Plaidoyer pour une alliance conjugale à durée indéterminée.

Cet article me tient à cœur depuis longtemps mais je pèse et sous-pèse chacun de mes mots : terrain miné. Je suis persuadée que ceux qui enchaînent les conquêtes amoureuses sont vraiment déçus de l’amour et s’endurcissent pour ne pas souffrir de nouveau.

Je lis beaucoup Le Monde et un article m’a fait bondir : En finir avec le couple et l’exclusivité sexuelle… Déjà que les repères deviennent de plus en plus flous au nom de cette sacro- sainte liberté dans le couple prônée depuis Mai 1968 alors là c’est vraiment la jungle… On se plaint de la violence dans le couple mais si on explose tous les cadres, les repères, s’il n’y a plus aucun code de bonne conduite comme le respect mutuel, la loyauté, le consentement… ?

J’ai écouté il y a peu l’intervention de Marine d’Allancé et Gilles Boucomont qui dialoguaient à l’église protestante-unie de Belleville sur le thème des relations amoureuses dans le cadre de la soirée inaugurale du groupe de jeunes JBC.

Il faut distinguer la foi de la religion. Ce sont les religions qui voient la sexualité d’un mauvais œil, Dieu non. Dieu n’est pas une grenouille de bénitier, il encourage homme et femme à prendre du plaisir ensemble, à être féconds dans un cadre sécurisant : celui de la conjugalité.

S’engager envers quelqu’un: c’est le choisir et s’y tenir !

Un jour, quelqu’un m’a dit en rigolant qu’elle vivait dans le péché depuis trente ans car elle n’était pas mariée. Je me suis dis « Mince, j’espère que ce ne sont pas des chrétiens qui lui ont tenu ce discours« … Alors je lui ai répondu que l’engagement que son conjoint avait envers elle et leurs deux enfants sautait aux yeux et que Dieu aimait cet engagement exclusif . Ce ne sont pas les tambours et les trompettes qui font l’engagement, mais l’attitude de cœur. Proclamer des promesses devant le maire puis le pasteur et ensuite mener une double vie pleine de tromperies en tout genre, voilà le péché.

Je n’écris pas cet article pour trier les gens, juger à la louche de qui fait bien ou qui fait mal. J’écris cet article en tant que public cible de toutes ces publicités racoleuses que je vois dans le métro, ces articles pseudo-libertaires que je lis dans des magazines féminins de moins en moins inspirés…

Droits réservés Albin Michel

Il y a quelques années, j’ai lu un livre marquant Une jeunesse sexuellement libérée ou presque écrit par Thérèse Hargot. La thèse de cet essai est que la liberté sexuelle héritée de Mai 1968 est plus aliénante que structurante pour les adolescents. Dès le plus jeune âge avec le porno à haut débit, la sexualité est vue sous l’angle de la performance et ça n’est guère épanouissant. On se plaint du monde du travail qui pressurise mais si on se fixe des sacrés objectifs au lit, cherchez l’erreur.

J’aime beaucoup l’approche de cette femme qui est à la fois sexologue et philosophe. Elle reçoit beaucoup dans son cabinet et j’en conclue qu’on passe beaucoup à l’action mais qu’on peine à mettre des mots sur ses sentiments, ses émotions. Le cadre d’une thérapie peut aider à mieux se connaître soi même, prendre autorité sur son identité au lieu de laisser Elle, Cosmopolitan ou Biba nous définir comme polyamoureux, pansexuel ou autre metrosexuel, autant de concepts fumeux qui me laissent totalement dubitative.

Poly-amoureux ou juste opportunistes ?

Les algorithmes sur les sites de rencontres ont transformé les personnes en marchandises plus ou moins attrayantes. Adopte un mec ne prend d’ailleurs même plus la peine d’inscrire un slogan ou un logo sur ses publicités. Un petit caddy et on a tout compris.

Droits réservés Adopte un mec

Étiqueter quelqu’un comme un plan cul ne choque plus personne. Le sexe désincarné est alors vu comme un loisir très addictif alors qu’il y a forcément des liens d’âme qui se créent quand on s’aventure sur un terrain aussi intime que la sexualité.

Les liens d’âme ce sont des attaches émotionnelles à quelqu’un par nos sentiments, nos désirs, nos émotions. Il y a aussi des liens d’âme constructifs et structurants : l’attachement affectif des parents à leur enfant pour l’aider à grandir et se débrouiller tout seul un jour…

On parle beaucoup de relations toxiques, de pervers narcissiques actuellement, mais ce ne sont que les fruits de l’arbre : les liens d’âme. Quand on collectionne les conquêtes sexuelles, le piège de la comparaison systématique nous pend au nez, on fantasme sur tel ou tel scénario érotique, on se trompe de prénom au lit…

Liliane et José de Scènes de ménage m’attendrissent quand ils se désolent de ne pas arriver à être échangistes, ça me fait rire mais je me dis « quand vont-ils comprendre que l’ exclusivité affective et sexuelle il n’y a rien de mieux… »

Le mariage, ça ne cimente pas que la bourgeoisie !

Même dans une société moderne où la religion n’a plus la première place, le mariage est beaucoup plus valorisée qu’un pacs ou une union libre. Un couple marié obtiendra plus facilement un logement social ou un prêt immobilier.

Je vous encourage donc à vous marier avec quelqu’un de fiable et de persévérant, qui se découragera pas de vous si vous prenez du poids, que vous tombez malade ou que vous ne progressez pas dans votre carrière.

Nul besoin d’attendre des années ou de souscrire un crédit à la consommation pour pouvoir se marier. On n’est pas dans l’émission toute pourrie Quatre mariages pour une lune de miel sur TFI. Un mariage c’est un super beau moment à vivre avec sa famille et ses amis. Tous ceux que vous aimez viendront le jour de votre union car cela a du sens alors qu’on peut louper la grosse fiesta des trente ans ou les quarante ans d’un pote.

Trois mois plus tard, plus personne ne se rappellera de ce qu’il a mangé en entrée, de la couleur de vos plans de table ou la manière dont vous avez organisé les fleurs… On s’en fout carrément. Les souvenirs qui resteront à vos invités, ce sont les émotions partagées, les promesses échangées.

Je dédie cet article à mon premier lecteur avec qui je fête six ans de mariage cette semaine et à un couple d’amis cher à mon cœur qui s’est marié jeudi en petit comité à cause de l’épidémie : tous mes vœux de bonheur à Rebecca et Mike !

Mes coups de cœur livres sur ce sujet !

Vivre sa jeunesse autrement de Joseph Gotte, éditions Première partie

Vous allez dire oui à qui ? Gary Thomas, éditions BLF

Aimer sans dévorer, vivre le confinement libres

Aimer sans dévorer, c’est le titre d’un livre de Lytta Basset, pasteure suisse spécialisée dans la relation d’aide. En ce moment, le confinement accentue des phénomènes déjà dramatiques de violences familiales.

 » Le confinement c’est déja suffisament pénible alors si on se fait taper dessus…  » voici ma réflexion la plus prosaïque mais qui vient du cœur quand j’ai reçu cette vidéo dans ma boite mail.

Ce sont l’Association des familles protestantes associée aux éditions Empreinte temps présent qui ont réalisé ensemble cette vidéo. J’ai bien reconnu l’une des voix-off, c’est l’un de mes collègues, Damien !

Cela me donne la triste occasion de vous parler d’un petit livre très bien fait : Le décodeur des violences psychologiques et aussi de vous conseiller d’autres livres de qualité.

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Ce petit livre m’a été offert par une amie Valérie, qui fait de l’accompagnement spirituel dans le cadre de son travail. Edité par un éditeur très grand public, il définit en quatre grandes parties les ressorts de la violence psychologique : ses origines, ses mécanismes, ses répercussions et enfin comment en guérir.

J’ai beaucoup aimé les témoignages courts et bien choisis pour encourager les gens à se sortir de cette spirale infernale. Il faudra beaucoup d’écoute et de bienveillance à ceux qui recueillent leurs confidences tant le mécanisme d’emprise est aussi tenace et fourbe que le coronavirus en action !

Je regrette un peu le format de ce livre qui n’est pas du tout pratique à lire quand on veut se concentrer un minimum mais je loue son petit prix et sa large diffusion dans toutes les grandes surfaces culturelles. La violence psychologique touche toutes les catégories sociales mais tout le monde n’a pas les mêmes armes économiques pour s’en protéger.

Pendant ce confinement, j’ai lu et relu la série de livres Sauveur et fils qui raconte le quotidien d’un psychologue antillais Sauveur, ses patients (des enfants en majorité) et sa famille recomposée.Sauveur et fils saison 4

Commencer une thérapie a un coût financier non négligeable mais c’est aussi un beau cadeau à s’offrir pour dénouer des circonstances empoisonnantes, discerner qui nous casse les pieds régulièrement et surtout découvrir nos forces et accepter nos faiblesses.

Même si on manque de moyens financiers, nous avons la chance de vivre dans un beau pays où la solidarité et l’entraide sont valorisés avec des numéros verts, une prise en charge psychologique gratuite par des associations ou mêmes des ministères d’églises , formés en relation d’aide.

Réaliser un mécanisme d’emprise est très difficile et très long à vivre, c’est la partie la plus difficile du chemin selon moi. En tant que libraire, je me retrouve de plus en plus souvent à conseiller des livres à des familles où il y a des problèmes d’anorexie ou de harcèlement scolaire, des employées qui subissent de plus en plus de pressions morales de leurs supérieurs ou de leurs collègues, des conjoints qui cherchent à faire repartir leur couple…

Quelques livres qui apportent une aide sur les mécanismes d’emprise :

Comment gérer les personnalités difficiles, Christophe André et François Lelord.

Ensemble contre les violences conjugales, Empreinte temps présent.

 

La détente au temps du coronavirus

En ce moment, je n’ai aucune envie de bloguer et je me méfie du travail de sape des écrans, entre notre impossibilité à nous évader l’esprit dans les parcs parisiens et lire des nouvelles anxiogènes, bonjour la sinistrose !

Puis j’ai changé d’idées. Comptant sur ma petite expérience du désœuvrement organisé (cinq mois de chômage en 2016, trois mois de congé maternité beaucoup plus réjouissants en 2019), je me rends compte que j’ai appris comment organiser mon temps quand il s’allonge à l’infini, que l’ennui commence à se faire sentir et qu’ il n’ y a aucune date butoir à l’horizon.

Ce confinement est une épreuve morale pas simple à vivre, donc j’espère que cet article t’aidera à vivre cette période comme une épreuve certes mais avec de nombreuses choses positives apprises sur toi ! Note bien que ce sont des conseils basés sur mon expérience personnelle et chacun a ses propres défouloirs.

Mon premier conseil est quel est ton défouloir ?. Moi j’ai remarqué que ma respiration, mon rythme cardiaque ralentissent de façon beaucoup plus agréable quand je regarde des vidéos Plan with me spécial Bullet journal sur Youtube. Pas plus que trois ou quatre parce que ma fille m’appelle de manière insistante rapidos et avec les publicités et les formats courts des vidéos, la détente fuit vite comme une voleuse !

Cherche où se trouve ta vraie détente et à quel rythme. Tout est une question de rythme. On parle beaucoup de burn-out dans notre société ultra connectée et hyper pressée. Avec mon mari, nous nous sommes aperçus que depuis la rentrée, nous vivions comme des robots en tant que jeunes parents avec une cadence assez intense chaque semaine. Le changement de rythme a été un peu déstabilisant les deux premiers jours du confinement, mais on s’y est très vite adapté.  Et si ce confinement avait du bon pour nous aider à discerner quelles mauvaises habitudes chronophages nous voulons virer de nos vies ?

Retrouver le bon timing avec Dieu

J’ai lu un très bon livre Reset, vivre la grâce à l’ère du burn-out de David Murray, édité par Ourania. Tout est une question de rythmes. Même si la société va très vite (elle est bien ralentie la société speedée en ce moment), même si l’ultralibéralisme dicte ses codes, nous avons beaucoup plus de choix et de moyens pour résister à cette pression et cette cadence infernale. Mais pas tout seuls. Nous avons besoin de l’aide de Dieu, elle est déterminante.

Sans son aide, je serai toujours en panique à courir après un bus avenue de l’Opéra pour ne pas arriver en retard au travail chaque matin. On se moque des hamsters qui courent comme des tordus dans la roue de leur cage mais il y a un petit air de famille non?.

J’ai bien aimé le post Facebook d’une amie, Charlotte qui vit le confinement en Italie. Elle raconte sa matinée type, qu’à chaque jour suffit sa peine et qu’elle se rend compte qu’elle apprécie certains aspects de ce mode de vie temporaire.

A chaque jour suffit sa peine

 » Ne vous mettez pas en souci du lendemain, car le lendemain aura souci de lui-même; à chaque jour suffit sa peine  » . Cette expression devenue proverbiale est une parole de Jésus prononcée dans l’évangile de Matthieu, dans le Nouveau testament. C’est un texte que nous avons choisi comme lecture lors de notre mariage car je le considère comme un principe de vie indispensable pour ne pas vivre dans la peur et l’insécurité.

Nul n’est prophète en son pays

Ces paroles d’ Évangile aux origines de nos formules familières.

Denis Moreau, éditions du Seuil.

2020, 19€50

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En temps normal, j’aime dessiner dans mon bullet journal avec des feutres Tombow, mes projets de sorties, les films que j’ai envie de voir au cinéma ou les livres que j’ai envie d’emprunter à la bibliothèque. Saut que patatras, il y a toute une routine à réinventer et on ne sait pas pour combien de temps.

A chaque jour suffit sa peine devient mon leitmotiv pour ne pas craquer nerveusement et devenir vraiment pénible pour ma famille. Je me refuse de me projeter dans une date de fin de confinement car je n’ai aucune prise sur cela et la frustration n’en serait que plus douloureuse et amère. Protégeons-nous, ce confinement est une épreuve personnelle pour rester en bonne santé physique et morale. Cherchons la source de notre contentement, nous avons du temps devant nous, saisissons-nous de ce cadeau !

Dans un prochain article, je vais te raconter ma passion pour le Bible journaling : tenir un journal artistique dans un carnet Moleskine chaque jour. J’ai fini de lire la Genèse et j’ai bien entamé les premiers chapitres de l’Exode.

Voici un petit aperçu :

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Pour terminer cet article, je mise surtout sur les activités manuelles et la lecture, la cuisine. Lire un bon bouquin me détend beaucoup mieux que lire mon smartphone et errer de sites Internet en sites Internet.

Je regarde une seule série Netflix : Grace and Frankie et encore un soir sur deux. Il n’y a rien de mieux qu’un bon livre, je m’en suis aperçue pendant mon congé maternité, le rythme cardiaque ne s’affole plus, on est plus détendue et disponible pour ses enfants !

 

Charlie, monte le son ou la préadolescence 2.0

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Comme j’ai fini de regarder ma série favorite Call the midwife, j’errais comme une âme en peine sur la plateforme de Netflix car je suis très exigeante pour choisir une série. J’aime les séries historiques avec de solides portraits psychologiques des personnages, un scénario qui tient la route pour décrire la société de l’époque… Bref, il faut que je sois accrochée à l’intrigue le temps de trois, quatre ou cinq saisons au moins.

Force est de constater que ce sont les séries anglaises qui ont ma préférence : ils ont de très bons acteurs qui ont souvent une formation théâtrale comme Kate Winslet par exemple, ils savent construire des histoires passionnantes autour de l’aristocratie anglaise et de la famille royale (The Crown) et ils ont une élocution british très agréable à suivre en version originale sous-titrée (ils ne mangent pas leur mot comme leurs cousins américains)

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Idriss Elba est l’un d’eux. Je n’avais vu aucun de ses films auparavant, je l’ai découvert lors du mariage du prince Harry et de Meghan Markle. Il a un visage de cinéma très expressif un peu comme Jean Dujardin, capable de jouer une comédie comme un drame. D’ailleurs, c’est tout l’intérêt de cette série Charlie, monte le son dont il est l’initiateur. Il est le héros d’un rôle totalement à contre-emploi : nannie d’une petite fille riche.

Le résumé :

Charlie Ayo est un trentenaire londonien d’origine nigériane. DJ ayant connu son heure de gloire, il a disparu des spotlights par excès de confiance en abusant de la drague et de la drogue. Son meilleur ami David, acteur célèbre aux Etats-Unis revient à Londres avec femme et enfant pour apporter une stabilité familiale à leur petite fille Gabrielle.

Mais la carrière florissante de sa femme Sara, DJ international n’est pas compatible avec une vie de famille. Son staff composé de femmes ambitieuses : Astrid, sa manageuse, Tommy son second empêchent tant bien que mal l’épanouissement d’une relation mère/ fille de qualité.

C’est finalement Charlie Ayo, ce grand black musclé aux faux airs de Maître Gims, qui va apporter amour et stabilité à cette petite fille de dix ans Gabrielle. Elle est totalement imbuvable car délaissée par ses parents. Charlie va t’il l’aimer d’une manière gratuite et désintéressée ?

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Mon avis :

C’est une série assez gonflée et très contemporaine qui joue sur l’inversion totale des rôles. Avec Turn up Charlie, ce sont les femmes qui ont le pouvoir. Sara a plus de notoriété et d’argent que David, son mari. C’est grâce à elle que Charlie pourrait relancer sa carrière.

Les femmes qui gravitent autour d’elle ont bien compris l’emprise qu’elles peuvent avoir sur les hommes et elles ne s’en privent pas. Alors que le personnage de Sara est plus étoffé, elle cherche à être une bonne mère et culpabilise quand elle se plante avec sa fille : quand elle loupe la rentrée des classes parce que ses mauvais génies Astrid et Tommy lui font comprendre qu’avoir un enfant c’est naze.

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Copyright Netflix

J’ai ainsi (re)découvert l’actrice Piper Perabo, une très jolie fille qui porte de superbes tenues et coiffures branchées dans cette série. Sa beauté m’a vraiment fascinée. Son visage ne m’était pas complètement inconnu puisque je l’avais déja vue dans Coyote Girls (j’ai honte !), un médiocre film des années 2000 que l’on préférait oublier : des jeunes Américaines qui pensent revendiquer le girl power en dansant sur un comptoir de bar.

Avec cette série, on voyage entre Londres et Ibiza dans les derniers épisodes. Le manoir où habite la famille de Gabrielle est vraiment impressionnant avec son immense sauna. Charlie l’emmène dans le Londres underground aux écuries de Camden et j’ai beaucoup aimé l’épisode où la plupart des personnages passent le week-end au festival Latitude avec leurs bottes en caoutchouc et leurs pass VIP. Cela m’a rappelée le film Bridget Jones ‘s baby.

J’ai beaucoup aimé la manière dont cette série se moque des artifices du monde de la nuit et la notoriété qui fait perdre le Nord à Sara et David. Charlie et sa tante Lydia avec ses proverbes bibliques ont beaucoup plus les pieds sur terre et apporteront de la stabilité affective à une petite fille qui doit déposer ses bagages aux quatre coins du globes en fonction des tournages de son père ou des concerts de sa mère.

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Copyright Netflix

La notoriété de ses parents privent Gabrielle d’une enfance protégée, son téléphone portable l’a fait définitivement basculer dans le monde des adultes indépendants et ce n’est pas forcément une bonne chose.

Cette série raconte sur le ton de l’humour les mauvais exploits d’une petite fille riche qui se méfie des adultes et on ne peut s’empêcher de penser au destin terrible de Drew Barrymore, enfant star de Hollywood qui enchaîna les cures de désintoxication à partir de treize ans.

Une grande partie du succès de cette série repose sur les épaules de la petite Frankie Hervey, une jeune actrice britannique qui doit avoisiner les dix ans mais pas plus. Elle est touchante avec son petit air d’ Hermione Granger en uniforme scolaire. On lui donnerait des baffes quand elle appelle Charlie « Bitch » ou qu’elle manipule ses parents en les montant l’un contre l’autre.

Qui sont les véritables préadolescents dans cette série?

Ma note : 4/5 sardines

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Cette série de huit épisodes de vingt minutes chacun se regarde d’une traite. Au début, on est scié par l’audace de cette petite fille culottée qui arrose tout le public de sa maman en boite de nuit pour susciter son attention.

Le scénario connait quelques faiblesses : j’aurai aimé que la relation de complicité improbable entre Charlie et Gabrielle soit plus développée car c’est le thème central de la série. Mais on passe tout de même un bon moment de divertissement avec cette série qui caricature le monde de la nuit et l’accès toujours plus précoce des enfants aux réseaux sociaux.

Gabrielle est une crack d’ Instagram,You tube et compagnie mais elle est terrorisée de n’avoir aucun vrai ami réel avant de rencontrer Hunter, un mauvais garçon de son école.

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Belleville au coeur, un journal de rue 2.0

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Droits réservés Jéremie Henry

Savoir se servir des réseaux sociaux quand on est sans-abri ne permet pas de sortir de la rue rapidement mais cela aide pour interpeller les gens. Surtout quand un tweet donne naissance à un livre : Belleville au coeur.

Christian Page s’est fait connaître par un tweet relayé 2000 fois où il dénonçait les barrières en fer anti-sdf sur les grilles d’air chaud ou encore quand un employé municipal l’a trempé volontairement un matin, Anne Hidalgo, maire de Paris, s’est excusée personnellement sur son compte Twitter…

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Les dispositifs anti-sdf en ville. Pas beaucoup de différence avec ceux contre les pigeons.

Comme quoi, Twitter n’est pas seulement un canal où l’on déverse sa haine, l’anonymat permet aussi de tendre la main. L’auteur raconte le geste de cette jeune femme inconnue qui lui a envoyé plusieurs fois de beaux colis, un homme l’a délogé de son abri de fortune pendant le grand froid pour lui offrir une nuit d’hôtel, la standardiste de l’hôtel lui a proposé gentiment de garder son sac toute une journée…

Christian Page les appelle les bons samaritains et il explique que leurs petites attentions gratuites valent toutes les douches, les repas et nuits d’hôtel.

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Belleville au coeur,

Christian Page

Slatkine et compagnie

2018

156 pages

15 €

Le résumé :

C’est le journal de rue de Christian, ancien sommelier suisse de 46 ans. Il a passé trois ans et demie dans la rue et redoutait un quatrième hiver dehors. Sa femme et son fils l’ont abandonné soudainement avec des poursuites judiciaires difficiles à vivre, et l’alcool l’a mené à la rue.

Il raconte au fil de ces 156 pages son quotidien dans le quartier de Belleville, ses frères et soeurs de rue : Nassim, Sarah, Nono et son chien Galak, Aldo, le bénévole de la mission évangélique des sans-logis, les gens qui s’entraident mais aussi ceux qui dépouillent les autres dans leur sommeil quand le RSA tombe en début de mois…

Mon avis :

C’est un livre rapide à lire tant son style est fluide, chaque chapitre n’excède pas quatre pages et donne ainsi un rythme à la lecture : on saluera le travail du contributeur Eloi Audoin-Rouzeau qui a écrit une préface pleine de tact. Il s’est senti investi d’une mission confiée par une jeune maison d’édition franco-suisse Slatkine et compagnie

Malgré les bons mots de l’auteur qui décrit ses moments un peu enchantés au parc des Buttes-Chaumont, c’est un livre éprouvant qui nous montre la violence de la rue de plein fouet.

J’avais vraiment envie de finir ce livre car il se termine bien : la géniale association Emmaüs lui trouve un toit le 6 août 2018 mais j’éprouvais de l’appréhension au fil des chapitres.

L’histoire de son ami Nassim qui perd pied en cure de désintoxication, qui se fait voler fréquemment ses affaires et à qui on refuse l’entrée à la maison de la radio pour un concert de musique classique, m’a vraiment révoltée. J’avais peur que l’auteur annonce son décès à un moment du livre. Les histoires de son amie Sarah ou encore du jeune Nono qui a pris pour sept ans de prison injustement étaient aussi sacrément rudes à lire.

« Je n’étais pas du matin mais, dans la rue, j’ai pris l’habitude de me lever aux aurores. Ça m’évite de croiser les gamins qui partent à l’école. Je ne veux pas qu’ils me voient. Je ne veux pas me voir dans leurs yeux. »

Notre regard posé sur ces milliers de personnes a son importance. Je souhaite que ce livre fasse évoluer les mentalités des personnes les plus hostiles aux sans-abris. Même les « bons » chrétiens aimants comme moi, ont des idées reçues un peu mesquines, des remarques complètement stupides : « S’il a un smartphone pour twitter, il ne doit pas être tant que ça dans le dénuement » ou alors « Trois ans et demie dans la rue, c’est rien, il y en a qui y sont depuis quinze ans ». 

Moi, je ne serais même pas capable de tenter l’expérience des journalistes de dormir une nuit sur le béton, même dans une station de métro avec le bruit et les gens qui me regardent. Hier, il neigeait à gros flocons dans Paris et j’ai pensé à tous ces sans-abris qui pataugeront la nuit dans la gadoue, avec leurs sacs de quinze ou vingt kilos qu’il faut surveiller comme le lait sur le feu…

Cela m’a rappelé le chapitre particulièrement bien écrit sur le plan grand froid quand le vent glacial qui soufflait depuis Moscou nous a glacé les os pendant une dizaine de jours en février 2018. Christian Page y raconte avec beaucoup de justesse la soupe partagée à la mission des sans-logis où tout le monde est bien conscient qu’il va vivre seul une épreuve particulièrement difficile.

L’utilité de ce livre est de changer le regard des autres sur les clochards et il a vraiment réussi son pari. Cela tient beaucoup à la personnalité de l’auteur qui dénonce la dureté de la société sans aucun misérabilisme, ni acrimonie, avec même une pointe de second degré qui le rend très sympathique dès les premières pages.

Voici une vidéo de l’un de ses passages télé où il explique avec beaucoup de recul son quotidien, et exprime simplement sa reconnaissance à l’équipe de télévision qui l’a aidé discrètement pendant le grand froid.

Ma note :

5/5 sardines

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L’auteur rend un bel hommage à la mission évangélique des sans-logis qui est son port d’attache, place Sainte-Marthe. Cette oeuvre protestante existe depuis 1965 et offre aux sans-logis des repas, des douches, une adresse de domiciliation très importante et aussi un culte chrétien.

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Même s’il était éprouvant à lire, j’ai beaucoup aimé ce livre qui montre qu’il est encore possible de se montrer fraternel malgré la violence de la rue, ce message rejoint un peu celui d’un autre beau récit que j’ai lu et chroniqué il y a peu ici : Le prince à la petite tasse. C’est le récit d’une famille parisienne qui offre l’hospitalité à un migrant.

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Il existe d’autres récits d’amitiés qui sont nées dans la rue : Humains dans la rue, histoires d’amitié avec ou sans abri, édité par Première partie ou encore Je tape la manche de Jean- Marie Roughol écrit avec l’aide de Jean-Louis Debré.

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Le film de la semaine : I feel good ou la critique de l’individualisme forcené

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J’attendais de longue date la sortie du film Le poulain : la prestation d’Alexandra Lamy en directrice de campagne aux dents longues, m’avait convaincue en regardant la bande-annonce. Mais la chronique ciné de La croix m’a plutôt conduite à aller voir le film I feel good avec Yolande Moreau et Jean Dujardin.

Un film qui fait honneur aux communautés Emmaüs, cela avait plus de sens pour moi que le cynisme des communicants de la vie politique pendant une heure trente.

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Copyright Ad Vitam

Il est bien loin le temps où l’on considérait Alexandra Lamy et Jean Dujardin comme des acteurs de télévision de seconde zone, par comparaison avec le septième art. Chouchou et Loulou ont fait du chemin (chacun de leur côté) depuis une décennie.

Ils ont donné vie avec tout leur talent à des personnages qui nous font rire, sourire, qui nous émeuvent aussi que ça soit la jeune femme handicapée, l’ un des plus beaux rôles d’Alexandra Lamy dans le film Tout le monde debout de Franck Dubosc ou le lieutenant lâche et fourbe interprété par Jean Dujardin dans le film Le retour du héros dernièrement.

La carrière cinématographique de Jean Dujardin s’est envolée avant The artist, avec les films OSS 117 et son fameux rôle de crétin. Jacques, le personnage principal du film I feel good est le digne héritier d’Hubert Bonisseur de la Bath.

C’est la première fois que je regardais un film réalisé par Gustave Kervern et Benoit Délépine. Je n’étais pas bien rassurée car mon fraternel regardait régulièrement Groland sur Canal + et autant vous dire que cet humour bien gras et scabreux n’était pas du tout ma tasse de thé.

J’ai trouvé qu’ils avaient fait preuve d’un profond respect envers la communauté Emmaüs et leur fondateur l’Abbé Pierre, ce qui leur vaut l’intérêt de la presse chrétienne.

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Photo Patrice Terraz

Le résumé :

C’est l’histoire de Jacques, un éternel ambitieux qui a été mis à la porte par ses parents en pleine crise de la quarantaine, après une vingtaine d’années sabbatiques à vivre à leurs crochets.

Des années après leur décès, il refait surface dans la vie de sa sœur Monique, qui dirige une communauté Emmaüs près de Pau. Ses parents comme sa sœur sont restés fidèles aux idéaux du communisme, Jacques lui, a cru en Bernard Tapie. Il n’ a pas le goût du travail, il cherche juste l’idée du siècle qui lui permettra de devenir très riche très vite : rendre les petites gens beaux. Il cherche alors à embobiner les compagnons d’Emmaüs pour les embarquer dans une formule low cost : faire de la chirurgie esthétique en Bulgarie….

« Tu sais que tu as un potentiel de séduction formidable.

Et si tu sortais de ta chrysalide ? « .

Mon avis :

C’était un film loufoque, absurde, parfois déprimant mais aussi avec beaucoup d’esprit, subversif pour donner matière à réfléchir sur le sens que chacun donne à sa vie. Il montre un homme aveuglé par la quête du profit, l’ argent facile. Il va droit dans le mur à vouloir gravir les marches de l’ascension sociale quatre par quatre.

Les deux réalisateurs dénoncent une société actuelle obsédée par l’apparence, la matérialité, la réussite. Avec I feel good, ce sont les ambitieux comme Jacques et son ancien camarade d’école Poutrin qui a fait fortune,  qui sont ridicules.

Les compagnons Emmaüs ont été confrontés à cette économie ultra-libérale qui ne laisse sa chance à personne. En ce qui concerne le pragmatisme et la sagesse, ils ont une bonne longueur d’avance sur Jacques et pourtant, ils ne lui donnent pas de leçons.

L’Abbé Pierre est mort en 2017 depuis plus d’une dizaine d’années, il est rare que l’on se souvienne de lui dans l’actualité médiatique. Pourtant, son oeuvre est plus que jamais un partenaire incontournable du paysage social et solidaire français et international avec ses 287 structures.

Cela me chiffonne un peu que ce film gomme toute la parenté chrétienne de ce mouvement, pour moi, on présente vraiment l’Abbé Pierre comme un altermondialiste. Ce n’est pas mal en soi d’être altermondialiste mais quand on sait qu’ aujourd’hui, cela ne veut plus rien dire d’être de gauche ou de droite, autant fonder son espoir sur les Évangiles que sur le Manifeste de Marx.

Ce grand ambitieux emmène ce petit groupe qui s’aime et se respecte sur les traces du communisme : le palais de Ceausescu à Bucarest en Roumanie, puis en Bulgarie à Buzludza.

C’est dans les montagnes, sur les hauteurs de Kazanlak, que le parti communiste a construit un gigantesque palais des congrès visible depuis la Roumanie et la Grèce. Il a été totalement vandalisé, les pilleurs ont désossé les mosaïques de pierres précieuses, tagué les fresques… Grâce à un film français, j’ai appris un peu plus de l’histoire de mon pays par alliance : la Bulgarie.

 

Ma note : 3/5 sardines

Mon avis est un peu mitigé. Gustave Kervern et Benoît Délépine ont trouvé un très bon sujet qui donne matière à réflexion : la solidarité, l’entraide comme remède à l’individualisme forcené.

Le gag final qui rend hommage à l’abbé Pierre  est savoureux. Jacques dit à son acolyte des coups foireux qu’il s’est rendu compte que les compagnons d’Emmaüs n’avaient pas besoin de chirurgie esthétique pour réussir car ils étaient beaux à l’intérieur.

C’est un film à voir mais il laisse une drôle d’impression. Je reste persuadée que le cinéma sert à enchanter les spectateurs, les aider à s’évader de la réalité et ce film comportait aussi quelques scènes peu esthétiques. On rit beaucoup avec ce film à cause de la médiocrité assumée de Jacques, magnifique Jean Dujardin !

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Profession prêtre

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C’est à travers un article dans l’hebdomadaire La vie en avril 2017 que j’ai connu l’histoire de David Gréa, un prêtre lyonnais qui a décidé de se marier . Je m’étais réjouie pour ce couple que je connaissais pas. Je me suis dit que c’était une bonne nouvelle que ce prêtre connaisse ce bonheur, au grand jour.

Six mois plus tard, je rencontre Magalie et David Gréa dans un week-end communautaire de ma paroisse.

Dans mon blog Le bal littéraire des sardines, j’affectionne aussi les essais qui questionnent la société actuellement. Cette autobiographie est l’un de mes coups de cœur littéraires de ce printemps pour son style très agréable à lire, les questions que l’auteur soulève et son talent à décrire le portrait d’une France catholique qui croit toujours en Jésus en 2018 avec foi et ferveur.

Ce sont les Arènes, une maison d’édition grand public qui a publié le livre de David Gréa. Cet éditeur donne la parole à un croyant qui cite la Bible, explique l’importance de la prière dans sa vie et raconte au grand public en quoi la messe est vivante !.

J’aime beaucoup leur ligne éditoriale puisque j’ai déjà chroniqué trois livres publiés récemment aux éditions Les Arènes : Le secret d’Adèle, Was ist das et London out of the box. C’est un bon choix d’éditeur car ce livre s’adresse au grand public, en dehors de nos milieux chrétiens.

Je suis persuadée que le prêtre a un véritable rôle de médiateur dans la société actuelle et c’est d’ailleurs le sujet central de ce livre : le récit d’une expérience spirituelle et professionnelle de dix-sept ans au service des autres.

Une vie nouvelle

Prêtre, marié, heureux

Père David Gréa,

avril 2018. Les Arènes

288 pages. 18€

Disponible à la librairie 7ici,

48 rue de Lille 75007 Paris

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Le résumé :

Avril 2017, les journaux et les radios d’informations nationaux font leurs gros titres d’un événement privé et personnel. David Gréa, prêtre médiatisé de l’église Lyon centre en pleine croissance, est contraint de quitter précipitamment sa paroisse à l’approche de son mariage civil avec Magalie.

Cette autobiographie retrace le parcours d’un homme qui a réussi avec toute une équipe de laïcs et un groupe de louange pop Glorious à opérer un véritable renouvellement générationnel dans son église en adaptant le langage religieux à ce que vivent leurs paroissiens quotidiennement.

Ce livre n’est pas un manifeste contre le célibat de tous les prêtres, il raconte une expérience personnelle qui démontre que les bancs des églises catholiques sont loin d’être vides en 2018.

Mon avis : 

J’aime beaucoup les autobiographies surtout quand elles sont bien écrites. C’est le cas de ce premier livre, ce n’est jamais évident de se raconter. David Gréa y parvient très bien dans un style fluide, empreint d’humilité et de grande sincérité.

Né juste après Mai 1968, enfant de la génération X, il raconte sa construction intellectuelle et spirituelle, héritée de son éducation issue du catholicisme social de ses parents dans la région de Lyon.

Lyon, c’est la ville d’où est partie la fameuse marche des beurs en 1986 avec le prêtre ouvrier Christian Delorme, interprété à l’écran par Olivier Gourmet dans le film La marche avec Jamel Debbouze. Ce film m’a marquée par la fraternité qu’il dégage.

David Gréa a été lui aussi un éducateur dans les quartiers populaires de Lyon, il s’attache à décrire avec vérité le quotidien d’un prêtre confronté directement à la réalité sociale, celle d’une société qui ne fait pas de cadeaux aux plus faibles.

Le prêtre apporte du lien social là où il n’y en a plus, il tente de pallier aux manquements des institutions, de s’adapter à la montée de l’individualisme dans les paroisses et parfois, il s’épuise.

J’ai beaucoup aimé ce livre qui raconte avec vérité les joies mais aussi les difficultés que rencontre un prêtre. La croissance de son église est très motivante mais elle demande beaucoup d’efforts d’engagement personnel pour écouter les paroissiens, les accompagner dans leurs difficultés ou se réjouir avec eux lors des baptêmes et des mariages, mais le soir, le prêtre se retrouve seul dans le presbytère.

David Gréa a dû se battre contre la solitude durant de longues années et son récit suscite beaucoup de compassion. Ce livre n’est pas un manifeste militant pour le mariage des prêtres même si c’est l’un des sujets centraux du livre. David Gréa raconte avec beaucoup d’estime l’écoute bienveillante de ses supérieurs, le cardinal Barbarin qui lui facilitera une entrevue avec le Pape François.

Un tribunal ecclésiastique lui a demandé de ne plus exercer son ministère de prêtre comme il s’est marié. L’une des forces de ce livre est de ne pas tomber dans le piège du livre à charge contre l’Eglise bien que ce témoignage mette en lumière l’absurdité des dogmes : exiger le célibat des prêtres est une règle mais pas une tradition biblique.

J’ai beaucoup aimé les citations de la Bible en début de chaque chapitre, elles expliquent aux lecteurs en quoi bon nombre de chrétiens comme David Gréa ou moi même, puisent dans la Bible des réponses à leurs questions, leurs choix de vie aujourd’hui.

Ma note : 5/5 sardines

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C’était une lecture passionnante à mi chemin entre l’autobiographie et l’essai de société. J’ai apprécié le fait que l’éditeur ne soit pas un éditeur chrétien spécialisé pour que ce livre touche un public beaucoup plus large. C’est un témoignage passionnant qui éclairera chacun sur les spécificités de la vocation de prêtre aujourd’hui.

Londres, out of the box, la ville en dehors des sentiers battus.

En ce moment, je suis bien suspendue aux épisodes de The crown qui retrace les débuts du règne d’Elisabeth II sur Netflix. La saison 2 arrive le 8 décembre (chic, chic !!!) et donc je visite Londres avec cette excellente série.

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Saviez vous qu’un immense smog avait recouvert la ville de Londres entre le 5 et le 9 décembre 1952, causant la mort de 12 000 personnes?. Les centrales à charbon carburaient à plein régime et le premier ministre de l’époque, le grand Winston Churchill, s’est retrouvé vite dépassé par la situation. Et malheureusement, il n’ y avait pas de Cop21 il y a 65 ans.

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J’ai toujours trouvé que Londres était une ville sombre et grise avec son architecture gothique massive et austère. Big Ben et le Parlement de Westminster sont de vrais joyaux architecturaux aux bords de la Tamise (il y a une sacrée ressemblance avec le Parlement hongrois de Budapest aux bords du Danube, c’est évident) mais Londres ne m’avait jamais vraiment emballée.

Mais j’ai reçu le guide Londres, out of the box, un envoi gracieux des éditions des Arènes (merci, merci, merci !) et j’ai découvert une ville très colorée grâce à ses quartiers : Notting Hill, Brick Lane, Greenwich….

Londres out of the box,

Sonia Delesalle Stolper, Hélaine Lefrançois

Collection Out of the box, éditions Les arènes

440 pages – 18,90 €

Londres Out of the box

J’aime beaucoup le parti-pris de ce guide qui sort des sentiers battus : il s’intéresse à six grandes zones autour de Londres. Ce sont principalement des quartiers résidentiels avec leurs pubs, leurs petites boutiques emblématiques qui montrent cette immense capitale européen avec humanité.

Ce sont ses habitants qui façonnent Londres : c’est une ville multiculturelle qui regroupe immigrés des colonies du Commonwealth, classes ouvrières des autres pays du Royaume-Uni, jeunes nantis … Autant de témoignages qui donnent à ce guide une dimension sociologique, vraie valeur ajoutée par rapport aux traditionnels guides touristiques.

Le maître-mot de ce guide est gentrification. Il montre le visage de Londres au 21eme siècle avec ses nouveaux quartiers, ses mutations démographiques en fonction des nouveaux bassins d’emplois…

Au lieu de retracer toute l’histoire de Londres, il nous parle de son actualité immédiate : la vie quotidienne depuis le Brexit, le défi écologique, la ville- monde. C’est aussi un formidable vivier de bonnes adresses : plus de 1400 lieux de vie pour faire de votre séjour à Londres, un moment unique.

Bien entendu, ce guide ne fait pas l’impasse du Londres touristique dans une petite partie du guide mais il propose aussi des adresses pour s’évader en dehors de la ville : dans la campagne ou sur la côte chez le major Pettigrew, l’un de mes personnages de fiction favoris…

J’ai découvert Londres à travers la littérature, les séries et les comédies romantiques : Oliver Twist, Orgueil et préjugés, Downton Abbey quand Lady Mary sort de sa campagne pour des mondanités, Love Actually et Coup de foudre à Notting Hill bien entendu…

Vivement les épousailles de Prince Harry et Meghan au printemps prochain pour regarder à la télévision le Londres du 21eme siècle…

Ma note : 5/ 5 sardines

J’ai beaucoup aimé ce guide pour l’exhaustivité de ses bonnes adresses, ses photographies originales qui montrent la vie quotidienne entre les fresques street-art et les devantures de boutiques, la multitude de cartes, les icônes qui fournissent des infos très pratiques pour voyager…

Autant de bonnes idées qui montrent que ce guide a été conçu par une équipe de journalistes et d’éditeurs aguerris aux voyages touristiques en milieu urbain. Out of the box est la collection de livres de voyage des éditions des Arènes, il existe aussi celui de New York...

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Les stagiaires, le roman d’apprentissage de la génération Y.

J’ai découvert ce roman grâce aux chroniques télé de Bulle Dop dans l’émission C’est au programme sur France 2.

Les stagiaires

Samantha Bailly, éditions Milady

2014 – 350 pages

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Je venais de terminer un très mauvais livre Les gentilles filles vont au paradis, les autres là où elles veulent : un vrai désastre littéraire. Une héroïne insupportable, une intrigue faible et fade, des personnages secondaires insipides… bref du feel-good tellement marqueté qu’il écœure les lecteurs compulsifs comme moi. J’ai envie d’écrire un article sur les feel-good books dans un prochain billet.

Donc, j’avais un peu peur que cette histoire de stagiaires soit superficielle et caricaturale. Et bien non, tout au contraire, c’est surement le roman le plus profond que j’ai lu : son analyse psychologique des personnages est très poussée.

Les stagiaires est tout sauf un feel-good book : il n’ y a pas d’happy end comme dans une comédie romantique (je n’en dirai pas plus…) C’est un véritable roman d’apprentissage dans un contexte tellement familier : le stage en entreprise.

Le résumé :

C’est l’histoire de six stagiaires : Ophélie, Hughes, Vincent, Arthur, Alix et Enissa. Provinciaux ou Parisiens, ils viennent de milieux sociaux différents pour acquérir une expérience professionnelle à Pyxis, la boite de jeux vidéos. Qui sera finalement embauché? Quel tournant donner à sa vie personnelle?

C’est un roman d’apprentissage à travers le stage, un moment charnière de la vie que nous avons tous vécu.

Mon avis :

Samantha Bailly a choisi un mode narratif très efficace : au fil des chapitres, ce sont les deux personnages principaux Ophélie et Arthur qui racontent à la première personne du singulier, les situations de vie du groupe : quand ils se retrouvent entre eux à la cafétéria ou lors de leurs fêtes ou bien quand ils sont confrontés à leurs supérieurs dans l’open space de Pyxis….

L’organigramme de l’entreprise sert de situation initiale pour commencer la lecture et j’ai trouvé ça très bien vu. Je ne déteste rien de plus qu’un roman qui ne me laisse pas faire connaissance avec les personnages qui vont m’accompagner les 300 prochaines pages.

Je me suis vraiment attachée à eux dans ce roman, aucun n’est stéréotypé. Que ce soit Enissa, la jeune fille aux seins refaits dont le langage rappelle celui d’une Nabilla. Derrière sa superficialité, Enissa cache un regard désabusé sur elle-même, elle se met une forte pression pour réussir dans la vie. Quant à Alix, la grande fille ronde totalement geek est la plus accueillante du groupe. Fine psychologue, elle sait discerner qui porte un masque et sera la bonne personne pour écouter Ophélie et la conseiller.

Le personnage le plus intéressant est sans conteste Arthur. Petit-bourgeois issu d’une grande école de commerce, il profite de cette année de césure pour explorer un monde qui le fascine hors du chemin prestigieux tout tracé par sa mère, ses amis et son milieu social.

Il côtoie des jeunes de son âge comme Ophélie qui doivent réussir leur entrée sur le marché du travail sans les relations de leurs parents, ni aide financière. L’argent n’est pas un souci pour lui.

Pourtant c’est lui le personnage le plus tourmenté qui se réfugie dans l’alcool, la drogue et l’adultère car il a peur de construire son avenir. Alors il le détruit et fait de sacrés dégâts autour de lui… Même les filles les plus raisonnables et responsables se laisseront attirer dans ses filets…

Ma note :

5/5 sardines

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J’ai vraiment été emballée par ce roman car il raconte la recherche identitaire, la quête du grand amour de jeunes adultes qui se construisent dans un contexte de précarité professionnelle et économique.

J’ai découvert une auteure très talentueuse : Samantha Bailly. L’épilogue du roman est très surprenant par ses nuances et sa tendresse. C’est une auteure que je vais suivre par la suite, c’est évident. Elle a déjà écrit une dizaine de livres, principalement de la fantasy (tout ce que je n’aime pas du tout) mais une telle profondeur d’approche psychologique de ses personnages donne envie de lire.

Margaud liseuse, booktubeuse réputée a fait  le tour de l’oeuvre littéraire de Samantha Bailly et voila ce qu’elle en pense :

Je viens de découvrir qu’il existe une suite aux stagiaires : A durée déterminée… je crois que je vais prolonger le stage de cette auteure talentueuse !.

Astérisque en Germanie

Astérisque en Germanie

Même si j’ai eu un peu de mal à comprendre le titre de ce livre au début, Was ist das, le livre de chroniques de Pascale Hugues, publié aux Arènes cet été, m’a captivée.

was ist dasWas ist das? Chroniques d’une Française à Berlin

Pascale Hughes, éditions Les Arènes, 2017

240 pages – 18€

 

Sa couverture très contemporaine et son sujet : les chroniques d’une Française à Berlin ont attiré toute mon attention.

C’est typiquement le genre de livres que j’affectionne : mon dernier coup de cœur en la matière était le livre de Pamela Druckmann, Bébé made in France, publié par Flammarion. Cette journaliste américaine sondait le système éducatif français à travers Jean-Jacques Rousseau, Françoise Dolto….

bébé made in france

Je remercie le service presse des éditions des Arènes qui m’a gentiment adressé ce livre. Je suis avec attention leur ligne éditoriale très originale et contemporaine, un de mes précédents articles, chroniquait le roman historique Le secret d’Adèle de la journaliste Valérie Trierweiler.

Le résumé du livre :

A l’occasion des élections allemandes, Pascale Hughes, correspondante diplomatique depuis trente ans et écrivain, dresse une trentaine de chroniques sur ce qui nous sépare outre-Rhin : le rapport aux hommes politiques, le naturisme dans les lieux publics, l’écologie, les vieilles bombes qui explosent parfois dans les centres-villes totalement reconstruits après guerre…

Mon avis

Pascale Hughes a choisi le ton du flâneur anthropologue pour écrire ce livre beaucoup plus personnel qu’il n’y parait. Et c’est ce qu’il m’a vraiment plu.

A vrai dire, je ne connais que très mal la culture allemande, alors que cette nation est notre voisine au même titre que l’Allemagne ou l’Espagne. Mais j’aime les livres qui étudient les différences culturelles ainsi que les biographies politiques très récentes.

La politique européenne a une place de choix dans ce livre. On ressent toute l’expérience politique de l’auteur dans les premiers chapitres. Ce livre a été écrit dans un contexte électoral décisif pour Angela Merkel et Emmanuel Macron, à quelques mois d’intervalle.

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Le Tiergarten, un personnage important de ce livre de chroniques.

Ces chapitres politiques ne sont pas les plus simples à lire mais la plume de Pascale Hugues sait vous emmener en promenade. J’aime beaucoup le recul sur l’actualité immédiate que permet le livre : le chapitre sur le modèle allemand vanté par la presse et la classe politique française est savoureux.

Mais ce qui me passionne, ce sont ses chroniques plus sociologiques (comment vivent les gens au quotidien) : l’écologie, le naturisme et la sexualité, les souvenirs de l’ancienne RDA, le fait de porter des Birkenstock, comment se comporter dans les jardins publics…

L’auteure est une femme française qui interviewe des célébrités comme Christian Louboutin, Alice Schwarzer, une célèbre féministe allemande… Son livre est aussi léger quand elle oppose les macarons parisiens à la forêt-noire berlinoise, Mona Lisa à Nefertiti.

Pascale Hugues raconte les ambiances aux antipodes de deux jardins publics : le jardin du Luxembourg à Paris et le Tiergarten de Berlin, deux notions diamétralement opposées de l’ordre et de la nature.

Mais attention, bien que l’ illustration de couverture signée Roxy Lapassade soit très girly (marketing oblige), ce livre ce n’est pas du même niveau que Les pintades à  Paris. C’est un véritable essai de sociologie, qui retrace aussi la construction de l’Europe.

les pintades à Paris

Ces chroniques prennent alors tous leurs sens quand Pascale Hugues questionne l’Histoire avec ses souvenirs d’avant 1989, quand Berlin était divisée en deux, entre communisme et capitalisme. Plusieurs fois, j’ai reposé ce livre en me disant « Tiens c’est vrai, je n’avais jamais vu les choses sous cet angle « .

Je me suis demandée comment le peuple allemand est parvenu à se reconstruire psychologiquement après la dictature du 3eme Reich et l’occupation soviétique d’une partie du pays.

J’ai retrouvé la description du choc des cultures qui m’avait tellement plu dans le film Good bye Lénine, l’histoire de ce jeune homme Alex, qui cache à sa mère, militante communiste, la chute du mur de Berlin quand elle se réveille du coma.

Ma note : 4/ 5 sardines

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Je mets cette note pour le ton personnel de l’auteur très agréable à lire, le fait qu’on réfléchisse vraiment grâce à ce livre, on rit aussi et surtout on actionne la machine à remonter le temps dans une époque révolue : l’ Europe communiste.

Moi qui visite chaque été l’Europe de l’Est par mes attaches familiales, j’aurais pu mettre cinq sardines à ce livre s’il n’y avait pas eu quelques longueurs dans les premiers chapitres.

Cela me donne bien envie de lire la biographie d’Angela Merkel, publiée par les éditions Empreinte temps présent. Cette biographie a été écrite par un journaliste spécialisé Resing Volker. Il  a mené une enquête minutieuse pour retracer le parcours de cette fille de pasteur devenue physicienne dans la RDA, avant de devenir la première femme chancelière.

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On ressent dans ce livre de chroniques, une forme de sympathie collective pour cette chancelière qui en impose dans ces sommets du G7 majoritairement masculins. J’ai du mal à croire que les Allemands l’appellent vraiment Mutti.

Et si le vrai modèle allemand ce ne serait pas d’oser élire une femme à la tête d’une des principales puissances mondiales?