Ce qui m’inspire en ce moment quand l’hiver est long et rude

D’habitude, l’hiver ne me pose pas vraiment problème. Cette année, c’est très pénible. Après un mois d’octobre historiquement doux et ensoleillé, nous sommes entrés dans un long tunnel nuageux depuis novembre en Ile de France.

Comme si d’épais nuages gris et bas maintenaient le ciel sous une cloche. Aucun rayon de soleil n’arrivait à percer certains jours.

Heureusement, il y a les livres, les séries, les films et les bons moments en famille pour me divertir en cette loongue période d’hibernation forcée.

De bonnes romcom pour mettre un peu d’amour dans cette actualité morose

Avant toi avec Emilia Clarke et Sam Claflin, adapté du roman éponyme de Jojo Moyes.

J’ai bien aimé cette romcom aux faux airs d’Intouchables. L’histoire se déroule dans une petite ville campagnarde en Angleterre. Elle réunit deux jeunes, la vingtaine, que tout oppose.

Lou, vient d’un milieu modeste qui multiplie les petits boulots pour joindre les deux bouts à la fin du mois. Will est un trader de la City, le fils du chatelain du coin. Mais il est coincé pour toute sa vie dans un fauteuil avec les douleurs atroces et quotidiennes de la tétraplégie.

Elle devient son aide-soignante, chargée de la lourde tâche de lui redonner goût à la vie. Cupidon va leur tomber dessus mais ils auront du mal à se projeter dans l’avenir…

Toi chez moi et vice versa avec Reese Witherspoon et Aschton Kutcher, Netflix

Encore une romcom au scénario très classique. J’ai beaucoup aimé le jeu de ces deux acteurs confirmés. Ils sont meilleurs amis depuis vingt ans. Lui a l’air de bien s’emmerder à New-York à faire de l’argent alors qu’il cherche un sens à sa vie. Il a un talent d’écrivain avec un beau manuscrit qu’il cache dans son four.

Sa meilleure amie de Los Angeles va occuper son logement une semaine pour faire une formation qui ne la passionne pas. Elle va renouer avec sa passion pour l’édition grâce à lui. C’est le genre de films que j’affectionne pour me détendre le week-end face à l’inflation et les galères de transport à Paris.

Comme j’ai un peu épuisé mes émissions de télévision fétiches sur France 2 : Ca commence aujourd’hui, Un dimanche à la campagne, La boite à secrets…

J’ai regardé Les rencontres du papotin avec le président Emmanuel Macron et je dois dire que j’ai été bluffée. C’est peu dire que le président de la République est rodé aux rouages de la communication.

En participant aux rencontres du Papotin, il est sorti de sa zone de confort et l’exercice l’a rendu plus sympathique. Ces aspirants journalistes parlent sans filtre, avec leur coeur, dans une démarche de sincérité et d’authenticité qui enrichit cette interview en groupe !

Il y a eu plusieurs moments d’émotions, bien plus en une heure trente d’émission qu’en six mois de campagne présidentielle !

Puis j’ai lu. Des livres assez profonds et graves mais marquants.

J’ai acheté à la librairie Eyrolles Le pavillon des combattantes sur les conseils du blog Little pretty books, ma référence ! Je reconnais que j’ai acheté le livre avant tout car sa couverture me plaisait pour mon fil Instagram.

Son sujet était aussi passionnant : comment une sage-femme un peu délaissée par sa hiérarchie a tenté de contenir une épidémie de grippe espagnole dans une maternité de fortune à Dublin en 1918. C’est bien écrit, l’intrigue est passionnante mais c’était une lecture sinistre pour l’hiver.

Sans vouloir spoiler, c’était décourageant de lire toutes ces femmes qui passent l’arme à gauche les unes à la suite des autres.

En regardant C’est à vous sur France 5, j’ai découvert que Ginette Kolinka avait écrit un second livre avec Marion Ruggieri : Une vie heureuse. Les éditions Grasset ont eu la grande gentillesse de me l’envoyer en service de presse pour écrire une chronique. C’est un récit de déportée lumineux. Cette dame de 98 ans ne s’est jamais départie de son humour pour affronter les épreuves. Elle a eu ses moments de dépression qu’elle n’élude pas dans ses deux autobiographies.

Mais elle a une manière de chérir la vie qui m’a beaucoup inspirée ces derniers temps. Je me plains du froid polaire certaines semaines alors que Marcelline, Simone ou encore Ginette, ces jeunes filles déportées, sous alimentées et humiliées tous les jours ont fait de longues marches en Pologne par des températures extrêmes.

Des expos qui servent de machines à remonter le temps dans l’Histoire.

Cet hiver, j’ai renoué avec les expositions seule ou en famille. Le 31 décembre, je suis allée voir Art déco, France/ Etats-Unis à la cité de l’architecture et du patrimoine.

C’était une belle machine à remonter le temps à l’époque de Downton Abbey quand les dames portaient des robes longues et un carré plongeant à la garçonne comme Lady Mary Crawley. Cette exposition met à l’honneur la mode, les paquebots transatlantiques et leur décoration… Un vrai rêve pour ceux qui aiment l’histoire de l’art.

Et puis gros coup de coeur pour cette exposition vue en famille : Tintin, l’aventure immersive à l’Atelier des lumières. Le prix est élevé mais l’expérience visuelle vaut le détour. Pendant quarante-cinq minutes, on se régale avec un film d’animation très réussi. Les chansons des Beatles, de David Bowie, des Cure nous replongent dans les années soixante même si on n’était pas né. Cela a révolutionné ma perception des musées.

L’expo a plu à toute la famille : ma fille de quatre ans comme les parents trentenaires et les oncles et tantes, la soixantaine.

On a célébré cette journée ensoleillée par un chouette brunch chez Clint. C’est une chouette adresse savoureuse mais comme elle est victime de son succès, on vous presse un peu à débarrasser le plancher… Pas terrible comme accueil.

Cet hiver, nous avons mis à profit certains dimanches matins pour aller nous balader à Paris (le seul vrai moment de la semaine si on veut être peinards tranquilles). Je suis retournée à Montmartre après plus de cinq ans sans visite. On s’est trouvé un chouette restaurant de cuisine française Le basilic, rue Lepic où nous avons été très bien reçus par le patron.

La décoration de cet ancien bureau des postes avec sa cheminée classée, sa pendule avec pierres précieuses et surtout ses plats à poissons m’ ont rappelé la maison en colombages noirs et blancs de mes grands-parents en Seine-Maritime. Dans la rue Joseph de Maistre, il y a deux bonnes adresses à partager : La Bossue pour le goûter et Terrasse Hôtel pour la vue inoubliable sur tout Paris.

A l’heure où je vous parle, l’air est polaire, il y a beaucoup de vent.

Mais le soleil m’éblouie dans le salon. Et le printemps est dans un mois !

Une vie heureuse, ne pas laisser la déportation noircir toute une vie.

J’ai découvert le témoignage de Ginette Kolinka grâce à la télévision à chaque sortie de l’un de ses livres : Retour à Birkenau et Une vie heureuse, écrits avec Marion Ruggieri, publiés par Grasset. Son fils unique est Richard Kolinka, le batteur du groupe mythique Téléphone.

J’ai dû mal à lire les récits de déportés car ces lectures me donne des cauchemars. Ca me débecte quand l’Homme fait des crasses abominables aux autres. Voici une longue interview menée par Laurent Ruquier lors de la sortie du livre Retour à Birkenau.

Je trouve ça formidable que les youtubeurs comme Guillaume Pley, Jeremstar ou Hugo décrypte interviewent également des anciens déportés.

Je remercie les éditions Grasset pour l’envoi de ce livre en service de presse.

La plupart sont nonagénaires et ils n’ont pas tous la vitalité de Ginette Kolinka à traverser la France entière pour aller témoigner dans les classes de primaire ou dans les collèges- lycées.

Pour préparer cet article, je passe toute ma semaine à visionner ses interviews. J’y réfléchis quand je marche dans la rue et que je tombe sur une plaque commémorative dorée dans ma ville : Fontenay sous bois

Droits réservés Gunter Demnig

Ginette Kolinka a écrit ses deux autobiographies avec Marion Ruggieri, journaliste à Elle et chroniqueuse du magazine C’est à vous sur France 5. Il émane une belle complicité entre les deux femmes.

Elles sont venues sur le plateau de l’émission avec Richard Kolinka, son fils. J’ai trouvé cela fort intéressant d’avoir le regard d’un enfant de déporté car c’est un lourd contexte familial pour un enfant.

Ce livre regorge de flash-backs incessants entre différentes périodes de la vie de Ginette. Mais son récit est parfaitement fluide, elle nous guide à travers les années sans encombres.

Cette autobiographie, c’est le portrait d’une famille française du 20eme siècle. Le père de Ginette a combattu pendant la première guerre mondiale. Il fabriquait des imperméables dans son atelier, rue Jean-Pierre Timbaud dans le 11eme arrondissement. Leur famille tenait depuis des décennies un stand de bonneterie sur un trottoir de la Villette.

Ginette raconte que c’est l’amour de son travail qui l’a sauvée ainsi que l’insouciance qu’elle a retrouvé dans les fêtes au Balajo avec son futur mari. J’aime beaucoup la reproduction de sa photo de mariage en noir et blanc dans le livre. Elle est rayonnante aux côtés de son mari. C’est une belle revanche sur ses années de déportation d’où elle est revenue la peau sur les os (elle pesait 26 kilos).

Au lieu de me galérer à résumer ce livre, je laisse la parole à Olivia de Lamberterie, que je considère comme l’une des critiques littéraires les plus douées. C’est la meilleure ambassadrice des libraires !

Retour à Birkenau et Une vie heureuse sont des textes courts mais intenses, avec des mots bien choisis. Ils ne transpirent aucune haine, ni aigreur. Ginette Kolinka transmet à ses lecteurs sa joie de vivre, un très beau pied de nez à une dictature haineuse qui a tenté de la décimer quand elle avait dix-neuf ans.

Elle raconte en toute sincérité les mécanismes de protection qu’elle a mis en place inconsciemment pour survivre psychologiquement et physiquement dans les camps de la mort. Elle était habituée à travailler dur sur les marchés dans sa jeunesse et a mis son cerveau en pilote automatique pour ne pas laisser ses émotions et ses sentiments la submerger.

Cela m’a beaucoup marquée qu’elle préférait être seule dans le camp. Elle a réalisé que c’était une double peine terrible de partager la déportation avec une mère ou une sœur.

Ce n’est pas simple de voir sa maman complètement nue surtout dans les années 1940 où l’on était d’une grande pudeur, de s’inquiéter sans cesse qu’elle tombe malade ou d’avoir du mal à partager son pain quand on a tellement faim.

Elle raconte aussi ses camarades de détention : Simone Veil, Marcelline Loridan-Ivans avec qui elle pose en photo lors de nombreuses commémorations. A leur retour des camps, rien n’était prévu pour soutenir psychologiquement les rescapés des camps. Ginette est rentrée toute seule chez elle après avoir attendu des jours et des jours à l’hôtel Lutétia d’inutiles vérifications d’identité.

Le moment où elle retrouve sa maman et ses sœurs qui n’ont pas été déportées, est terrible. Elle a vu tant de morts dans les camps qu’elle ne prends aucune précaution pour leur apprendre que le père de famille et le petit frère ont été gazés dès leur arrivée à Birkenau.

La meilleure des thérapies pour elle fut de retrouver ses cinq sœurs qui avaient la vingtaine et qui aimaient sortir par instinct de vie pour oublier la guerre et ne pas saboter leur jeunesse.

Je dédie cet article à ma grand-mère Annette et Ma Tante Julienne. Elles sont nées en 1920 et en 1937 dans le Pas de Calais. Elles n’ont pas été déportées mais elles ont vécu la faim, les bombardements incessants dans une zone à risque, l’exode sur les routes de France. Et aussi, un petit clin d’œil à ma copine Alix qui fait un travail remarquable de médiation culturelle auprès des scolaires.

Elles m’ont transmis l’amour de la vie, rire et profiter de tout ce que nous pouvons vivre de beau ! Le plus beau cadeau qu’on puisse faire à un enfant pour l’aider à se construire.

J’ai aimé ce livre car cette arrière grand-mère donne de la force à toute sa famille. Son appartement est une boite à trésors, on s’y ressource en 2023 pour affronter une société actuelle brutale, clivante.

Les personnes lumineuses comme Ginette Kolinka sont les repères d’une humanité bien inspirée.

Retrouvez-ici mes meilleurs articles consacrés à l’Histoire et aux autobiographies :

-Les Parisiens durant l’Exode, une expo du musée de la Libération

-Une reine, être une femme dans le mellah de Casablanca dans les années 1930

Je suis allée voir Astérix et Obélix, l’empire du milieu de mon plein gré… et c’était un bon moment de détente bon enfant !

Je pense que si on écoutait les critiques de cinéma, on passerait à côté de bon nombre de comédies françaises ! J’y suis allée le premier samedi des vacances de février donc hier, avec mon mari, au cinéma Le Vincennes. C’était la séance des familles avec des enfants de sept- huit ans et ils avaient l’air de passer un bon moment.

La bande de Guillaume Canet : Gilles Lellouche, Marion Cotillard, Jérôme Commandeur avoisine désormais la cinquantaine. Ils sont devenus parents comme moi. Après Les petits mouchoirs et Les infidèles, ils varient désormais leur registre avec ce film très grand public. Avec Astérix, on retourne tous en enfance.

Alors certes, le scénario connait de nombreuses lacunes car ce n’est pas une adaptation d’un album de BD des aventures d’Astérix et Obélix. Mais la magie opère quand même. Astérix est une œuvre patrimoniale depuis soixante ans.

Chacun a lu les albums de BD en vacances au fond du grenier quand il était petit. Comme cette BD a été traduite dans des milliers de langues, elle a aussi séduit d’autres enfants du monde entier comme Zlatan ou mon mari.

J’ai trouvé des exemplaires d’Astérix en bulgare dans une brocante à Sozopol, Bulgarie cet été. C’était marrant car Sozopol c’est vraiment une ancienne cité antique. La boucle était bouclée !

Ce film réussit son pari : celui de nous faire vivre un bon moment de détente au cinéma. Chacun imagine le village gaulois comme il le veut. Moi j’étais curieuse de voir la poissonnière, la femme d’Ordralphabetix : Ielosubmarine jouée par un visage très connu du cinéma français. C’est la boulangère parisienne d’Emily in Paris.

C’est un film choral qui réunit bon nombre de célébrités de l’humour, du sport, de la chanson : Big Flo et Oli, M, Angèle, Florent Manaudou, Zlatan… Je ne comprends pas pourquoi les critiques du film critiquent cela alors que c’est l’essence du film.

Tous ces personnages secondaires avec des noms marrants enrichissent le jeu comique. Les deux petits généraux chinois Dancing queen et Riqi qi sont les deux méchants de l’aventure. César joué par Vincent Cassel est parfait !

Les deux actrices asiatiques qui jouent la princesse chinoise et sa garde du corps sont très élégantes dans leur jeu, leurs gestes de kung fu. Leur noblesse tranche avec ces deux vieux garçons gaulois bien lourdeaux flanqués de Graindemaïs, marchand phénicien aussi veule que bête.

Même si Uderzo et Goscinny n’ont pas envoyé leurs héros de papier en Chine, c’était une bonne idée d’inventer une histoire d’Astérix dans l’empire du Milieu.

La bataille finale en costumes, avec les chevaux et l’impératrice qui débarque avec toute son armée (comme dans Astérix et Obélix, mission Cléopâtre). Tout fonctionne pour nous plonger dans l’époque antique.

Il y a vingt ans sortait au cinéma Astérix et Obélix, mission Cléopâtre. J’avais quinze ans. Tous les ados de Valence étaient dans la salle 12 du Pathé flambant neuf de la ville. L’humour Canal+ associé à l’Egypte fonctionnait à fond avec les ados.

En 2023, Guillaume Canet touche les enfants avec un conte qui se déroule dans l’empire du Milieu. C’est la magie intemporelle d’Astérix depuis plus de soixante ans !

Retrouvez ici mes précédents articles consacrés à Astérix mais aussi Tintin, mes deux titres BD favoris depuis trente-cinq ans !

On a testé en famille l’exposition Tintin, une aventure immersive à L’atelier des lumières

-Astérix fête ses soixante ans !

René Goscinny, génie français de la BD occidentale !

Un chef d’œuvre dans mon frigo : La laitière de Vermeer.

Depuis que je suis enfant, j’aime les tableaux. Deux œuvres m’ont particulièrement marquée : La laitière de Vermeer et les sérigraphies de Marilyn Monroe par Andy Warhol. Puis le pop art m’a lassé, la reproduction en produits dérivés de la société de consommation, ça va bien cinq minutes !

Alors que les scènes de genre de Vermeer du 17eme siècle sont intemporelles. Je suis sûre qu’elles seront encore iconiques au siècle suivant.

Il se trouve que la semaine où j’ai commencé à rédiger cet article, Paris-Match présentait en couverture une nouvelle exposition au Rijksmuseum consacrée à Vermeer.

Les nouvelles technologies aident à percer certains secrets de peinture !

En 2017, je me suis fait un cadeau : une conférence sur l’exposition Vermeer et les maîtres de la peinture de genre à l’auditorium du musée du Louvre.

Le prix de l’exposition était exorbitant pour douze tableaux présentés et il y a eu des couacs dans la gestion des flux de visiteurs. C’est ce que je reproche au musée du Louvre : ils organisent des expositions très mainstream avec des peintres super stars comme Vermeer puis Léonard de Vinci. Et c’est le vrai bazar logistique.

Je pense que Vermeer touche beaucoup de gens à travers les siècles car il propose une représentation faussement anodine du quotidien. Il fait poser une laitière absorbée par la préparation du pain perdu (miam ! mon péché mignon) dans une arrière cuisine très froide et sans artifices : on voit les clous fixés dans le mur de chaux.

Pourtant, tous les éléments du décor sont mis en scène de manière savante : le carreau cassé de l’arrière cuisine, le miroir de profil. Elle porte un justaucorps jaune en cuir, les manches retroussées montrent ses bras en plein travail.

J’aime beaucoup La jeune fille à la perle également mais il s’agit d’un véritable portrait, un modèle qui pose. D’ailleurs, on ne sait pas qui est cette fameuse jeune fille. Est ce que c’est une servante comme le suggère Tracy Chevalier dans son roman ou une des filles de Vermeer ?.

Il peint des servantes comme des reines. Les nymphes, déesses de la mythologie ou encore les riches aristocrates que l’on voit depuis très longtemps dans les tableaux de la Renaissance en Italie ou en France ne suscitent pas la même sympathie…

Je pense que ses tableaux parlent aux gens mieux que les nombreux portraits de riches mécènes. Ceux qui commandent les tableaux viennent des élites.

Vermeer masque les inégalités sociales par la lumière. Je suis subjuguée par l’idée que des femmes de l’aristocratie ont pu reconsidérer autrement leurs servantes à travers des tableaux de maîtres.

Le roman La jeune fille à la perle explique très bien ce changement de statut quand le maître hollandais choisit comme modèles des domestiques.

L’arrière cuisine en ville, c’est là où le degré social est le plus bas. Or Vermeer utilise une composition triangulaire comme les Vierges de Raphaël.

Il a le génie de se distancier de la ligne égrillarde, de l’image provocante des filles de cuisine, à qui on prête surement à tort une grande disponibilité sexuelle. Il monumentalise son modèle grâce à des artifices très efficaces : la lumière, la composition…

Pour moi, La laitière est carrément un tableau politique à la gloire de l’apogée économique hollandais au 17eme siècle. Vermeer a peint une figure nourricière exaltée par la grâce de la lumière.

Le pain est un symbole de la réussite des Pays-Bas alors que la France de Louis XIV connaissait alors des famines. La France était alors majoritairement rurale alors que la Hollande est plus citadine.

Mais la France voue une véritable admiration au peintre hollandais. Après une première exposition au Louvre en 1966, cette pastorale devient une star du rayon frais en 1973 avec une marque du groupe Chambourcy.

J’ai beau chercher d’autres œuvres d’art, je pense qu’il s’agit d’un fait unique dans l’histoire du marketing alimentaire. J’achète ces yaourts pour le tableau en premier !

Visiter Delft, ville européenne influente au 17eme siècle

Droits réservés Holland.com

Tout le monde vante la beauté d’Amsterdam comme étant une capitale européenne à absolument visiter. Curieusement, je suis plus attirée par une visite à Delft. Son architecture me rappelle beaucoup Bruges en Belgique…

Delft est renommée car c’était la ville de Vermeer et aussi pour sa fameuse faïence bleue, renommée dans toute l’Europe. Les Hollandais étaient leaders dans le commerce international avec des comptoirs commerciaux dans les Indes.

Je garde un vrai souvenir de la cuisine toute bleue de la maison de Claude Monet à Giverny. Je pense que la manufacture de Rouen qui les a réalisé a été inspirée par Delft.

Depuis longtemps, j’avais à coeur d’écrire cet article car La jeune fille à la perle est un de mes crush lecture. J’aime énormément comment la vie quotidienne au 17eme siècle est décrite : les servantes qui vont chercher de l’eau dans le canal pour faire le ménage…

Je vous invite à lire mes carnets de voyage urbains à Lille et Anvers. L’architecture flamande est vraiment caractéristique de l’identité européenne. J’ai hâte de visiter le beffroi d’Arras dans le Pas de Calais, les grand places sont vraiment extraordinaires et j’aime les façades de maisons avec pignons à gradins.

Pas étonnant que ce soit les images choisies pour les cartes de Noël. Si je ferme les yeux un soir de marché de Noël sur une de ces grand places, je me retrouve direct dans mon imaginaire avec le conte La petite fille aux allumettes

Balades architecturales à Paname #1 : L’hôtel Gaillard

Depuis que je suis allée à Lille à Toussaint, je suis en mode focus architecture médiévale… et un samedi j’ ai trouvé une pépite. Je rentrais du Noël de l’entreprise de mon mari dans le 17eme arrondissement. J’étais en poussette avec ma fille, on cherchait l’arrêt du bus 20,boulevard Malesherbes et paf…

Je tombe sur cet hôtel particulier totalement dingue !

Il s’agit d’un bâtiment néo-Renaissance construit dans les années 1878-1882 pour un collectionneur d’art médiéval. C’est une copie de l’aile Louis XII à Blois, un des plus beaux châteaux de la Loire.

A l’heure où Paris était transformé par les travaux d’urbanisme du baron Haussmann, ce mécène éclairé : Monsieur Gaillard a voulu aller à contre-courant. Il a mis à l’honneur les boiseries, les clochetons, les fenêtres à meneaux….

Bref tout ce que j’aime.

Depuis 2019, cet hôtel particulier, à deux pas du parc Monceau, est devenu la cité de l’économie. Normal pour un bâtiment de la Banque de France. C’est un musée de société à ne pas manquer. Une idée de visite qui change de l’Opéra Garnier, la tour Eiffel et tout le toutim pour ceux qui connaissent Paris par coeur…

Ils proposent même des activités pédagogiques pour les enfants comme fabriquer un billet de banque.

Si vous aimez les bâtiments médiévaux, je vous recommande également la visite de l’hôtel de Sens au métro Pont-Marie. C’est l’un des plus beaux vestiges de l’architecture civile médiévale. Il a été construit au 15eme siècle pour un riche prélat du duché de Bourgogne dans le Marais.

La reine Margot y a vécu quand le roi de France Henri IV l’a laissé tombé pour une autre femme plus vertueuse : Marie de Médicis. La légende dit que c’était la grosse fiesta tous les soirs dans cet hôtel particulier pendant son séjour.

Je connais cet endroit car la mairie de Paris l’a rénové pour y installer une superbe bibliothèque dédiée à l’histoire de l’art.

J’aime bien cette nouvelle rubrique : Balades architecturales dans Paname… que j’ai bien envie de développer dans le blog. Le principe est simple. Depuis quinze ans, j’habite Paris et sa banlieue. Quand une architecture me cueille au coin d’une rue, je vous en ferai part pour raconter un peu son histoire et en quoi elle est exceptionnelle.

Je sais déjà que le prochain article de cette rubrique sera consacré à l’Institut d’art et d’archéologie, avenue de l’Observatoire. J’aime vraiment le spot avec son combo : jardin du Luxembourg, fontaine des quatre parties du monde et ce bâtiment hors du commun !

Retrouvez-ici mes derniers articles :

-On a testé en famille l’expo Tintin, l’aventure immersive à l’Atelier des lumières

-Une reine, vivre dans le mellah de Casablanca dans les années 1930

– Tant pis pour l’amour, une BD qui met un gros scud à la manipulation dans nos relations.

*Merci à DD expert du 17eme arrondissement et relecteur efficace !