Au début de ma carrière de libraire, j’ai eu la chance de remplacer pendant ses congés une des libraires du musée du Louvre chargée des catalogues des expositions à Paris, en France et en Europe.
C’est en automne, que les expositions les plus prestigieuses se déroulent et j’ai ainsi voyagé par les livres : le Victoria and Albert museum de Londres, le musée des tissus de Lyon, le Louvre-Lens, l’ouverture du département des arts de l’Islam au Louvre en 2012…
Depuis que je ne suis plus étudiante, j’ai beaucoup moins de temps pour visiter les expositions, il faut dire que le tarif plein qui avoisine à chaque fois douze ou quinze euros désormais (adieu gratuité totale avec la carte de l’Ecole du Louvre) m’a fait douloureusement redescendre sur terre.
[Au passage, je redis ici mon opposition à la gratuité totale dans les musées, un petit tarif réduit à 4€-5€ pour alléger le plein tarif, ça serait une bonne idée !].
Je délaisse de plus en plus les expositions de peinture, lassée par le manque d’imagination des musées parisiens qui ont épuisé les rétrospectives d’impressionnistes et autres artistes célèbres : ça tourne vraiment autour de quelques gros blockbusters comme Léonard de Vinci au musée du Louvre en ce moment, Picasso, Renoir, Monet, Degas….
Alors je privilégie les musées moins connus commel’exposition Goscinny au musée d’art juif que j’avais bien aimé il y a deux ans ou encore cette exposition formidable consacrée à la peinture américaine des années 1930 en 2015 au musée de l’Orangerie.
Je vous recommande donc les expositions consacrées à des auteurs de BD ou des écrivains, des architectes comme des sculpteurs…
Tolkien, voyage en Terre du Milieu, BNF François-Mitterrand, jusqu’ au 16 février 2020
C’est mon amie Alix qui me l’a recommandée et la BNF conseille à ses visiteurs de réserver compte tenu de la forte affluence. Alors que les films de l’imaginaire ne sont pas du tout ma tasse de thé (j’arrive mal à lâcher mon quotidien et mes petits repères confortables, il faudra que j’en parle à ma psy), j’ai vraiment adoré Le Hobbit au cinéma.
Mon mari n’a pas compris comment je suis arrivée à suivre le second épisode sans avoir vu le premier mais ça m’a vraiment plu : sa petite maison végétale, la course poursuite dans des tonneaux le long d’une rivière….
Comme C. S Lewis, son ami, Tolkien proclamait publiquement sa foi chrétienne et cela se voit dans son oeuvre littéraire. Cette exposition est donc l’occasion de mieux connaître un écrivain majeur de la littérature du 20eme siècle à travers 300 œuvres exposées à la BNF dont de nombreux manuscrits originaux.
Otto Wagner, maître de l’art viennois, Cité de l’architecture et du patrimoine, esplanade du Trocadéro, jusqu’au 16 mars 2020.
J‘ai repéré son affiche dans le métro. Je ne connais pas du tout Otto Wagner mais j’aime tellement l’Art Nouveau et la Sécession viennoise que je vais aller à la découverte ! Notre prochain voyage en Europe (avec bébé !) sera surement Vienne ou Prague depuis que nous avons été emballés par Budapest ! Il faut dire que l’oeuvre de Klimt et la Sécession viennoise en particulier marque de son empreinte ce blog depuis sa création puisque c’est mon article le plus consulté depuis plus de trois ans : Adèle Bloch-Bauer inspire autant la littérature que le cinéma !
Je ne suis pas une fana d’architecture mais la Cité de l’architecture et du patrimoine est un musée formidable. J’aime beaucoup ses reconstitutions de portails gothiques des grandes cathédrales françaises et son cadre géographique (tout près du Trocadéro) vaut le détour.
J’ai repéré dans Elle son café extraordinaire avec sa terrasse unique. Cela s’appelle Girafe et j’ai très envie d’ aller aux beaux jours !
Girafe, le restaurant de la Cité de l’architecture
Et vous dans quel musée aimerait vous être enfermé une nuit? Quelle exposition-phare vous a marqué cet hiver?
D’autres articles consacrés à l’histoire de l’art publiés précédemment dans ce blog :
– Un biopic formidable consacré au facteur Cheval et son palais à Hauterives
Depuis novembre, je me régale car deux de mes séries Netflix favorites sont revenues pour la saison 3 : Atypical et The Crown.
Je me rends compte que ce qui fonctionne dans ces deux séries aux genres complètement différents, c’est qu’au fil des saisons, on s’attache aux personnages. J’aime les séries parce qu’elles permettent quelque chose auquel je suis vraiment attachée autant en littérature qu’au cinéma : l’étude des portraits psychologiques des personnages et comment ils évoluent.
Comme c’est original, un article sur la saison 3 de The crown dans mon blog ! Elle est tellement réussie que je repense souvent aux anecdotes historiques racontées et comment les personnages y ont fait face. Je suis assez contente d’avoir incité ma maman à regarder cette série, qu’elle a englouti en quelques jours à Noël l’an dernier.
Même si j’ai trouvé quelques longueurs dans un ou deux épisodes, j’ai vraiment apprécié chaque dimanche en fin d’après-midi où j’avais rendez-vous avec Elisabeth II pour l’intensité dramatique des épisodes, fondés sur des faits réels et amplifiés par la musique, le rendu des costumes.
Avec The Crown, Londres me fascine même si je trouve toujours cette ville grise. J’ai rapidement adopté le nouveau couple de comédiens qui incarnent la reine et son mari .
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J’aime vraiment les tailleurs chics et la mine responsable d’Olivia Coleman, une grande actrice. Elle me rend sympathique la vraie reine que j’admire aussi mais donc je ne comprends pas toujours l’attitude envers ses enfants et petits-enfants qu’elle sacrifie souvent au nom du protocole et des traditions. Surtout en ce moment avec le coup de tonnerre provoqué par le couple Sussex.
The crown comprend dix épisodes et je vais vous détailler chacun parce que je les ai tous apprécié.
Retour sur la saison 3 :
Olding
Olivia Coleman interprète Elisabeth II âgée d’une quarantaine d’années, comme le montre la première scène inaugurale avec la présentation d’un timbre à son effigie en 1965. Dans ce premier épisode, un espion russe se cache dans son palais et ce n’est pas le nouveau premier ministre Harold Wilson (il est pataud, mal assuré mais c’est mon personnage chouchou tant il est sincère et authentique).
2. Margaretologie
La reine est contrainte de demander à sa sœur de réaliser un exploit diplomatique auprès du président Johnson à la Maison-Blanche pour éviter la dévaluation de la livre anglaise. Les flash-backs très efficaces montrent que le fait d’être la sœur de l’ombre qui ne régnera jamais n’est pas facile à vivre pour la princesse Margaret (son mal-être est remarquablement joué par la dérangeante Helena Bonham Carter)
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3. Aberfan
C’est l’épisode qui m’a le plus bouleversée. L’éboulement d’un terril sur un village gallois provoque la mort de centaines d’enfants dans un village gallois Aberfan. La reine a du mal à montrer ses émotions et mettra plus de hit jours à se décider à visiter le village en deuil. La beauté du cantique gallois est bouleversante, les épisodes qui suivront m’ont convaincu que The crown parle avec beaucoup d’intelligence de la foi chrétienne.
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4. Bubbikins
C’est le surnom que la mère du prince Philip lui donnait alors que l’Histoire les a empêché d’avoir une vraie relation mère-fils. La reine oblige son mari à recueillir cette vieille dame menacée par un putsch en Grèce. Il essaie de la cacher à une équipe de télévision car elle a été internée dans un asile psychiatrique où elle a subi des mauvais traitements courants à cette époque. Grâce à une ruse de la princesse Anne, la princesse Alice va se révéler être l’atout authentique de la famille royale en crise.
5. Coup d’Etat
La reine fuit son fardeau pendant un mois pour s’occuper de ses chevaux en France puis aux Etats-Unis, sa réelle passion dans la vie. Son Premier Ministre la rappelle durement à la réalité : il soupçonne à juste titre son cousin Lord Mountbatten, fraîchement remercié du haut commandement des armées d’être tenté de prendre part à un coup d’Etat contre le gouvernement. J’ai beaucoup aimé l’aspect politique de cet épisode qui apporte un parallèle avec la situation politique en France post guerre d’Algérie jusqu’en mai 1968.
6. Tywysog Cymru
Charles va être intronisé prince de Galles dans un pays qui se révolte contre la couronne britannique. Le premier ministre convainc la reine d’envoyer son fils étudier un semestre dans une université galloise. Il va y rencontrer un directeur d’université nationaliste qui va le prendre sous son aile comme un père spirituel. Cette affection spontanée met en lumière toute la froideur et la retenue qui règnent dans sa famille.
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7. Poussière de lune
C’est l’épisode le plus ennuyeux de la saison selon moi jusqu’au moment où le prince Philip tombe le masque. Nous sommes en 1969 et la reine reçoit l’équipage qui est allé sur la Lune. Le prince Philip suit avec beaucoup d’intérêt la conquête de la Lune et s’avère très déçu quand il les reçoit à Buckingham palace. Au même moment, l’archévèque de Canterbury le sollicite pour héberger un centre pour religieux vivant une crise de foi. Cet épisode montre que la foi chrétienne redresse un homme beaucoup plus que ses exploits. Je me suis ennuyée au début de l’épisode mais c’est celui qui m’a le plus apporté par sa profondeur et sa réflexion.
8. Un homme en suspens
Charles entretient une correspondance avec son grand-oncle le duc de Windsor, émigré en France depuis son abdication en 1936. Il sort depuis peu avec Camilla Shand interprétée par Emerald Fennell, une de mes actrices britanniques favorites, repérée dans la série Call the midwife.
J’ai bien aimé cet épisode même si je ne comprends pas la rigueur du protocole qui s’immisce dans la vie sentimentale du prince Charles au point de compliquer les choses. On se prend tout de suite de sympathie pour ce grand garçon sensible et on compatit à sa souffrance dans l’épisode suivant. Comme c’était le cas dans la saison 2 avec le couple Margaret-Tony, je me suis dit: « Ils étaient sacrément polygames dans les années 1960 ces aristos anglais ». C’est là toute l’ambiguïté des personnages : ils rejettent le divorce par principes religieux et moraux auxquels ils croient fermement mais cautionnent les voies de garage : l’adultère, la séduction effrénée…
9. Imbroglio
Le duc de Windsor est mourant et la reine se décide à lui rendre visite malgré la vive désapprobation de son mari qui considère que cet homme a trahi sa famille. Le dernier entretien de la reine avec son oncle est empreint d’une émotion toute particulière puisqu’elle lui pardonne d’avoir bouleversé sa vie en abdiquant. C’est un peu problématique avec The Crown : c’est son intensité dramatique qui fait le succès de cette série et on a du mal à savoir ce qui tient de la fiction et ce qui s’est réellement passé. C’est dérangeant d’être ému par une scène qui est peut-être pure imagination des scénaristes
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10. Un cri du coeur
Comme à chaque saison, le premier et le dernier épisodes sont les plus intenses et les plus réussis. Cet épisode se concentre sur les peines de cœur de la princesse Margaret et son rôle peu facile à vivre au quotidien. Son mari la trompe et la violente psychologiquement, elle part s’amuser à la campagne et trouver du réconfort dans les bras du jeune Ronny au soleil. C’est le scandale et aucun membre de sa famille ne la soutient. Elle est désespérée et veut renoncer à la vie… Sa sœur vient à son chevet et lui exprime combien la vie serait insupportable pour elle sans elle… Cela contraste beaucoup avec la retenue dont elle fait preuve dans ses relations avec ses enfants… au nom du protocole…
Cette saison se clôture avec les célébrations de son jubilé en 1977 ( mention spéciale pour le pire chapeau du 20eme siècle).
La prochaine saison de The crown aura une saveur particulière avec le récent coup de tonnerre provoqué par Harry et Meghan qui veulent gagner leur vie par leurs propres moyens. Ils l’ont annoncé via les réseaux sociaux, dynamitant tous les usages médiatiques traditionnels de la monarchie.
Le fait que ce soient des députées anglaises qui aient pris la défense de Meghan pour dénoncer la misogynie et les relents racistes et colonialistes des tabloïds anglais montrent les limites du protocole : une famille soudée ne laisse pas les siens se faire harceler et humilier.
Cette famille vit de multiples rebondissements autant dans la série que dans la réalité !
Retrouvez d’autres articles sur mes coups de cœur séries ici :
Je suis en train de regarder la saison 3 d’Atypical, je m’attache à ses personnages autant qu’à ceux de The crown et je vous en parle dans un prochain article très vite !
Cette semaine, une jolie page de ma vie s’est refermée avec l’enterrement de mon arrière-grande tante Julienne. Elle était née en 1920, elle allait avoir cent ans en mars prochain. Elle est enterrée dans la petite ville où elle est née : Saint Pol sur Ternoise, Pas-de-Calais, 5000 habitants.
Nous avions plus de 70 ans d’écart et pourtant j’aimais l’appeler car elle savait mieux que personne combler le fossé générationnel. Elle aimait partager, transmettre ses goûts pour le cinéma populaire : les films de Dany Boon, les émissions de Laurent Ruquier…
Avec ma grand-mère Annette, elles m’ont donné l’amour du Pas-de-Calais à grands coups de gaufres Rita, de tartes au papin, de souvenirs des années 1950 partagés sur un coin de la table de son moulin ou de sa belle maison de la Creuse qui donnait sur une rivière.
Mon arrière-tante a vécu des moments très difficiles dans sa jeunesse. Elle a dû fuir en famille, sa ville lourdement bombardée en 1940. Elle était enceinte de son premier enfant sur les routes de l’exode.
Le roman Suite française d’Irène Némirovsky me fait beaucoup penser à l’expérience traumatisante vécue par ma famille. Ma grand-née née en 1937 m’a raconté qu’ils ont connu pendant de longs mois la faim, la peur de mourir, l’angoisse d’avoir été pillé ou que quelqu’un ait été tué chez eux…
Ma grand-mère avait pris l’habitude de sauter dans un fossé avec son vélo quand un avion préparait un bombardement. Des anecdotes comme ça, ça vous marque.
En 1946, Julienne perd brutalement son mari, qui se noie dans la Manche en voulant venir en aide à la baby-sitter de la famille. Veuve avec cinq enfants petits, elle rencontre son second mari, un entrepreneur sicilien embauché récemment dans l’entreprise de son père. Cet homme travailleur va faire fortune en reconstruisant une grande partie de la ville considérablement bombardée : la gare, l’église Saint-Paul mais aussi de très nombreuses maisons.
L’église Saint Paul à St Pol sur Ternoise. Droits réservés La voix du Nord
L’enterrement a eu lieu dans cette église moderne, reconstruite par l’entreprise de son mari et le symbole est très fort, je trouve. Je me suis sentie vraiment chez moi dans cette église en briques magistrale, avec ses vitraux modernes. Il y avait des prospectus pour le parcours Alpha, commun aux protestants et on sentait que cette communauté était animée par la foi plus que par la religion.
Je remercie sa famille proche qui m’a donné l’occasion de publiquement lui dire une dernière fois combien je l’aimais. Dans notre famille, c’est une femme qui a dirigé pendant plus de quatre-vingt ans la bonne tenue d’une famille nombreuse et même l’entreprise de son mari à un moment donné.
Elle a partagé avec moi ses souvenirs sans pathos, ni apitoiement. Elle m’a offert son affection à moi son arrière-petite nièce alors qu’elle avait une vingtaine de petits-enfants et autant d’arrières-petits enfants.
Elle a joué le rôle d’une grand-mère quand il n’y avait plus de grand-mère dans ma famille. Cela je ne l’oublierai jamais, chaque moment passé avec elle était constructif, c’était l’essence même de faire famille même si on est cousins au 3eme ou 4eme degré.
Ma Tante n’était pas une mamie gâteaux mais bien quelqu’un d’espiègle et gourmand qui aimait réunir sa famille autour d’un bon goûter. Elle aimait vraiment les chats, faire des bonnes gaufres pour les enfants. A Noël, mon père a réalisé sa fameuse recette de bûche turinoise dont voici la recette pour huit personnes.
Ingrédients : 125 gr de beurre, 125 gr de sucre, 250 gr de chocolat pâtissier noir fort en chocolat (64% de cacao), 1 sachet de sucre vanillé, 2 CS de rhum, 3 CS de café fort, une boîte de 500 gr de crème de marrons
Pour la chantilly : 20 cl de crème fraîche + 2 CS de sucre glace, des amandes effilées grillées (facultatif)
Attention : 12 heures de durcissement au frais. Pas de cuisson
1. Tournez en crème le beurre avec le sucre (les grains de sucre doivent totalement disparaître).
2. Ajoutez la crème de marrons.
3. Faites fondre le chocolat avec les liquides et le sucre vanillé.
4. Ajoutez le chocolat au mélange, remuez bien pour que tout soit bien incorporé.
5. Chemisez un moule à cake avec du film plastique, en laissant dépasser largement les bords. Y verser la préparation.
6. Laissez durcir au réfrigérateur au moins 12 heures.
7. Au moment de servir, démoulez la bûche. Montez la crème avec le sucre glace en chantilly.
8. Recouvrez la bûche de crème et parsemez d’amandes.