Bénévole d’un jour aux Soupes de Belleville, le coeur des relations humaines

Pendant ce second confinement, j’avais plus de temps personnel pour aider à une œuvre sociale. Informée de cette chouette initiative par la newsletter de mon église et son compte Instagram vivant et sympathique, j’ai rejoint cette aventure humaine pour un jour.

Je vais bientôt reprendre mon travail mais j’ai bien envie de retourner aider tellement j’ai été encouragée par l’ambiance fraternelle de l’endroit.

Cette initiative solidaire est née de la collaboration entre un pasteur, un restaurateur et un poète. Les soupes sont préparées dans les locaux de l’église protestante-unie de Belleville en collaboration avec le cabaret Culture rapide et le restaurant Les bols d’Antoine.

La Mission évangélique envers les sans-logis est aussi partenaire de cette opération. Vous pouvez la soutenir en participant à la cagnotte solidaire ici. La Mission évangélique envers les sans-logis a servi cette année près de 40 000 repas.

Copyright Philippe Labrosse

J’arrive sur la place Fréhel, il y a explication un peu musclée inévitable sur le port du masque de la part du propriétaire de la terrasse qui accueille Les soupes de Belleville. Ce sera la seule petite tension vite oubliée de la journée. Les gens sont très coopératifs dans le port du masque et du gel hydroalcoolique sur les mains.

C’est ma première tâche de la journée : sensibilisation aux gestes barrières obligatoires. Même avec tous ces inconvénients de la distanciation sociale : la solidarité, la reconnaissance, les remerciements surpassent tout et ça fait un bien fou !

J’ai dû parler avec une quarantaine de personnes du quartier, tous milieux sociaux confondus. Ce n’est pas la soupe populaire de l’Armée du Salut ou les Restos du cœur (tellement indispensables).

Il y a eu une vraie mixité sociale parmi les 120 personnes à qui nous avons servi une soupe : deux policières de la mairie, des jeunes actifs du quartier, des sans-abris ou des personnes précaires.

Cela serait mesquin de raisonner comme des rats à se dire, il est gonflé lui de venir se servir gratuitement alors qu’il a les moyens. C’est même contre-productif car les gens qui ont vraiment besoin de manger sautent le pas en se fondant dans la masse. L’anonymat a du bon.

Certains avaient besoin de parler comme ce monsieur de 76 ans qui m’a dit qu’il touchait une retraite de 1000€ et payait un loyer de 800 € ou encore cette dame qui racontait qu’elle ne voulait pas aller aux Restos du cœur à cause des bagarres. D’autres en partant, ont lâché le gros mot : en confiant « avoir honte » de ne pas s’en sortir.

Je me suis vraiment sentie honorée par ces gens soucieux mais d’une politesse et d’une reconnaissance incroyable. Même quand ils avaient peu sur le dos et pas grand chose de plus dans le ventre, j’ai été touchée par leurs remerciements en partant. Moi aussi, j’ai mangé sur la place avec ces soupes vraiment trop bonnes.

Cela m’a réconciliée avec la soupe. J’ai passé quatre heures dehors, j’ai mangé sur un petit muret en béton et je peux dire que passer une demi-journée dehors en hiver c’est du sport ! Total respect à ceux qui sont dans la rue depuis des années.

C’est important pour le moral que ces soupes soient préparées par des restaurateurs. On se sent tous privilégiés et vraiment c’était très nutritifs. Cela me donne bien envie de me rendre dans le restaurant Les bols d’Antoine dès que ça sera possible. Cette excellente soupe a réunit des gens qui ne se rencontreraient jamais en temps normal autour d’un moment réconfortant, une sorte de communion pour cette année vraiment difficile pour tous et toutes.

Logo de Benoit Jeay

Je devais aider en tant que brigade volante c’est à dire faire des maraudes, coller des affiches, recueillir des denrées dans le quartier. L’organisation de la journée en a décidé autrement mais c’était aussi bien. J’ai aidé une équipe de cinq bénévoles : quatre femmes de mon âge et un référent très sympa, ancien restaurateur.

Nous avons dans l’ensemble du même âge, habitons dans le même coin un peu bobo du 20eme arrondissement et pourtant, nous sommes tous fragilisés par l’inquiétude pour nos emplois alors que l’an dernier, ces préoccupations nous passaient au dessus de la tête. Ces bénévoles formidables m’ont tous confié la même chose : la difficulté de se sentir inactifs chez eux alors que ce sont tous des Parisiens bien occupés le restant de l’année.

J’ai aidé à l’accueil des gens entre midi et 15heures 30. Ma journée s’est terminée par le balayage de la place (qu’est ce qu’on pollue même en faisant attention) et par la plonge de deux énormes marmites de soupe dans la cuisine du temple. Cela m’a rappelé mes jobs d’été sur le plateau ardéchois.

Mon église locale me manque beaucoup. Je suis ravie de m’être saisie de cette opportunité autorisée de m’y rendre pour faire une bonne action dans le quartier.

En rentrant, je me suis offert une bonne gaufre liégeoise au bar Le bariolé, rue Mélingue. Cette journée a été la meilleure de ce re confinement qui prend bientôt fin pour moi. Je me sens à la fois heureuse d’avoir été utile mais aussi soucieuse de la précarité dans notre pays en entendant toutes ces histoires de vie.

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