Ces deux dernières semaines, j’ai choisi dans mes lectures, deux suites de romans que j’avais beaucoup aimé : Sauveur et fils saison 4 de Marie-Aude Murail ainsi qu’Indéterminés de Samantha Bailly. Quand on s’attache aux personnages d’un roman, c’est annonciateur d’une bonne lecture.
J’ai vraiment aimé l’histoire des Stagiaires, le premier tome car les personnages sont vraiment décrits avec beaucoup de psychologie, contrairement aux nouveaux romans estampillés feel good où les personnages sont tellement caricaturaux que je n’ai absolument pas envie de passer 200 pages en leur compagnie.
C’est une trilogie : Les stagiaires , A durée déterminée et Indéterminés, mais comme j’en ai un peu ma claque des CDD à répétition, je n’ai pas attendu de lire le deuxième volume, je me suis jetée sur Indéterminés en grand format, que les éditions JC Lattès m’ont gentiment envoyé !
On y retrouve la consciencieuse Ophélie qui a été catapultée directrice de la communication de Pyxis mais patatras la sympathique start-up chaleureuse a été croquée par un gros requin du jeu-vidéo… Arthur Mareuil, le beau garçon des beaux quartiers revient au bercail : on l’embauche dans ce processus de fusion-acquisition pour dégraisser la masse salariale, augmenter la rentabilité.
Samantha Bailly poursuit sa narration originale à deux voix : celles d’Ophélie et d’Arthur s’alternent toujours à chaque chapitre. Ils approchent la trentaine et ont radicalement évolué depuis leur période de stage il y a cinq ans : Ophélie a fait une croix sur l’engagement amoureux alors qu’Arthur s’est lassé de son papillonnage adultérin…
C’est un peu le sens du titre Indéterminés comme la référence au CDI mais aussi cette période d’entre-deux où l’on recule comme on peut face à l’engagement professionnel, l’engagement conjugal…
Ce roman est aussi une critique subtile et précise de l’entreprise : Ophélie sacrifie beaucoup de son temps, de sa personne pour son poste mais en retour, son entreprise ne lui assure aucune sécurité malgré son CDI.
Bon nombre d’articles de société jugent les employés de la génération Y comme versatiles, opportunistes et peu attachés à l’entreprise dans laquelle ils restent peu.
Ce n’est pas le cas des personnages de Samantha Bailly comme Ophélie ou encore Alix qui s’impliquent personnellement dans leur travail avec conscience professionnelle.
Le discours du directeur éditorial de Pixis qui veut profiter de la naïveté de deux jeunes illustratrices de manga talentueuses m’a rappelé la récente lutte #Paye ton auteur à Livre Paris.
Samantha Bailly est présidente de la charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, elle a mené avec d’autres auteurs une intense bataille médiatique sur les réseaux sociaux pour défendre les droits des auteurs à Livre Paris.
Autant, avec ce premier volume, Samantha Bailly décrivait une période de la vie de tout jeune diplômé, autant Indéterminés montre la solitude et la pression d’employés qui ont affronté la précarité économique le temps d’un stage, se sont pliés à toutes les exigences de leurs supérieurs pour décrocher un contrat de travail et qui continuent de vivre dans la peur de perdre leur emploi s’ils haussent un peu trop la voix ou s’ils ne veulent pas bafouer leurs valeurs professionnelles.
C’était vraiment un excellent moment de lecture, que je vous recommande. Je vais même aller chercher en librairie le tome 2 A durée déterminée tellement j’aime ces personnages et leurs questionnements personnels.
Samantha Bailly est une auteure à suivre car comme Marie-Aude Murail, elle sait décrire les sentiments contradictoires que ressentent ses personnages dans une même phrase et apporter aux lecteurs des portraits psychologiques passionnants.
Je sais qu’une adaptation cinématographique est en négociation tant ce roman est passionnant : il arrive à rendre romanesque le stage en entreprise, c’est dire ! Dans mon imagination de lectrice , je voyais bien Alix sous les traits de Marilou Berri et Arthur Dupont pour jouer Arthur. Par contre, Ophélie est une énigme pour moi. Et vous qu’en pensez-vous?
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