Aux grands hommes et femmes, la patrie reconnaissante.

Cet article sur les femmes résistantes me trottait dans la tête depuis longtemps.

J’habite rue Danielle Casanova dans l’une des nombreuses villes, ancien bastion communiste, à avoir voulu honorer cette femme martyre de la Résistance. 95 communes dont 52 en Ile de France ont voulu l’honorer.

Danielle Casanova
(1900-1943)

Danielle était dentiste et a exercé son métier dans les camps, lui permettant d’échapper aux travaux les plus durs et les plus inhumains du camp. Malheureusement, le typhus l’a rattrapa et elle n’a jamais vécu la victoire des alliés sur le totalitarisme nazi.

J’ai réellement découvert son histoire à travers la biographie de Marie-Claude Vaillant-Couturier, intitulée Marivo, écrite par Gérard Streiff, éditée par Ampelos.

Marie-Claude et Danielle ont été déportées ensemble dans le même convoi vers les camps de concentration allemands. Ce sont deux figures emblématiques de la Résistance et leur déportation fut largement médiatisée.

Marie-Claude était une journaliste et photographe engagée en politique dès les années 1930 : elle a failli interviewer Hitler avec son père au début de son ascension, elle a couvert la guerre d’Espagne… Elle venait d’une famille brillante qui côtoyait l’élite artistique et intellectuelle de l’époque.

Son père était Lucien Vogel, le patron de la revue Vu, ses oncles Michel et Laurent de Brunhoff ont respectivement inventé Vogue France et les aventures de Babar, le roi éléphant.

Je connaissais déjà l’histoire de sa famille par la géniale biographie La splendeur des De Brunhoff, chroniquée ici. Mais j’ai aussi aimé lire son histoire personnelle à elle.

Cette biographie met en lumière les convictions politiques d’une femme pour qui la résistance est une évidence. Ce livre est intéressant car il montre combien cela coûte affectivement et moralement de rentrer dans l’illégalité dans son propre pays.

Il débute avec le procès de Nuremberg dans lequel Marie-Claude Vaillant-Couturier sera appelée à témoigner face aux responsables directs de cette horreur, au nom des milliers de mortes qu’elle a côtoyé dans les camps.

Elles venaient de France, de Grèce, d’Allemagne, de République tchèque. Toutes européennes mais citoyennes à éliminer pour Hitler et sa bande de haineux rageux ascendants débiles profonds.

Marivo, Gérard Streiff, éditions Ampelos, 142 pages, 10€

En toute franchise, ce n’est pas une lecture joyeuse. J’ai lu une dizaine de livres sur les camps de concentration. Cela me file le cafard car je sais que l’homme dans sa haine est bien capable de recommencer pareil génocide.

Mais, j’ai bien aimé certains moments lumineux qui montrent quelques exemplarités des kapos qui ont sauvé des vies sans qu’on sache vraiment pourquoi, un sursaut d’humanité sans doute.

On leur confiait les plus basses besognes mais certains sont parvenus à faire triompher la vie sur la mort quelques fois. Une goutte d’eau dans un océan mais cela redonne espoir. C’est l’intérêt de ces livres de témoignages sur la Shoah selon moi.

Enfin, ce livre a aussi un intérêt documentaire. Sans partager leurs convictions, ce livre met en lumière l’engagement politique de Marie-Claude Vaillant-Couturier, figure du parti communiste français. Des rues Paul Vaillant-Couturier, il y en a des tonnes en France mais finalement je ne savais que peu de choses de ce député emblématique du Front populaire.

Les anciennes villes communistes en proche banlieue parisienne changent de couleur politique au fil des élections : Montreuil, Villejuif, Fontenay sous bois… mais ce livre retrace un paysage politique que je connaissais peu.

Marie-Claude Vaillant-Couturier aura une belle carrière après son retour des camps. Son engagement de résistante sera unanimement reconnu, tous partis politiques confondus. Le général de Gaulle lui fera même part de son admiration en la croisant dans un couloir de l’Assemblée nationale.

Le street-art rend hommage aux résistantes Germaine Tillon et Geneviève Anthonioz de Gaulle, accueillies au Panthéon, par Ernesto Novo

Heureusement que les bibliothèques municipales s’attachent à acheter dans leurs collections des biographies de femmes résistantes pour sensibiliser les générations futures. Il y a peu de place pour Geneviève Anthonioz De Gaulle, Germaine Tillon, Danielle Casanova, Marie-Claude Vaillant-Couturier dans les médias aujourd’hui.

Je ne vise personne mais je déplore qu’on scrute les faits et gestes des actrices aux Césars pour leurs prises de position symboliques, qu’on les juge sur leur image, leur corps et que les débats d’idées, les engagements militants soient moins exposés médiatiquement sur Instagram, Twitter… Qui sont les résistantes d’aujourd’hui?

Je vous recommande cette collection de biographies historiques dans la collection Des graines et des guides des éditions A dos d’âne. Le dossier documentaire qui accompagne cette biographie est vraiment complet. Cette collection s’adresse aux collégiens et lycéens pour les aider à réaliser des exposés par exemple.

Voici d’autres articles de mon blog sur des biographies inspirantes de femmes et d’hommes :

Le succès de Culottées, les biographies de femmes dessinées par Pénélope Bagieu, éditions Gallimard

La splendeur des De Brunhoff, une famille innovante engagée contre la barbarie nazie.

Une réflexion sur “Aux grands hommes et femmes, la patrie reconnaissante.

  1. Pingback: Marivo au bal | éditions Ampelos

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