Never have I ever, une série Netflix bien meilleure qu’il n’y paraît.

Copyright Lara Solanki/Netflix

Il ne faut jamais se fier aux bandes-annonces racoleuses de Netflix. C’est prendre le risque de passer à coté d’une jolie série, drôle et émouvante : Never Have I Ever ou Mes premières fois. Comme toujours, le titre est bien meilleur en anglais qu’en français mais Mes premières fois vaut le détour. La preuve, je vous en parle ici et croyez moi je suis intraitable si une série est nulle.

Le résumé :

Devi est une adolescente indo-américaine de quinze ans qui vit en Californie avec sa mère médecin et sa cousine, une Indienne très traditionnelle. Elle suscite la pitié de ses camarades de classe à cause de la mort de son père, foudroyé par une crise cardiaque pendant un concert de fin d’année. Ce traumatisme l’a paralysée de longs mois autant physiquement que moralement. Une psychologue noire la suit en thérapie pour lui permettre de se construire individuellement en dehors du contrôle de sa mère très cassante. Une voix-off (la voix nasillarde de John MacEnroe, allez savoir pourquoi) raconte ses aventures au lycée au fil d’une dizaine d’épisodes qui parlent tous de l’amitié au lycée.

Copyright FR_tmdb

Mon avis :

Les deux-trois premiers épisodes ne font pas dans la dentelle, je vous l’accorde. On se demande si Devi et ses copines vont bientôt gagner en profondeur car leur quête de coucher pour être populaires dans les couloirs du lycée me navre profondément.

Mais hourra, cela décolle vite grâce aux seconds rôles : la maman indienne ultra-stricte qui me fait rire dans sa folie furieuse, Ben, l’intello tête à claques qui donne une vraie profondeur à l’histoire et enfin Paxton, le beau gosse cancre qui va se révéler beaucoup plus sensible et authentique que son profil Instagram ne l’indique. Car Mes premières fois est une série ultra contemporaine où les relations de lycéens se déroulent très vite sur les réseaux sociaux. Une vidéo virale de Devi alcoolisée se faisant mordre par un coyote dans une fête la propulse rapidement reine du lycée alors qu’elle était une grosse ringarde avec ses deux copines.

Copyright Lara Solanki/Netflix

J’ai trouvé quelques similitudes avec la série Atypical qui raconte la construction identitaire d’un lycéen autiste. Devi est le pendant féminin de Zahid, le meilleur ami de Sam. Zahid n’est pas autiste, il est complètement barré et déluré comme Devi. C’est rare de voir un tel personnage de lycéenne dans une série : elle pique des crises contre ses copines et sa maman, elle jure et casse des trucs. La seule qui arrive à la canaliser est sa thérapeute contre qui elle peut être une adolescente normale alors que sa mère essaie de la brider.

ATYPICAL

Devi est une enfant inter-culturelle même si ses deux parents sont indiens et s’inquiètent à l’idée qu’elle pourrait renier sa propre culture en grandissant. J’ai bien aimé que cette série inclut des séances de thérapie psychologique comme dans Atypical.Cela aide surement des lycéens à accepter l’idée qu’on a le droit d’aller mal et de consulter.

Parce que le lycée de Devi et ses copains, c’est vraiment un théâtre mondain assez intraitable : tous les jours, tu peux risquer de passer pour un boloss en un rien de temps. Même les beaux gosses comme Paxton souffrent et veulent maîtriser leur réputation à la moindre storie Insta. Il reproche d’ailleurs à Devi de se servir de lui pour se vanter. Il a un petit air attendrissant de Robert Pattinson (vu qu’il est à moitié japonais, il faut avoir de l’imagination pour me suivre sur ce coup-là !) et j’ai bien aimé le parti-pris de la scénariste de faire passer le message qu’être un don juan c’est aussi une tannée !

Copyright Lara Solanki/Netflix

Cette série a été écrite par une jeune femme : Mindy Kalling, actrice et scénariste dans le vent en ce moment. Elle a joué avec Emma Thompson récemment dans Late night . Même si son scénario s’étoffe au fil des épisodes, je déplore tout de même ses dialogues un peu caricaturaux. J’ai même trouvé cette série sexiste dans les discours des trois lycéennes : Devi, Fabiola et Eleanor. La manière dont elles veulent se débarrasser de leur virginité me navre autant que leur passion pour la plastique de Paxton sans se soucier si ce garçon est passionnant, drôle ou intelligent. Tant qu’il a de beaux abdos, ça leur va. Au secours !

Copyright FR_tmdb

Heureusement, cela ne va pas du tout se passer selon leurs plans tellement superficiels. Cette Devi on l’aime encore plus quand elle se ridiculise ou quand elle pète un câble comme dans cette magnifique scène de simulation de l’ONU pour petits intellos qui représentent virtuellement des diplomates de Russie, Etats-Unis, Belgique ou Guinée équatoriale pour Devi. C’est vraiment tordant, il n’ y a que les lycées américains pour organiser de pareilles blagues où l’on se prend autant au sérieux. Je ne serai même pas étonnée que cela existe vraiment.

Ma note :

5/5 sardines

Je vous recommande donc cette série à laquelle j’attribue volontiers cinq sardines pour le jeu des acteurs, la richesse des dialogues même s’ils sont un peu caricaturaux les premiers épisodes et surtout la profondeur psychologique des thèmes traités : le deuil, l’identité, la relation mère-fille, le fossé culturel entre parents et enfants.

Mes premières fois n’est pas aussi finaud qu’ Atypical mais c’est une jolie série drôle et émouvante. J’attends avec impatience la saison 2.

D’autres séries Netflix chroniquées dans ce blog :

Charlie monte le son ou la pré-adolescence 2.0

– Virgin river, l’histoire d’une reconstruction personnelle

– Self made, Atypical, Grace and Frankie, mes coups de cœur séries du printemps