Profession prêtre

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C’est à travers un article dans l’hebdomadaire La vie en avril 2017 que j’ai connu l’histoire de David Gréa, un prêtre lyonnais qui a décidé de se marier . Je m’étais réjouie pour ce couple que je connaissais pas. Je me suis dit que c’était une bonne nouvelle que ce prêtre connaisse ce bonheur, au grand jour.

Six mois plus tard, je rencontre Magalie et David Gréa dans un week-end communautaire de ma paroisse.

Dans mon blog Le bal littéraire des sardines, j’affectionne aussi les essais qui questionnent la société actuellement. Cette autobiographie est l’un de mes coups de cœur littéraires de ce printemps pour son style très agréable à lire, les questions que l’auteur soulève et son talent à décrire le portrait d’une France catholique qui croit toujours en Jésus en 2018 avec foi et ferveur.

Ce sont les Arènes, une maison d’édition grand public qui a publié le livre de David Gréa. Cet éditeur donne la parole à un croyant qui cite la Bible, explique l’importance de la prière dans sa vie et raconte au grand public en quoi la messe est vivante !.

J’aime beaucoup leur ligne éditoriale puisque j’ai déjà chroniqué trois livres publiés récemment aux éditions Les Arènes : Le secret d’Adèle, Was ist das et London out of the box. C’est un bon choix d’éditeur car ce livre s’adresse au grand public, en dehors de nos milieux chrétiens.

Je suis persuadée que le prêtre a un véritable rôle de médiateur dans la société actuelle et c’est d’ailleurs le sujet central de ce livre : le récit d’une expérience spirituelle et professionnelle de dix-sept ans au service des autres.

Une vie nouvelle

Prêtre, marié, heureux

Père David Gréa,

avril 2018. Les Arènes

288 pages. 18€

Disponible à la librairie 7ici,

48 rue de Lille 75007 Paris

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Le résumé :

Avril 2017, les journaux et les radios d’informations nationaux font leurs gros titres d’un événement privé et personnel. David Gréa, prêtre médiatisé de l’église Lyon centre en pleine croissance, est contraint de quitter précipitamment sa paroisse à l’approche de son mariage civil avec Magalie.

Cette autobiographie retrace le parcours d’un homme qui a réussi avec toute une équipe de laïcs et un groupe de louange pop Glorious à opérer un véritable renouvellement générationnel dans son église en adaptant le langage religieux à ce que vivent leurs paroissiens quotidiennement.

Ce livre n’est pas un manifeste contre le célibat de tous les prêtres, il raconte une expérience personnelle qui démontre que les bancs des églises catholiques sont loin d’être vides en 2018.

Mon avis : 

J’aime beaucoup les autobiographies surtout quand elles sont bien écrites. C’est le cas de ce premier livre, ce n’est jamais évident de se raconter. David Gréa y parvient très bien dans un style fluide, empreint d’humilité et de grande sincérité.

Né juste après Mai 1968, enfant de la génération X, il raconte sa construction intellectuelle et spirituelle, héritée de son éducation issue du catholicisme social de ses parents dans la région de Lyon.

Lyon, c’est la ville d’où est partie la fameuse marche des beurs en 1986 avec le prêtre ouvrier Christian Delorme, interprété à l’écran par Olivier Gourmet dans le film La marche avec Jamel Debbouze. Ce film m’a marquée par la fraternité qu’il dégage.

David Gréa a été lui aussi un éducateur dans les quartiers populaires de Lyon, il s’attache à décrire avec vérité le quotidien d’un prêtre confronté directement à la réalité sociale, celle d’une société qui ne fait pas de cadeaux aux plus faibles.

Le prêtre apporte du lien social là où il n’y en a plus, il tente de pallier aux manquements des institutions, de s’adapter à la montée de l’individualisme dans les paroisses et parfois, il s’épuise.

J’ai beaucoup aimé ce livre qui raconte avec vérité les joies mais aussi les difficultés que rencontre un prêtre. La croissance de son église est très motivante mais elle demande beaucoup d’efforts d’engagement personnel pour écouter les paroissiens, les accompagner dans leurs difficultés ou se réjouir avec eux lors des baptêmes et des mariages, mais le soir, le prêtre se retrouve seul dans le presbytère.

David Gréa a dû se battre contre la solitude durant de longues années et son récit suscite beaucoup de compassion. Ce livre n’est pas un manifeste militant pour le mariage des prêtres même si c’est l’un des sujets centraux du livre. David Gréa raconte avec beaucoup d’estime l’écoute bienveillante de ses supérieurs, le cardinal Barbarin qui lui facilitera une entrevue avec le Pape François.

Un tribunal ecclésiastique lui a demandé de ne plus exercer son ministère de prêtre comme il s’est marié. L’une des forces de ce livre est de ne pas tomber dans le piège du livre à charge contre l’Eglise bien que ce témoignage mette en lumière l’absurdité des dogmes : exiger le célibat des prêtres est une règle mais pas une tradition biblique.

J’ai beaucoup aimé les citations de la Bible en début de chaque chapitre, elles expliquent aux lecteurs en quoi bon nombre de chrétiens comme David Gréa ou moi même, puisent dans la Bible des réponses à leurs questions, leurs choix de vie aujourd’hui.

Ma note : 5/5 sardines

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C’était une lecture passionnante à mi chemin entre l’autobiographie et l’essai de société. J’ai apprécié le fait que l’éditeur ne soit pas un éditeur chrétien spécialisé pour que ce livre touche un public beaucoup plus large. C’est un témoignage passionnant qui éclairera chacun sur les spécificités de la vocation de prêtre aujourd’hui.

Plus de six mois plus tard, l’expérience bullet journal continue

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A l’occasion de mes trente ans, je me suis lancée dans l’expérience du bullet journal. Cela me démangeait comme une piqûre de moustique pendant l’été, j’ai filé au BHV m’acheter un carnet Leuchtturm 1917 car Sennelier situé à côté de mon travail n’en avait pas et je m’y suis mise…

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Plus de six mois plus tard, mon carnet n’est définitivement pas un bullet journal et je vais t’expliquer pourquoi…

Un bullet journal c’est un carnet où tu compiles toutes tes informations primordiales, où tu passes beaucoup de temps avec une règle à tracer des cases et écrire des dates… Et ça m’énerve beaucoup, les agendas sont tellement plus pratiques…. Alors, moi j’ai vraiment personnalisé mon carnet.

J’ai rapidement mis à la trappe tous les trackers, les monthlys et les dailys pour ne retenir que le meilleur du bullet journal : les petits doodles pour illustrer mes meilleures sorties à Paris, l’étagère de livres dessinée pour faire le point sur les livres que j’ai lu ce mois ci, calligraphier mes titres avec mes feutres pinceaux…

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Alors si tu as envie de te lancer dans cette aventure bullet journal mais que tu as peur de te retrouver devant une page blanche ou que tu ne sais pas par où commencer, voici quelques conseils.

Tout d’abord le matériel :

Le carnet

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Leuchtturm ou Moleskine?

J’ai les deux mais la qualité du papier du Leuchtturm est supérieure quand on veut dessiner au feutre et leurs couvertures colorées sont beaucoup plus joyeuses mais j’aime bien aussi choisir un carnet sans lignes et rigide à la boutique Moleskine de la gare Saint Lazare.

Ensuite le grand débat : pages toutes blanches, à lignes ou à pointillés?

Toutes les afficionadas du bullet journal sont catégoriques : il faut des pointillés pour pouvoir tracer ses cases mais ce n’est pas du tout pratique pour écrire ses avis sur des livres, des films, des musées que j’ai bien aimé alors je privilégie les lignes. Je reconnais que quand j’ai reçu Mon bullet avec Bulle dop, édité par Flammarion jeunesse, je me suis bien amusée avec le carnet à points offert avec le livre mais c’est vite très fastidieux.

Les feutres

Il faut que ça soit des feutres pinceaux, pas forcément aquarellables, si tu n’es pas une passionnée de calligraphie anglaise comme moi.

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Lyra ou Tombow ?

Toutes les booktubeuses qui parlent de bullet journal ne jurent que par les Tombow. Des coloris fantastiques, ils sont aquarellables… mais ils coûtent une blinde !!! Moi, je suis fan des Lyra, deux fois moins chers à l’unité mais ils sont de grande qualité. Le seul bémol est qu’il y a beaucoup moins de coloris que les Tombow. Je te recommande aussi les stylos à pointes fines d’Hema et aussi les Stabilos de Monoprix en feutres et en pointes fines. Lyra et Stabilo, deux valeurs sûres…

Les masking tape et autres stickers décoratifs.

Je suis obnubilée par les masking tape, ils m’attirent comme des aimants. Des fois, je craque et je claque 3€50 au BHV ou à la papeterie de la rue de Belleville,à la station Pyrénées. Mais l’essentiel de ma collection vient d’Action où j’en trouve des géniaux pour 1€ les 3.
Sinon, j’aime beaucoup les stickers décoratifs d’Hema, la meilleure adresse de papeterie à petit prix.

Le contenu des doubles pages

J’ai joué le jeu pour un court temps des monthlys log et autres trackers quand j’ai testé le livre de Bulle dop de conseils bullet journal mais je m’en sers pas et c’est vraiment trop chronophage…

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Alors je me concentre sur trois double pages auxquelles je me tiens fidèlement.

Chaque mois est illustré par un petit dessin : un crayon pour septembre, un potiron en octobre, un coquelicot rouge pour novembre, des montagnes enneigées en janvier, des martiens de Toy story pour mars, des poissons d’avril, un brin de muguet en mai…

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Ensuite, sur cette double page du mois, j’écris toutes les sorties sympas que j’ai fait dans le mois comme un journal de souvenirs. J’y colle des illustrations que je trouve dans un journal gratuit lifestyle que j’aime beaucoup lire le lundi matin avant d’aller travailler : A nous Paris

Ma deuxième double page est consacrée à l’étagère dessinée de livres lus dans le mois que j’adore remplir, une pellicule cinéma avec les films que j’ai vu, les séries Netflix en cours et aussi les expos que j’aimerai voir, les bonnes adresses que j’aimerai découvrir…

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Enfin, la troisième double page est consacrée aux statistiques de mon blog et Instagram. C’est la double page la plus importante de mon carnet et elle me sert beaucoup. J’y définis mes idées d’articles, mon calendrier éditorial mais j’aimerai vraiment la rendre plus lisible et pratique pour développer mon blog. Work in progress…

Ce que j’aime le plus faire, ce sont les carnets de voyage : Budapest, la Bulgarie, l’Italie, Marseille, qui me servent alors de matière première pour un article de blog…

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Il y a d’autres pages que j’aimerai bien créer aussi mais ce qui est compliqué avec le bullet journal, c’est de se tenir à une habitude, j’aime pas trop passer du temps à créer une page si je ne m’en sers pas…

En ce moment, mon réel défi est de trouver une application pour me créer une PAL facile d’accès et d’utilisation. J’ai téléchargé Collibris mais ce n’est pas le top pour noter facilement dans quelle bibliothèque de la Ville de Paris je peux trouver mes livres facilement.

J’ai un petit carnet mais j’aime beaucoup voir les couvertures des livres et ce n’est pas le plus pratique. Si tu as une application top pour les PAL, je suis preneuse…

Je te laisse avec une vidéo de Bulle Dop qui m’a bien aidée quand j’ai démarré le bullet journal.

Jamais, la lutte contre l’érosion des souvenirs

Sa couverture est d’une grande beauté, son titre est très efficace. Je savais que je lirai rapidement cet album de BD Jamais après avoir vu un bandeau publicitaire dans Livres-Hebdo en janvier.

Et bien, j’ai été la toute première à l’emprunter à la nouvelle bibliothèque Assia Djebar dans le 20eme arrondissement. Bravo les bibliothèques de la Ville de Paris, encore bien joué !

J’ai lu l’avis de Fiona du blog My pretty books et j’ai eu à peu près les mêmes impressions qu’elle alors je vous les partage.

Jamais

Benoît Duhamel

Grand angle, Bamboo

60 pages en couleurs, 24 x 32 cm

15€90

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Le résumé : 

Troumesnil, une petite ville fictive de pêcheurs sur la Côte d’albâtre entre Fécamp et Dieppe avec son marché aux poissons, son café, ses falaises. Une vieille dame, Madeleine, 95 ans, aveugle de naissance, s’engage dans un bras de fer avec la mairie de son village, en dépit du bon sens.

Elle veut rester coûte que coûte dans sa maison, celle qu’elle a construit avec son mari Jules, un pécheur disparu en mer. L’érosion menace sa maison d’un éboulement imminent à cause de la canicule mais Madeleine s’en moque, elle s’accroche à ses souvenirs et à son chat Balthazar.

C’est une fable humoristique sur l’écologie qui fait la part belle aux paysages de la campagne du pays de Caux, le coin d’où vient le dessinateur et scénariste de cette BD, Benoît Duhamel.

Mon avis :

C’est un agréable moment de lecture mais ce n’est pas une histoire inoubliable. Le personnage de Madeleine est traité de manière trop caricaturale selon moi pour que je m’y attache. Pourtant, le dessinateur a été adroit pour raconter ses souvenirs avec des flash-backs subtils.

Mais l’aspect irréductible gauloise qui résiste à l’envahisseur prend trop le dessus. Dès les premières planches au marché aux poissons, les références à Astérix, l’oeuvre BD de Goscinny et Uderzo sont assumées.

Et j’ai bien aimé cela,  mais le scénario manque vraiment de profondeur, le seul suspense est le suivant : la falaise va t’ elle oui ou non s’ effondrer et emporter Madeleine et son chat avec elle?

J’ai aussi bien apprécié le rôle du pompier noir Ouedraogo qui joue le rôle de médiateur mais c’est vraiment un rôle secondaire, pas assez développé dans l’histoire à mon  goût.

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La vraie richesse de cet album, c’est le dessin de l’élément naturel. On s’y croit et moi je connais ces endroits. Cela m’a ramenée à Criel sur mer et ses plages de galets, les maisons condamnées par la mairie en bord de falaise, je les connais bien. Ou alors les valleuses près de Fécamp et leurs escaliers impressionnants.

Ce ne sont pas les coins les plus touristiques, même en été, vous n’y croisez pas foule mais vraiment ça vaut le détour, ce sont des paysages de cartes postales.

J’ai eu la bonne surprise de retrouver la pataugeoire de la plage de Criel sur mer, photographiée par Raymond Depardon dans un magnifique recueil de photographies en couleurs. Il a photographié la France périphérique, celle qui ne se trouve pas dans les grands axes mais en bordure, qui nécessite un détour….

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Extrait du catalogue d’exposition La France de Raymond Depardon, BNF.

Ma note : 3/ 5 sardines

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Je donne à cet album BD la note de trois sardines car je trouve que le dessin tellement expressif de la nature en bord de mer compense les faiblesses de scénario. C’est jovial, on se retrouve à la campagne se prendre une bouffée d’air frais.

J’ai beaucoup aimé le making-off d’une dizaine de pages à la fin de l’album, il montre les esquisses préparatoires du dessinateur pour le chat Balthazar, la couverture du livre… Au début, dans les pages de garde, vous pouvez scanner une vidéo de musique électronique autour de l’album. La BD attire les autres disciplines…

Si vous aimez les grandes étendues naturelles en bord de mer ou en pleine nature, je vous recommande l’exposition prochaine de mon ami Peter Morris. Il exposera du 25 au 28 mai aux Ateliers d’artistes de Belleville, dans le temple protestant, 97 rue Julien Lacroix, Paris 20eme de 14 heures à 20 heures.

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Marie -Aude Murail, ma référence dans le domaine de la littérature young adult en France

Au dernier salon du livre de Paris, j’ai assisté à une conférence vraiment géniale : Marie-Aude Murail répondait pendant plus d’une heure aux questions de ses lecteurs les plus fidèles.

Quand je suis en panne de bons romans (je suis très très difficile en termes de littérature), je vais piocher dans sa bibliographie et je ne suis jamais déçue.

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Je crois que c’est même le roman de Marie-Aude Murail qui m’a vraiment le plus touchée par son talent à comprendre la profondeur complexe, toutes les nuances des sentiments humains :

Papa et maman sont sur un bateau

Marie-Aude Murail

Collection Medium, L’Ecole des loisirs

2009 – 294 pages

11,20€

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Ce livre, je l’ai repéré sur les étagères de la bibliothèque Sorbier, près de Gambetta, c’est ma réserve de bons romans en grand format.

J’aime beaucoup leur travail de lecture publique très actuelle avec leurs animations sur leur page Facebook avec leur mascotte Mamy geek : ils organisent des clubs de lecture, de crochet, font appel à des auteurs, des booktubeuses comme Audrey du Souffle des mots, bref ils sont vraiment à la page de la lecture 2.0.

Revenons à mon coup de cœur lecture d’avril.

Au premier abord, j’ai trouvé le titre un peu nul, surtout pas très efficace mais la 4eme de couverture m’a convaincue : j’aime les histoires de familles ordinaires, les problèmes existentiels des adolescents autour du thème de l’identité… Bingo !

Ce roman annonce une trilogie que j’ai dévoré en moins de trois semaines : Sauveur et fils, publiée sept ans plus tard. Moi aussi, j’en viens à me poser des questions existentielles grâce à Marie-Aude Murail.

Pourquoi est-ce que je n’aime que les romans ultra réalistes? Pourquoi il m’est carrément impossible de lire de la littérature fantastique, imaginaire?.

Je pense avoir un premier élément de réponse : j’aime comprendre comment fonctionnent affectivement les gens, ça me passionne. C’est pour cette raison que j’ai suivi un cursus d’anthropologie sociale et culturelle de l’Europe, que je suis profondément citadine, j’aime voir vivre les gens, les étudier.

Le résumé :

C’est le récit d’une vie de famille en province. La vie professionnelle empiète beaucoup sur la vie familiale chez les Doinel car c’est le travail qui tire les cordons de la bourse et ça les intraitables managers hollandais le savent bien.

Marc Doinel est chef d’entreprise d’une petite société de transport qui emploie des bras cassés, des éclopés de la vie qui essayent de maintenir leur barque pour ne pas partir à la dérive… Doinel est leur capitaine dans cette tempête : le plan social qui broie les compétences sur son passage, qui souffle comme un ouragan sur leur fragile équilibre basé sur la main tendue, l’entraide.

Nadine, sa femme, est institutrice de petite section de maternelle. Flanquée de sa vassale, Rolande qui officie comme Atsem, elle mobilise ses nombreuses années de métier pour capter l’attention des tout-petits avec ses comptines éducatives mais se retrouve bien démunie face aux situations difficiles de ses petits élèves à l’image du petit Jules, élevé par une maman célibataire.

Ils ont deux enfants : une fille et un garçon, Charlie et Esteban qui ne voient pas beaucoup leurs parents réunis le soir. Cela ne les empêche pas de développer leur propre personnalité : ils parviendront à se construire affectivement et intellectuellement face aux questions de genre et le fléau du harcèlement scolaire, les grands défis de bon nombre de cours de récréation aujourd’hui…

Mon avis : 

J’ai vraiment adoré ce roman. Il m’a tenu en haleine toute une semaine. J’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire au début car la structure familiale n’était pas simple à cerner, et c’était volontaire de la part de l’auteur.
On assiste à un dialogue entre les deux parents seulement à la page 80, c’est dire ! . Mais ensuite, on s’attache énormément au personnage de Marc Doinel, son pouvoir de séduction mais aussi ses doutes personnels, comment va – t il arriver à mener son équipe sans les trahir?.

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Les scènes quotidiennes dans la classe maternelle sont aussi finement étudiées, elles révèlent mille et uns petits détails sur les relations humaines. Par ailleurs, Marie- Aude Murail est une fine observatrice de la vie adolescente au collège à travers la relation naissante entre Aubin et Charlie.

Ce livre parle du couple, du monde de l’entreprise. Il critique un mode de vie absurde, un système qui aliène les gens parce qu’ils ont un crédit sur le dos, des factures à payer….

C’est un rêve secret qui unit cette famille sans se le dire vraiment : un court article dans Psychologies magazine qui ouvre l’horizon sur la possibilité de vivre dans une yourte mongole, en retrait….

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C’est une chronique de la vie ordinaire menée tambour battant, avec des choix à faire et de multiples rebondissements.

Ma note :

6/5 sardines

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A situation absurde, je mets une note absurde. Marie-Aude Murail donne tout son sens à la littérature young adult qui occupe le devant de la scène de la librairie mondiale actuellement.

Ses romans s’adressent aux jeunes à partir de 16 ans comme aux adultes pour leur donner des occasions de se questionner sur le sens à donner à sa vie, quelle place donner au travail et comment s’en libérer pour ne pas passer à coté des choses importantes.

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Marée humaine à la plage, un véritable théâtre social

Le week-end dernier, nous étions à Marseille (ma ville de cœur) goûter aux joies du farniente le long de la corniche Kennedy car la plage des Catalans m’appelait de sa douce voix de sirène… (c’est mon endroit favori à Marseille…).

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Les bains militaires de l’anse de Malmousque

Je vous recommande le voyage avec le bus 83 depuis le rond-point du Prado, c’est vraiment formidable…

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Moi, j’aime beaucoup les productions des artistes marseillais autour de l’identité de leur ville. J’avais découvert une fois précédente les superbes stickers de Sardo Marsiho qui a eu la grande gentillesse de m’en envoyer quelques exemplaires. On se reconnaît entre sardines !

J’étais donc à la recherche d’autres objets dérivés de sardines, et là j’ai eu un vrai coup de cœur pour les baigneuses de Cécile Colombo au magasin Les toiles du large dans les arcades de la cathédrale de la Major, non loin du MUCEM.

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Copyright Cécile Colombo

Elles s’appellent Martine, Mireille, Yvonne, Nicole ou encore Margot comme la grand-mère marseillaise de l’artiste.

Elles portent des maillots de bain une pièce aux imprimés très graphiques, on dirait qu’elles sont en tenue de soirée avec leurs colliers et leurs chapeaux. Elles sont toujours coquettes car la plage est un théâtre social même quand on est bien en chair et qu’on a dépassé la cinquantaine.

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Ce sont les Marseillaises de l’enfance de l’artiste. Au début, elles ont inspiré des illustrations de recettes de cuisine éditées par Équinoxe, puis Cécile Colombo a décidé de les amener à la plage pour décorer des toiles mais aussi des assiettes de céramique et surtout des sacs en toile de voile en partenariat avec la boutique Les toiles du large.

A la plage, toutes les inégalités sociales disparaissent, on vient tous pour la même chose : se délecter des plaisirs du bain pourtant on met en scène son corps, son bronzage, son allure… C’est ce que j’ai retenu de mes études d’anthropologie sociale et culturelle de l’Europe avec les conservateurs du MUCEM.

Ces baigneuses m’ont beaucoup plu car elles sont les témoins d’une époque révolue ou non, d’une certaine classe populaire, celle que l’on ne remarque pas. On ne se retourne pas sur leur passage comme devant des petites jeunes en bikini mais elles sont tellement attachantes dans leur simplicité et leur sophistication recherchée. Cécile Colombo a peint une autre beauté.

Pascal Rabaté a un peu la même démarche dans le domaine de la BD puisqu’il aime chroniquer la vie des gens ordinaires dans ses albums : Les petits ruisseaux, La Marie en plastique ou encore Vive la marée. Il est aussi réalisateur de films et adapte au cinéma ses BD: Vive la marée est le scénario du film Ni à vendre ni à louer.

Vive la marée

Pascal Rabaté

Futuropolis, 2015

120 pages

20€

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C’est un album atypique sans personnages principaux. Pascal Rabaté raconte une saison estivale au bord du littoral atlantique à travers une galerie de portraits : des estivants d’un jour ou des vacanciers annuels, des locaux …

Le rythme est soutenu, il suit celui des voitures sur l’autoroute ou du train remplit de valises et de bouées…

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On suit les personnages le temps d’une anecdote très brève au fur et à mesure que le soleil tourne sur la plage ou que la marée monte. C’est la prouesse technique et narrative de cet album : on sent que l’élément naturel reprend sa place sur le théâtre social qui se joue à la plage.

Les citadins reviennent à l’état sauvage à l’image de l’enfant ou du père de famille qui cherche un crabe sous les rochers…

C’est un album très réussi à l’image de sa couverture un peu étrange qui remet bien en place toutes les stratégies humaines pour mettre son corps en valeur sur la plage : tous égaux face à l’inertie des corps sous l’eau !

En attendant l’été, je vous recommande d’autres lectures qui théorisent la plage comme les essais de Jean-Didier Urbain et de Jean-Claude Kauffmann ainsi que la BD Saison morte.

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Moi, je retourne rêver que je suis au bord de la plage des Catalans…