Atypical, la série Netflix qui rappelle que chaque famille est atypique.

Le mois dernier, j’ai regardé d’une traite les huit épisodes de la première saison de la série U.S Atypical sur Netflix.

J’en avais entendu parlé via Télérama, mon référent séries pour Netflix mais ils avaient présenté cette série sous un angle assez caricatural : un adolescent autiste qui veut découvrir le sexe.

C’est bien le sujet de la série mais pas que cela : c’est le récit initiatique d’un jeune autiste qui est couvé comme un manchot de la banquise (sa passion) par ses parents et sa jeune soeur Casey. Il veut devenir adulte et il s’intéresse aux filles.

Il va découvrir avec moult quiproquo (tout l’effet comique de la série est dans ces décalages) les nuances sociales de l’amour et des relations en général. C’est une série très subtile et sensible qui nous questionne : qui est normal en fin de compte ?. Surement pas Zahid, l’ami complètement déjanté de Sam.

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Copyright Beth Dubber/Netflix

Le résumé :

Sam a 18 ans. Il vit dans le Connecticut avec ses parents Doug et Elsa et sa soeur Casey. Il suit une scolarité classique au lycée en terminale malgré son handicap. Là bas, il noue tant bien que mal des relations avec les autres élèves : sa petite amie Paige et surtout son ami Zahid qui est son collège au magasin d’électroménager où il effectue un petit boulot étudiant pour apprendre à gérer son argent.

Les scènes de cette série sont ponctuées par ses réflexions personnelles lors de ses séances chez sa psychothérapeute Julia, une jeune Sino-américaine très féminine qui l’aide beaucoup mais cela va déraper…

Mon avis :

Tous les personnages sont intéressants à étudier, il n’y a pas de seconds rôles. C’est ce qui fait la richesse de cette série. L’attention n’est pas focalisée sur Sam mais le sujet est bien de décrire les effets de l’autisme sur l’entourage, dans toute une famille avec ses difficultés particulières mais aussi sa grande richesse : la solidarité, l’entraide… Personne ne peut être individualiste dans cette famille.

Le personnage de la mère de famille Elsa, qui prend les choses à bras le corps pendant toute l’enfance de son fils et qui part à la dérive quand il cherche à acquérir son indépendance, fait toute la saveur de cette série.

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Copyright Beth Dubber/Netflix

Cela change des séries qui véhiculent l’image lisse des mères américaines en plein dans le perfectionnisme : elles préparent les lunch box, conduisent des mini van avec des mains parfaitement manucurées et tout au long du film ou de la série, on ne connait rien de leurs états d’âme. Même quand les scénaristes leur font péter les plombs dans des situations excessives, on est en plein dans la caricature superficielle qui n’apporte rien à notre réflexion.

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Copyright Beth Dubber/Netflix

Atypical est une excellente série car elle élabore les portraits psychologiques de ses personnages avec beaucoup de finesse. Le couple des parents est déséquilibré, on le voit dès les premières scènes de la série quand Elsa se confie à d’autres mères dans son groupe de parole.

Certains flashbacks expliquent les positionnements de chacun comme celui de la petite soeur Casey. Elle porte sur ses épaules le handicap de son frère même quand on ne lui demande rien. Elle se prend pour son sauveur, prête à se sacrifier et heureusement son frère se révolte en lui disant brutalement qu’il n’a pas besoin d’elle.

Ce n’est pas une série sur la découverte des premiers émois sexuels. Elle montre la possibilité de devenir adulte et indépendant quand on est autiste : gérer son propre argent, faire des études à l’université loin de ses parents alors que sa maman avait décidé depuis longtemps qu’il suivrait des cours par correspondance ….

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Je regarde cette série quelques mois après avoir lu une bande dessinée très efficace  La différence invisible qui expliquait déjà très bien les situations courantes qui mettent les autistes en difficulté : le bruit, la matière des tissus, ne pas maîtriser le second degré, parler sans filtre…

Les scènes où Sam perd pied dans le bus ou au lycée sont très réussies pour faire comprendre le malaise ressenti. Celle où Sam est agressé physiquement par la queue de cheval d’une jeune fille devant lui dans un stade est particulièrement parlante.

Ma note :

5/ 5 sardines

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Je trouve que cette série excelle dans l’étude des relations humaines : les réflexions très justes celles plus obsessionnelles de Sam sur ceux qui l’entourent donnent vraiment matière à réflexion, quelques jours après avoir vu un épisode. C’est le signe d’une excellente série.

Je ne regarde que des séries anglo-saxonnes sur Netflix : Charlie monte le son, The Crown, Call the midwife… qui ont une richesse d’écriture remarquable avec des personnages d’une grande subtilité psychologique  Alors que je trouve les séries françaises très limitées : le couple qui se délite et se retrouve, les faits divers…

Enfin, on a aussi des bonnes surprises avec Fais pas-ci, fais pas ça ou encore la série Marjorie sur France 2 que je viens de découvrir : l’histoire d’une coach de vie qui aide différents patients.

Atypical, Marjorie, autant de séries qui montrent que  le développement personnel, l’altruisme inspirent autant les spectateurs que les faits divers, les braquages et les super héros.

Sauveur et fils saison 4

Si comme moi vous aimez les séries ou les romans qui abordent le thème de l’alliance thérapeutique entre un psychothérapeute et ses patients, je vous invite à lire ma chronique de la série Sauveur et fils écrite par Marie-Aude Murail et publiée par l’Ecole des loisirs !

Mes précédents articles à propos des séries Netflix que j’aime regarder :

–  Charlie, monte le son

–  Call the midwife

–  The crown

Turn up Charlie

Venise n’est pas en Italie ou comment trouver une issue de secours à sa généalogie

Venise n'est pas en Italie

Je suis une inconditionnelle du jeu comique de Benoît Poelvoorde et Valérie Bonneton (il est belge, elle est du Nord, ils sont drôles par là haut, c’est évident). Alors quand j’ai su qu’ils jouaient ensemble dans l’adaptation du roman autobiographique Venise n’est pas en Italie, je l’ai noté dans mon bullet journal comme la sortie ciné à ne pas rater.

Et là stupeur et énervements, je me rends compte que moins d’une semaine après sa sortie en salles, il disparaît des rares écrans parisiens qui le projetaient. Heureusement, de petits cinémas intelligents de banlieue le projetaient encore mais j’ai jeté l’éponge cette fois-ci.

Je trouve cette uniformisation culturelle assez triste comme les derniers Marvel et autres Avengers trustent toutes les salles de cinéma à Paris et que trop de films sortent en même temps.

Alors, je lis le livre et après une centaine de pages, l’histoire aussi lente qu’un trajet avec une caravane, a pris un rythme de croisière qui m’a bien plu et m’a donné envie de vous en parler.

Venise n’est pas en Italie

Ivan Calbérac

Flammarion

2015

18€

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Le résumé :

Emile Chamodot a seize ans, il est amoureux d’une fille de son lycée, Pauline, qui l’invite à assister au concert de musique classique auquel elle participe à Venise. Emile et Pauline ne viennent pas du même milieu social.

Flanqué de ses parents un peu doux dingues et de son frère aîné un peu brutal sur les bords, Emile part pour un voyage initiatique dans la caravane familial à travers les Alpes. Choc des cultures garanti !

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Droits réservés Studio Canal

Mon avis :

Les cent premières pages ont été fastidieuses, j’ai sauté quelques chapitres pour y prendre goût avec l’arrivée du frère aîné dans l’histoire. Il s’appelle Fabrice, c’est un militaire aussi brute et simple qu’Emile est fluet et intelligent.

Les dialogues entre Fabrice et leur père sont savoureux, ils montrent très bien la finesse d’esprit d’Emile qui navigue en eaux troubles pour ne pas provoquer les réactions primaires de son frère et ses parents qui partent au quart de tour s’embrouiller vainement avec l’hôtesse de caisse d’une halte gastronomique qui n’ en est pas une.

Le talent d’Ivan Calbérac est de transformer les banalités du quotidien en  une oeuvre littéraire à la fois subtile et cocasse. On s’ y retrouve tout de suite dans ses descriptions d’aires d’autoroute où l’on a des habitudes en commun, cette manière de sonder la psychologie de personnages les plus simples.

Il serait réducteur et caricatural de traiter le père d’Emile de beauf mais avec ses petites citations toutes communes (chacun à sa philosophie de vie après tout) il en devient tout aussi intéressant qu’un grand personnage de la littérature française.

Pour moi, la littérature c’est avant tout un moyen de s’évader grâce à un livre. Et avec ce roman de gare par excellence (je l’ai découvert au Relay de la Gare de Lyon, c’est dire) on s’évade en caravane. Objectif réussi !

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Ma note :

3/5 sardines

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Même si je rigole bien avec les dialogues cocasses de cette famille déjantée, l’histoire se traîne en longueur. L’auteur déroule son intrigue vraiment à la vitesse d’une caravane. Pourtant, ce roman va me rester en mémoire tellement je suis scotchée par le bagout du père qui est vite fatigant à vivre, vraiment il n’y avait que mon cher Benoît pour interpréter un zèbre pareil. Je n’attribue à ce livre que trois sardines seulement car la forme du journal intime est vite ennuyeuse, l’adaptation cinématographique est beaucoup plus vivante.

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Droits réservés Studio Canal

Je ne pars plus en caravane mais je garde cette petite nostalgie de mes vacances avec mon frère et mes grands-parents en camping. Ils avaient économisé pour s’offrir une caravane neuve qui nous a fait découvrir de nombreux coins de France : dans la Creuse, à Villard de Lans, à Pont l’Évêque, à Trouville….

Il y a peu, j’ai découvert l’existence grâce à mes parents du musée de la caravane en Allemagne (celui de l’usine Hymer qui célèbre les voyages mobiles) et je trouve cela passionnant : comment les gens conçoivent leurs vacances. C’est un art de vivre différent qui a du plomb dans l’aile avec les vols low cost et les logements AirBNB.

Heureusement les petites caravanes vintage font le bonheur des magazines de déco, j’ai hâte de voir comment Marjolaine Solaro (une blogueuse pleine de talents que je suis depuis quelques temps ) va redécorer sa caravane Sakura

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Droits réservés Marjoliemaman

 

 

 

 

 

 

L’heureuse invitée du dîner Kube

Dimanche soir, j’ai eu le privilège d’être invitée par la fantastique équipe de la Kube à leur premier dîner des libraires mais qui comptait aussi de nombreuses éditrices (la Kube collabore chaque mois avec un éditeur invité pour un thème) et aussi des lecteurs dits Kubers.

Je suis libraire partenaire de cette box littéraire depuis plus de deux ans : je recommande des livres pour répondre aux envies de lecture d’amateurs de livres francophones du monde entier.

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Ils ont mis les petits plats dans les grands puisque le dîner se déroulait dans un restaurant Art nouveau emblématique de la capitale : Bofinger, à deux pas de la place de la Bastille.

Tout était superbe : le cadre alsacien au premier étage avec les lampes cigognes, le menu ( Valrhona, la fierté de ma région était à l’honneur au dessert)… C’était tellement beau et bien organisé avec les fleurs sur les tables, je me croyais jurée du Goncourt dans un grand restaurant…

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J’avais découvert Bofinger à travers un livre que j’ai chroniqué : Was ist das ? éditions Les Arènes qui parle des différences et des similitudes culturelles entre Allemagne et France.

Mais cette invitation au restaurant était surtout l’occasion de célébrer la richesse du réseau de libraires et d’éditeurs qui collaborent à la Kube. Comme l’a rappelé Aurore, l’une des trois fondatrices de Kube avec Anthony et Samuel, l’objectif de cette box est de promouvoir la lecture.

On sent bien chez ces trois là, leur amour fou et passionné pour les livres quand ils envoient régulièrement leurs chroniques de livres. La Kube ce n’est pas une box marquetée qui marche au nombre de volumes vendus, elle se veut personnalisée selon les goûts des lecteurs tout en cherchant à leur faire découvrir de nouveaux horizons littéraires. C’est très agréable pour nous libraires de voir que notre premier savoir-faire : le conseil est reconnu.

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Enfin, les échanges à table avec deux éditrices de littérature m’ont vraiment rassurée quant au lien privilégié qui perdure entre éditeurs et libraires. Ces deux éditrices avaient une carte mentale de toutes les petites librairies de France et de Navarre et elles louaient le travail de médiation culturelle des libraires dans les petites villes auprès des écoles notamment. 

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La crise politique et sociale révélée par le mouvement des gilets jaunes montre une vraie fracture sociétale et culturelle entre Paris et les petites villes, les villages. Comme il y a des déserts médicaux, il y a aussi des déserts culturels. Je trouve assez détestable cette ironie parisienne de se moquer de certaines villes dans des romans ou des essais : comme Michel Houellebecq qui dénigre Niort.

J’étais sceptique face à l’argument de la Kube que la vente de boxes par correspondance pouvait renforcer le lien social entre lecteurs et libraires. Deux ans après le début de cette aventure, j’en suis désormais persuadée à l’image de ce dîner avec des libraires de toute la France. J’ai bien envie d’aller visiter la Compagnie des livres, librairie à Vernon, la gare d’arrivée pour aller à Giverny.

Retrouvez tous mes articles concernant cette expérience géniale avec la Kube :

Deux ans de collaboration avec la Kube, ça se fête

–  Retour sur l’expérience Kube made in Montrouge

–  et enfin mon tout premier article quand j’ai découvert le principe de cette box : c’est par ici les amis !