur pour le roman Promenons-nous dans les bois de Bill Bryson, un road-trip de deux vieux messieurs sur un trail ardu dans un coin montagneux des Etats-Unis. J’aime beaucoup le jeu de Robert Redford et j’ai aimé son rôle de Louis dans son dernier film Nos âmes la nuit.
Je suis assez admirative du cinéma américain actuel qui place ses anciens en tête d’affiche : Robert Redford, Jane Fonda, Michael Caine et Morgan Freeman, Robert de Niro… La vieillesse est beaucoup plus caricaturée dans le cinéma français.
La vieillesse, le veuvage sont les deux thèmes majeurs de ce magnifique roman, assez court (180 pages) : Nos âmes la nuit de Kent Haruf, un auteur américain originaire du Colorado. Il est mort quelques mois avant la parution de ce livre en 2015.
Le résumé :
Addie et Louis sont de vieux voisins dans une petite ville du Colorado. Un soir, Addie vient toquer à la porte de Louis avec une demande inédite et osée : accepterait-il de venir la nuit dormir avec pour affronter la solitude de la nuit à l’aube de leur vie?. C’est l’histoire d’une profonde complicité amicale et sentimentale qui se construit sous les yeux de leurs enfants adultes mais aussi de cette petite ville cancanière.
Mon avis :
J’ai eu un véritable coup de cœur pour ce livre et le style de son auteur que je ne connaissais pas du tout. Il a su saisir la réalité sociologique de ces retraités.
Au début de leur arrangement peu commun, ils sont un peu empruntés. Partager sa chambre, dormir ensemble est beaucoup plus intimidant et intime que d’avoir une relation sexuelle avec un inconnu.
C’est tellement évident que de nombreux sociologues et anthropologues ont étudié la question. Histoires de chambres de Michelle Perrot étudie cet espace très particulier mais surtout Jean-Claude Kauffmann avec ses ouvrages Le lit, tendre guerre et Premier matin, la construction d’une histoire d’amour.
Rien n’est plus intimidant de se réveiller ensemble, se chuchoter des confidences dans le noir et pourtant c’est comme ça que ces deux retraités vont se soutenir mutuellement dans leurs relations avec leurs enfants, leur estime de soi par rapport à leurs mariages révolus.
Ils sont un peu rouillés les premiers jours avec un enfant rivé à son écran. Ils prendront soin de lui pendant quelques mois. Ils vont donner tout simplement de l’amour à Jamie, le petit-fils d’Addie que son père lui a confié parce que rien n’allait plus avec la maman du petit garçon.
Le Guardian dit de ce livre : « Nombre de romans évoquent la quête de l’amour mais celui-ci est illuminé par sa présence ».
Ce livre montre les remarques narquoises des autres habitants de la ville qui indignent leurs enfants et les incitent à faire la leçon à leurs parents au nom du qu’en dira t’on?. La sexualité des veufs est taboue, ce livre le prouve.
Peut-on recommencer à aimer quand on est veuf?. Faut-il qu’ Addie et Louis endurent seuls leur solitude parce que la personne à qui ils ont juré fidélité toute une vie est décédée?. Le lecteur est alors témoin de leur souffrance quand on essaie de les séparer à la fin du roman.
« Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien » écrit l’apôtre Paul dans l’épître aux Corinthiens.
Ma note :
5/5 sardines
Je vous recommande ce livre qui raconte plusieurs solitudes : celle d’ Addie, de Louis, celle du petit-fils tiraillé entre ses parents qui l’ont laissé chez sa grand-mère, celle de la petite chienne recueillie par l’enfant, celle de la vieille dame sans famille Ruth… et comment ces gens s’entraident par amour, sans avoir de liens familiaux particuliers.
C’est un magnifique livre sur l’engagement amoureux.