Charlie, monte le son ou la préadolescence 2.0

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Comme j’ai fini de regarder ma série favorite Call the midwife, j’errais comme une âme en peine sur la plateforme de Netflix car je suis très exigeante pour choisir une série. J’aime les séries historiques avec de solides portraits psychologiques des personnages, un scénario qui tient la route pour décrire la société de l’époque… Bref, il faut que je sois accrochée à l’intrigue le temps de trois, quatre ou cinq saisons au moins.

Force est de constater que ce sont les séries anglaises qui ont ma préférence : ils ont de très bons acteurs qui ont souvent une formation théâtrale comme Kate Winslet par exemple, ils savent construire des histoires passionnantes autour de l’aristocratie anglaise et de la famille royale (The Crown) et ils ont une élocution british très agréable à suivre en version originale sous-titrée (ils ne mangent pas leur mot comme leurs cousins américains)

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Idriss Elba est l’un d’eux. Je n’avais vu aucun de ses films auparavant, je l’ai découvert lors du mariage du prince Harry et de Meghan Markle. Il a un visage de cinéma très expressif un peu comme Jean Dujardin, capable de jouer une comédie comme un drame. D’ailleurs, c’est tout l’intérêt de cette série Charlie, monte le son dont il est l’initiateur. Il est le héros d’un rôle totalement à contre-emploi : nannie d’une petite fille riche.

Le résumé :

Charlie Ayo est un trentenaire londonien d’origine nigériane. DJ ayant connu son heure de gloire, il a disparu des spotlights par excès de confiance en abusant de la drague et de la drogue. Son meilleur ami David, acteur célèbre aux Etats-Unis revient à Londres avec femme et enfant pour apporter une stabilité familiale à leur petite fille Gabrielle.

Mais la carrière florissante de sa femme Sara, DJ international n’est pas compatible avec une vie de famille. Son staff composé de femmes ambitieuses : Astrid, sa manageuse, Tommy son second empêchent tant bien que mal l’épanouissement d’une relation mère/ fille de qualité.

C’est finalement Charlie Ayo, ce grand black musclé aux faux airs de Maître Gims, qui va apporter amour et stabilité à cette petite fille de dix ans Gabrielle. Elle est totalement imbuvable car délaissée par ses parents. Charlie va t’il l’aimer d’une manière gratuite et désintéressée ?

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Mon avis :

C’est une série assez gonflée et très contemporaine qui joue sur l’inversion totale des rôles. Avec Turn up Charlie, ce sont les femmes qui ont le pouvoir. Sara a plus de notoriété et d’argent que David, son mari. C’est grâce à elle que Charlie pourrait relancer sa carrière.

Les femmes qui gravitent autour d’elle ont bien compris l’emprise qu’elles peuvent avoir sur les hommes et elles ne s’en privent pas. Alors que le personnage de Sara est plus étoffé, elle cherche à être une bonne mère et culpabilise quand elle se plante avec sa fille : quand elle loupe la rentrée des classes parce que ses mauvais génies Astrid et Tommy lui font comprendre qu’avoir un enfant c’est naze.

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Copyright Netflix

J’ai ainsi (re)découvert l’actrice Piper Perabo, une très jolie fille qui porte de superbes tenues et coiffures branchées dans cette série. Sa beauté m’a vraiment fascinée. Son visage ne m’était pas complètement inconnu puisque je l’avais déja vue dans Coyote Girls (j’ai honte !), un médiocre film des années 2000 que l’on préférait oublier : des jeunes Américaines qui pensent revendiquer le girl power en dansant sur un comptoir de bar.

Avec cette série, on voyage entre Londres et Ibiza dans les derniers épisodes. Le manoir où habite la famille de Gabrielle est vraiment impressionnant avec son immense sauna. Charlie l’emmène dans le Londres underground aux écuries de Camden et j’ai beaucoup aimé l’épisode où la plupart des personnages passent le week-end au festival Latitude avec leurs bottes en caoutchouc et leurs pass VIP. Cela m’a rappelée le film Bridget Jones ‘s baby.

J’ai beaucoup aimé la manière dont cette série se moque des artifices du monde de la nuit et la notoriété qui fait perdre le Nord à Sara et David. Charlie et sa tante Lydia avec ses proverbes bibliques ont beaucoup plus les pieds sur terre et apporteront de la stabilité affective à une petite fille qui doit déposer ses bagages aux quatre coins du globes en fonction des tournages de son père ou des concerts de sa mère.

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Copyright Netflix

La notoriété de ses parents privent Gabrielle d’une enfance protégée, son téléphone portable l’a fait définitivement basculer dans le monde des adultes indépendants et ce n’est pas forcément une bonne chose.

Cette série raconte sur le ton de l’humour les mauvais exploits d’une petite fille riche qui se méfie des adultes et on ne peut s’empêcher de penser au destin terrible de Drew Barrymore, enfant star de Hollywood qui enchaîna les cures de désintoxication à partir de treize ans.

Une grande partie du succès de cette série repose sur les épaules de la petite Frankie Hervey, une jeune actrice britannique qui doit avoisiner les dix ans mais pas plus. Elle est touchante avec son petit air d’ Hermione Granger en uniforme scolaire. On lui donnerait des baffes quand elle appelle Charlie « Bitch » ou qu’elle manipule ses parents en les montant l’un contre l’autre.

Qui sont les véritables préadolescents dans cette série?

Ma note : 4/5 sardines

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Cette série de huit épisodes de vingt minutes chacun se regarde d’une traite. Au début, on est scié par l’audace de cette petite fille culottée qui arrose tout le public de sa maman en boite de nuit pour susciter son attention.

Le scénario connait quelques faiblesses : j’aurai aimé que la relation de complicité improbable entre Charlie et Gabrielle soit plus développée car c’est le thème central de la série. Mais on passe tout de même un bon moment de divertissement avec cette série qui caricature le monde de la nuit et l’accès toujours plus précoce des enfants aux réseaux sociaux.

Gabrielle est une crack d’ Instagram,You tube et compagnie mais elle est terrorisée de n’avoir aucun vrai ami réel avant de rencontrer Hunter, un mauvais garçon de son école.

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Les salons du livre ce printemps à Paris

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Depuis plusieurs années, je vis un sérieux désamour pour le salon du livre de Paris. L’an dernier, j’y suis allée uniquement pour la géniale conférence de Marie-Aude Murail, mon auteure de littérature favorite.

Mais j’ai rapidement pris la poudre d’escampette face à la foule qui se pressait aux stands Albin Michel et Jean-Claude Lattès pour les dédicaces d’Amélie Nothomb et du premier ministre Edouard Philippe.

Les dédicaces de plus de 2000 auteurs réunis à Paris, voici le principal intérêt selon moi de Livre Paris. J’aime aussi les thèmes de leurs conférences mais la polémique de Paye ton auteur l’an dernier m’avait bien refroidie. Je trouve que c’est un salon fourre-tout, trop grand et qui a perdu son état d’esprit. J’ai été libraire exposante à quatre reprises et je trouve que faire payer un droit d’entrée aussi élevé nuit à la vente de livres.

Alors je me suis recentrée sur la valeur refuge : les salons du livre thématiques où chaque auteur est traité à la même enseigne, qu’il soit un vendeur de best-seller ou une petite plume qui débute dans le milieu. Un beau salon du livre, c’est un salon fait main, artisanal avec des petites tables et des tréteaux : revenons aux fondamentaux !

Je vous ai donc préparé une petite sélection de salons du livre moins médiatisés que Livre Paris mais tout aussi sympathiques.

Le salon du roman historique de Levallois Perret, 31 mars 2019

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J’ai découvert ce salon en allant interviewer les auteurs du roman graphique John Bost, un précurseur de la Boite à bulles. Ce salon se passe dans les salles magnifiques de l’hôtel de ville de Levallois-Perret où le maire reçoit aussi les visiteurs.

C’est une très belle programmation thématique organisée par genres littéraires : les romans, les BD avec de nombreux auteurs connus et plus spécialisés, le nombre de conférences passionnantes est impressionnant… Cette année, un hommage sera rendu à Marceline Loridan-Ivens, la camarade de détention de Simone Veil en camp de concentration. Elle a écrit le magnifique roman autobiographique Et tu n’es pas revenu, édité par Grasset. Ce livre émeut tous les Kubers à qui je le recommande.

J’aime aussi beaucoup l’ambiance de ce salon qui fait la part belle aux commerçants de la ville : la buvette propose des pâtisseries et des thés originaux, le salon est organisé pour valoriser le chiffre d’affaires des librairies de la ville.

En effet, on ne peut pas venir avec son propre livre, il faut l’acheter sur place pour le faire dédicacer. J’ai trouvé ça un peu contraignant au début mais c’est finalement assez logique. Dernier atout de ce salon thématique : l’entrée est gratuite.

48 heures BD en Seine, quai Anatole France – port de Solférino, Paris, 6 et 7 avril

C’est une initiative nationale récente qui me plaît beaucoup. Elle propose plus de 200 000 albums de BD à 2€ dans plus de 1500 librairies avec près de 350 événements organisés en France et en Belgique.

J’irai donc découvrir cette manifestation littéraire qui m’attire bien et je vous raconterai mon expérience. Je trouve que c’est une excellente idée de proposer des BD à un prix très accessible car les romans graphiques sont assez chers et moi je les dévore rapidement ! Il faut aussi savoir que la BD est en train de détrôner la littérature, en première place des achats de livres. Et ça c’est une très bonne nouvelle !

D’autres salons littéraires à découvrir en prenant le RER ou bien le train :

Saint Maur en poche à Saint Maur les Fossés, fin juin chaque année

Le festival international de la BD d’Angoulême, fin janvier chaque année.

Étonnants voyageurs à Saint Malo, début juin

La foire du livre de Brive la Gaillarde, début novembre

 

Les meilleurs spots de l’Ardèche

Viens faire un tour sur le plateau ardéchois...

Dernièrement, j’ai écrit un article sur les meilleurs spots de la Drôme à l’occasion de la sortie du film biographique consacré au facteur Cheval à Hauterives.

Décidément, le cinéma est inspiré par la Drôme puisque le prochain film de Benoît Poelvoorde, Raoul Taburin a un secret (adapté des dessins du génial Sempé) a été tourné en Drôme provençale  : j’ai reconnu direct les vieilles pierres et les couleurs ocre des Barronnies.

Comme j’ai la double nationalité « dromardéchoise », je t’invite à enjamber le Rhône quand tu arrives à la gare de Valence pour venir en Ardèche.

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La vue sur l’Ardèche depuis le belvédère du musée de Valence

Aux pieds du château de Crussol, une ruine médiévale, se trouvent des vignes qui délimitent les fameux coteaux du Rhône : Saint-Péray, Cornas, Tain l’Hermitage… Certes, il y a du bon vin mais aussi de délicieux chocolats à l’usine Valrhona, un salon du livre de référence et une foire à l’oignon ancestrale à Tournon …

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Une escale à Privas avant de prendre la route de montagne qui mène aux sources de la Loire, à la limite de la Haute-Loire et de l’Auvergne.

Les marrons glacés Clément Faugier, Privas

Mon arrière-grand père nous a transmis des terrains dans la région de Privas avec des châtaigniers. C’est la tradition chaque automne de faire la récolte des châtaignes pour une bonne rôtie, le soir devant la télé ou avec la dinde le soir de Noël.

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Privas est l’adresse mondialement connue de l’usine Clément Faugier, un peu comme le Nutella de Ferrero et ses noisetiers en Italie. Ce sont les belles boites de crème de marrons que vous trouvez dans toutes les crêperies itinérantes. Je les aime tellement ces boites métalliques que j’en fais mes pots à crayons. Je vous recommande les fondants à la châtaigne, même s’ils sont difficiles à trouver hors de Privas.

Puis, il est temps de grimper en voiture pour rejoindre le col de l’Escrinet et le plateau ardéchois. Une quarantaine de kilomètres tout en virages et en paysages remarquables (quand tu vois le Mont Blanc au loin, c’est signe d’un temps de chien le lendemain) et l’odeur entêtante du genet en fleurs qui te donne la nausée.

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Le mont Gerbier des Joncs

En hiver ou bien en été, le trajet vaut toujours le détour. On est bien content quand on arrive à Lachamp-Raphaël près de la cascade du Ray Pic et que l’on reconnait au loin la silhouette du Mont-Gerbier de Joncs. C’est un coin d’anciens volcans, le point de départ d’un des principaux fleuves du pays : la Loire.

Si tu as la flemme de faire l’ascension du Mont-Gerbier de joncs, tu peux tranquillement te régaler avec une bonne glace aux myrtilles sur l’esplanade et aller dîner à l’hôtel Chanéac, le restaurant de ma grande famille depuis quatre générations. Julie Andrieu y est même venue interviewer ma grande-tante Elisabeth dans le cadre de son émission Les carnets de Julie sur France 3.

Alors certes, il n’ y a pas toujours le wifi, ni même de réseau tout court mais c’est là où tu peux voir le plus beau ciel étoilé, des éclairs qui découpent le panorama à 360 degrés, faire des parties de pétanque et de molky dans des résidences secondaires immenses avec un grand parquet au grenier pour danser la bourrée auvergnate avec mes quarante cousins à la Chave ou à Bourlatier, passer tout un après-midi à faire de l’escalade à Les Coux…

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Les chambres d’hôtes de Suchasson

Je te recommande la ferme de Suchasson, une table d’hôtes vraiment géniale (c’est mes cousins en plus) et leur compte Instagram qui te laissera rêveur, citadin empêtré dans la pollution parisienne.

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Jean-François et Pierre Chanéac, deux frères , restaurateur et agriculteur du Fin gras du Mézenc

 

Mieux que le salon de l’agriculture, j’ai des souvenirs géniaux d’enfance avec mon frère quand on allait à la traite des vaches le soir avec le pot à lait, ou alors qu’on les regardait traverser le village pour aller au pré en juillet.

Mon grand kiff c’est de cueillir des œillets des Chartreux par grandes brassées et de les dessiner à l’aquarelle, peinard tranquille dans mon jardin.

Notre point de chute pour les vacances, c’est Sagnes et Goudoulet, un petit village ardéchois avec de belles fermes aux toits de lauzes, de chouettes coins de baignade au bord de la Loire ou de la Padelle. Il y a aussi le lac d’Issarlès, 25 kilomètres plus loin. C’est un endroit très agréable pour faire de la planche à voile et du camping.

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Le lac d’ Issarlès

L’hiver, je te recommande la station de ski très familiale des Estables, la bonne adresse pour faire du ski de piste sans trop casser sa tirelire.

C’est un road trip bien moins touristique que les gorges de l’Ardèche avec ses canoës et son cagnard étouffant que je te propose. Pour aller sur le plateau ardéchois, si tu n’as pas une voiture, ce sera une aventure rocambolesque mais le dépaysement est garanti !

 

 

Astérix le gaulois a 60 ans cet année, l’éternelle locomotive de l’édition française

Cette année, c’est l’anniversaire d’un héros emblématique de la culture populaire française : Astérix. Ses albums servent de locomotive à toute l’économie du livre francophone quand une nouvelle histoire parait. Le 38eme album sortira le 24 octobre 2019, dessiné et scénarisé par le tandem Didier Conrad et Jean-Yves Ferri

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A l’heure où les studios de dessins animés comme Marvel, Pixar ou Disney rivalisent de techniques 3D en choisissant des super-héros, les enfants de 2019 continuent de lire les albums d’Astérix ou d’aller voir au cinéma les adaptations en dessins animés : Astérix et le secret de la potion magique, Le domaine des dieux… Des histoires qui remontent aux calendes grecques et qui continuent à plaire. Comme quoi les vieux druides et les Gaulois qui se réunissent aux banquets de sangliers à la fin de chaque aventure ne sont pas si ringards que ça !

C’est là l’expression de la transmission générationnelle autour du livre : nos parents lisaient Astérix et nous transmettront ces albums à nos enfants. Les chiffres témoignent d’un véritable phénomène de société : plus de 320 millions d’albums d’Astérix vendus dans 111 langues, 14 millions d’entrées pour l’adaptation cinéma d’Astérix et Cléopâtre réalisée par Alain Chabat

Astérix, le David français.

Si Astérix et son village plaisent tant aux Français depuis plus de 60 ans, c’est parce qu’il reflètent l’identité française dans ses traits les plus drôles. Goscinny, à grands renforts de calembours et autres gags, tire le portrait d’un monde gaulois qui résiste à l’envahisseur, c’est une parodie de l’Histoire de France.

Il joue avec les anachronismes entre la société antique et celle plus contemporaine des années 1960. L’exemple le plus flagrant (détaillé dans le dossier de presse de l’exposition Goscinny et le cinéma de la Cinémathèque) est la couverture de mon album favori Astérix et Cléopâtre. Elle s’inspire des péplums contemporains dont le célèbre film avec Elisabeth Taylor en 1963 : la pose à la romaine, le nez grecque, la police du titre…

Jules César, l’empereur romain triomphant est ridiculisé par un village d’irréductibles Gaulois qui possèdent une arme secrète : la potion magique. Astérix est l’ anti-héros typiquement français en opposition aux super-héros des comics américains. Il est petit, moustachu, flanqué d’un acolyte Obélix, qu’il doit raisonner comme un enfant.

Mais son portrait psychologique fait toute sa force : même quand il est vulnérable sans potion magique, son tempérament héroïque, sa bravoure et son sens de l’honneur sont reconnus et appréciés par ses lecteurs.

Au 19eme siècle , les arts que ça soit la peinture, la sculpture ou encore les objets d’art au musée d’Orsay ont revalorisé la place de Vercingétorix dans l’Histoire de France.

D’ailleurs, le prochain album d’Astérix conçu par Conrad et Ferri s’intéressera à l’expression souvent utilisée à tort et à travers : Nos ancêtres les gaulois.

Rendez- vous en octobre en librairies pour souhaiter un joyeux 60eme anniversaire à Astérix, le héros de BD le plus populaire de la francophonie.

Dans un prochain article, je vous parlerai de ma passion pour les dessins de Sempé, un autre collaborateur de René Goscinny, avec qui il publia Le Petit Nicolas. Ce chef d’oeuvre des cours d’école ( dans la même veine littéraire que les souvenirs d’enfance autobiographiques de Marcel Pagnol). Plus de 15 millions d’albums du Petit Nicolas ont été vendus.

Au mois d’avril, sort un film formidable avec Edouard Baer et Benoît Poelvoorde : Raoul Taburin a un secret, l’adaptation de l’oeuvre dessinée de Sempé, éditée par Denoël.

 

Un vendredi soir devant la cérémonie des Césars 2019

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C’est ma meilleure soirée de télévision chaque année : la remise des prix des Césars à la salle Pleyel sur Canal+. Je me régale toujours à regarder les belles robes haute couture des actrices, écouter les interviews des nominés tout en mangeant, avant la sonnerie qui marque le début de la cérémonie.

La cérémonie des Césars, cru 2019

Cette année, c’était Kad Merad, le maître de cérémonie. Je ne parlerai que de ce que j’ai bien aimé de sa prestation : les dix premières minutes d’ouverture avec trois ou quatre tableaux de comédie musicale en l’honneur de Queen et de Bohémian Rapsody. Il a été époustouflant en arrivant avec un faux sceptre-micro, une longue cape qui rappelait la démesure de Louis XIV ou celle de Michael Jackson pour interpréter ce pastiche très réussi de Freddie Mercury.

Malheureusement, ça se gâte au fil de ces trois longues heures, sous le regard parfois consterné de Robert Redford, l’invité d’honneur de cette année.

Robert Redford est l’un de mes acteurs américains favoris, je ne connais que la fin de sa carrière (il a plus de 80 ans) mais j’aime beaucoup sa sensibilité romantique quand le cinéma raconte l’une de ses histoires d’amour : L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux avec Kristin Scott-Thomas, Nos âmes la nuit avec Jane Fonda, deux adaptations de romans au cinéma.

Our Souls At Night

Our Souls At Night

L’Académie des césars plébiscite des drames sociaux cette année : Shéhérazade, Les chatouilles et Jusqu’à la garde.

Je n’irai sans doute pas voir ces trois films parce qu’ils sont d’une grande dureté : moi j’ai plutôt plébiscité Pupille, un beau film sur l’amour porté à un nourrisson confié à l’adoption.

Shéhérazade montre un petit couple d’ados à Marseille qui s’est foutu dans une sale histoire : elle fait le trottoir, lui récupère son gain mais il tombe aussi amoureux…

Les chatouilles raconte l’histoire vraie de la réalisatrice Andréa Bescond, qui a été victime d’un pédocriminel, dans son enfance, un ami de la famille. C’est tellement plus précis de parler de pédocriminalité et non de pédophilie.

Jusqu’à la garde est un drame : Léa Drucker et Denis Ménochet se retrouvent devant le juge aux affaires familiales pour se disputer la garde de leurs enfants. La juge lit une lettre terrible d’un petit garçon d’une dizaine d’années qui demande à ne plus jamais voir son père, est-il manipulé par sa mère ou veut-elle le protéger d’un homme violent ?.

La cérémonie des Césars récompense la plupart du temps un cinéma intello (moins que le festival international de Cannes) dans lequel je ne me reconnais pas toujours mais qui représente bien cette fameuse exception culturelle française.

C’est pour cela que les grands écarts avec la culture populaire qui remplit les salles de cinéma sont vraiment des moments gênants au cours de cette cérémonie. Un César du public pour les Tuche 3, c’est un peu fort de café. La comédie est le genre cinématographique le plus difficile à construire. Cette année, j’ai beaucoup aimé le retour de la famille Verneuil de Qu’est ce qu’on a encore fait au bon Dieu?.

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Copyright Arnaud Borrel

Souvent la comédie reçoit un accueil glacial le soir des Césars alors que ce sont les comiques qui font l’audience de la cérémonie.

Soit les remettants ou les lauréats font de grands discours élaborés sur l’art du cinéma, à l’image d’Alex Lutz qui cite Cioran : « Dans un monde sans mélancolie, les rossignols se mettraient à roter » Comprenne qui pourra… Ou alors les remettants essayent de faire rire un auditoire très exigeant et se prennent un four.

Car tout le monde n’a pas le génie d’ Elie Semoun qui marque les esprits chaque année. Déguisé en Tootsie pour recevoir Dustin Hoffmann il y a quelques années, il a osé tomber le peignoir de bain en référence à la comédie Le grand bain de Gilles Lellouche. Avec ses méduses, son ventre bedonnant et habillé par le Slip français, il est allé loin dans l’exhibitionnisme sans jamais tomber dans la vulgarité. Chapeau l’artiste !

Mes coups de cœur cinéma :

Pupille de Jeanne Herry (une jeune réalisatrice prometteuse dans un milieu essentiellement masculin) avec Elodie Bouchez, Miou-Miou, Gilles Lellouche (qui méritait le César du meilleur acteur).

L’incroyable histoire du facteur Cheval de Nils Tavernier avec Jacques Gamblin et Laetitia Casta.