
Vendredi 6 novembre, je devais visiter avec Alix (l’élégance montreuilloise faite femme, je le redis) l’exposition Gabrielle Chanel, un manifeste de mode au Palais Galliera. Emmanuel Macron en a décidé autrement le 29 octobre dernier alors nous obéissons.
Cela me laisse du temps pour éplucher le dossier de presse de cette exposition majeure qui marque la réouverture du palais Galliera.
Mais si ! vous connaissez cet endroit vu dans une scène du Diable s’habille en Prada. Il y a un chouette petit jardin public devant et une superbe vue sur la Tour Eiffel, de quoi épater Emily in Paris… J’y allais déjeuner le midi quand j’étais stagiaire chez l’éditeur d’art de luxe Citadelles et Mazenod (un super souvenir de ma vingtaine).

C’était l’exposition phare de la rentrée, je vais scruter sa réouverture régulièrement. Je dois une grande partie de ma culture générale à ma mère : elle aime Klimt, les impressionnistes, Coco Chanel… Quand j’étais petite, j’avais bien envie de lui piquer son rouge à lèvres avec le monogramme CC qui me faisait de l’ oeil…
Gabrielle Chanel, c’est une orpheline partie de rien qui a monté un empire de la mode et du luxe grâce à ses idées géniales. Un peu comme Helena Rubinstein, la petite Polonaise devenue magnat des cosmétiques dans les années 1920 entre trois continents. Toutes les deux sont un peu mythomanes pour réécrire leur histoire personnelle comme cela les arrange.
Mais elles sont la preuve que même malgré les carcans et les embûches misogynes, des femmes ont réussi à entreprendre seules dans le monde des affaires au 20eme siècle.

Une marque mythique incarnée par sa fondatrice, la biographie d’une irrégulière.

Depuis que j’ai lu la biographie La splendeur des De Brunhoff, c’est peu dire que pour moi l’étoile de Coco a sérieusement pâli compte tenu son comportement inacceptable, collaborationniste et antisémite pendant l’Occupation. Mais j’admire la capacité de rebond de la couturière à relancer son entreprise en 1954 à plus de soixante-dix ans en réaction au New look de Christian Dior.
D’ailleurs, c’est tout le propos de cette exposition Gabrielle Chanel, manifeste de mode. On s’éloigne un peu de la femme en privé pour célébrer la créatrice géniale et ses innovations. J’en retiendrai trois dans cet article :
– le tailleur en tweed
– le sac matelassé 2.55
– le parfum Chanel numéro 5.
On reconnaît entre mille cette petite bouteille de parfum, géniale par son minimalisme, inspirée par une flasque de vodka d’un officier russe. C’est le parfum le plus vendu au monde. J’adore la scène tellement drôle des Visiteurs où les deux Moyen-âgeux renversent la bouteille entière de Chanel numéro 5 dans leur bain… C’est un signe extérieur de richesse de la bourgeoisie au niveau international…
Son succès vient du fort contraste entre la simplicité très épurée du contenant et le contenu qui envoie du lourd : plus de 80 composants dont le fameux ylang-ylang des jardins de Grasse et la rose de mai par exemple. Un petit spray de Chanel numéro 5 associé à un de ses tailleurs fétiches, vous pouvez partir conquérir le monde !

Cette veste de tailleur est de loin ma pièce de mode favorite. J’ai trouvé dans ma boutique favorite Quai 71 dans le Marais, une petite veste de la marque Osley d’inspiration Chanel qui m’a apporté grâce et standing dans bien des vernissages de salons du livre (trois au compteur max !).
Pour rien au monde je ne m’en séparerait, je compte même la léguer à ma petite fille. Une pièce de mode à la fois très simple dans sa forme et sophistiquée : les poches, les boutons de manchettes. Avec une veste Chanel, vous ferez bourgeoise sans doute mais ça ne sera jamais « mémérisant » comme dirait Christina Cordula. La magie de Chanel c’est d’habiller avec grâce les femmes de tous les âges.

D’ailleurs, les petites jeunes comme les petites pourries gâtées de Gossip Girl ou l’actrice de talent Lily-Rose Depp plébiscitent le sac matelassé Chanel 2.55 en cuir avec la petite chaînette dorée. J’en suis pas fan personnellement mais je comprend qu’il soit intemporel…
Voila, j’espère vous avoir donné envie d’aller voir cette exposition importante dès sa réouverture si elle a lieu : l’exposition devait durer du 1er octobre au 14 mars 2021. Elle présente un parcours en dix chapitres avec plus de 350 pièces venues du monde entier.
Cette exposition m’intéresse tout particulièrement car elle appelle à des souvenirs, des références culturelles qui nous font du bien en cette période incertaine où tous nos repères vacillent. Gabrielle Chanel c’est un exemple de réussite à la française malgré deux guerres mondiales et une enfance tout en bas de l’échelle sociale. Tout est possible !
Chanel contribue au rayonnement de la culture française dans le monde entier : le tailleur rose de Jackie Kennedy un jour tragique est devenu un vêtement iconique. Depuis plus d’un siècle, il y a une guéguerre entre les couturiers français et américains dont Chanel a remporté le trophée de nombreuses fois.
Peut- être même que la prochaine première dame américaine, la fameuse Flotus sera habillée par Chanel en janvier prochain ? Le style preppy de Melania Trump en Ralph Lauren c’était sympa mais il manque une petite touche de sophistication…

Retrouvez ici mes meilleurs articles autour de la mode et les expositions à Paris :
– La success story d’Helena Rubinstein racontée par Michèle Fitoussi
– La biographie d’une famille flamboyante du 20eme siècle : La splendeur des De Brunhoff
Très bel article. Très enrichissant.
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