Haute saison, comment rendre le club de vacances romanesque?

Ce livre, je l’ai lu en avant-première grâce au service de presse des éditions JC Lattès (que je remercie). Je l’avais repéré grâce à Instagram car la couverture du livre est vraie réussie et le titre efficace annonce la couleur : je me vois déjà au bord de la piscine à Sozopol, Bulgarie avec une bonne limonade pas loin du transat.

Je connais pas du tout Anglet et la côte basque en haute saison car je ne passe plus mes vacances d’été en France depuis huit ans : trop cher pour notre pouvoir d’achat quand on veut profiter des restaurants en bord de mer, des aquaparks, des bouées tirées par un jet-ski et des piscines d’hôtel à gogo et surtout nous sommes attendus de pied ferme par notre famille bulgare !

Mais ce roman m’a donné envie d’aller faire une escapade à Biarritz pour la beauté de son architecture à tout moment…sauf en haute saison. Je ne sais pas si c’est voulu ou non mais ce roman dans ses descriptions des moments d’attente au self pour manger en collectivité très bon marché ou ces rencontres un peu forcées lors des activités sportives ou autres ; donne envie de prendre ses jambes à son cou et quitter ces clubs de vacances sur le champ.

Je n’ai jamais expérimenté ce mode de vacances car je vis à Paris toute l’année avec une proximité avec mes compatriotes un peu pénible dans les transports en commun, dans les restaurants et les parcs… En vacances, je n’ai qu’une envie, prendre le large, savourer le silence avec un bon livre à la main…

Haute saison raconte quatre solitudes : celles de Chantal, grand-mère dévouée mais coincée entre les générations qui va enfin penser à elle, Fanny, une mère de famille en fauteuil roulant qui espère relancer son couple avec ces vacances en famille avec leurs deux enfants, Matthias, un Parisien addict au travail qui n’a même pas fait l’effort de retenir sa femme, la mère de ses deux filles. Et enfin Germain, le chargé d’accueil du club de vacances qui vient de la région. Pas facile de lui donner un âge avec un prénom aussi désuet.

Faute de situation initiale digne de ce nom, j’ai un peu pataugé les cent premières pages avec même la tentation d’abandonner ma lecture. Mais je me suis accrochée car j’aime l’écriture d’Adèle Bréau que j’ai découvert dans une nouvelle de Noël et préjugés, éditions Charleston et surtout dans son roman très réussi : L’odeur de la colle en pot, éditions JC Lattès.

Adèle Bréau sait mettre en relief la profondeur psychologique de ses personnages. C’est d’ailleurs, ce qui m’a retenue et passionnée dans la suite de ma lecture.

Chantal et Matthias se sont entraidés malgré le fossé générationnel qui les oppose : la retraitée dévouée aux autres et l’hyperactif qui n’a aucune attention pour les autres.

Fanny va apprendre à baisser la garde et accepter l’aide de ceux qui l’aiment. Germain va sortir de sa prison mentale qui l’enchainait au contact de ses trois nouveaux amis…



La référence au film Les Bronzés qui se passe dans un club Med en Côte d’Ivoire en 1978 est évidente. L’auteure cite Jean-Claude Duss pour commercer son histoire.

Ce roman qui raconte les vacances de milliers de Français qui aiment ce type de villégiature, a su sortir de sa banalité peu romanesque pour aborder des thèmes forts : l’euthanasie qui soulève dilemme et culpabilité pour ceux qui restent, le consentement quand la fille de Fanny découvre les sensations fortes avec un moniteur majeur très entreprenant et largement manipulateur.

Ce que je retiendrai particulièrement de ce roman, c’est le petit discours de Victor, le mari de Fanny. Ils ont des problèmes de couple car sa femme handicapée ne baisse pas la garde, ne laisse pas son mari lui venir en aide.

Dans ce roman, Fanny n’est pas vu comme une victime mais un peu comme une orgueilleuse qui doit se remettre en question. J’ai trouvé que cette critique constructive du personnage était le meilleur service à rendre aux personnes handicapés : leur rendre leur normalité en considérant leurs qualités et leurs défauts.

Cela fait sacrément écho à l’une de mes lectures précédentes : Ne dites pas à ma mère que je suis handicapée, elle me croit trapéziste. Ecrit par Charlotte de Vilmorin, édité par Le livre de poche, ce récit de vie plein d’humour et d’autodérision décrit avec vérité les handicapés sociaux que rencontrent les handicapés moteur dans les entreprises et qui continuent de les marginaliser de manière très maladroite.

Je choisis d’attribuer deux sardines à ce roman Haute saison. Il était agréable à lire car divertissant en cette période pénible dé déconfinement très long. Mais ce n’était pas de la grande littérature avec des envolées lyriques et des moments extraordinaires. C’était un peu plan-plan les cent premières pages, j’ai failli abandonner ma lecture. Heureusement qu’Adèle Bréau sait entretenir ses effets et trouver comment exprimer toute la profondeur de ses personnages.

Enfin, ce roman m’a donné matière à réflexion. Ce type de vacances collectives va t’il survivre à la crise sanitaire dans les années qui viennent avec les obligations de distanciation sociale? Est ce que les vacanciers en auront encore envie compte tenu du traumatisme social vécu ces deux dernières années?.

En tous points, moi j’ai besoin de grands espaces, de nature, d’évasion et de romanesque … aussi dans mes lectures !

Retrouvez ici mes précédents articles du blog :

L’odeur de la colle en pot, chronique nostalgique de l’adolescence dans les années 1980

Nos vacances estivales annuelles en Bulgarie, patrie de mon Jules avec un grand J.

Traverser l’Europe en une journée avec une mini voyageuse de 18 mois pour aller en Bulgarie.

Cela fait toujours son petit effet quand on le dit ! Bon on blague un peu comme le vol en avion ne dure que 2h40 mais douze heures de voyage porte à porte ça vous met sur les genoux.

On n’a pas du tout regretté d’avoir laissé la poussette canne à la maison, notre porte-bébé BabyBjörn nous a sauvé la mise une fois de plus à l’aéroport de Beauvais. J’ai ressenti une petite pointe de fierté maternelle en me disant que je m’étais vraiment bien débrouillée avec l’organisation des valises.

Pourtant, ces vacances ont commencé sur les chapeaux de roue. Vomito sur la route après une cinquantaine de kilomètres à peine, arrêt sur la bande d’arrêt d’urgence pour changer la petite biche des pieds à la tête.

Mais rien n’allait nous décourager : #vacances bien méritées.

On s’est réveillé tôt le matin au 10eme étage du Vitosha park hôtel de Sofia avec une vue superbe sur les montagnes depuis une terrasse à couper le souffle. Prix de la nuit : 44 € avec petit déjeuner inclus. Même s’il y a eu des couacs : pas le lit parapluie prévu, pas d’eau chaude dans les chambres et donc pas possible d’utiliser la piscine intérieure, j’ai bien aimé cet hôtel et son petit-déjeuner européen.

Ensuite, nous avons pris la voiture avec mon beau-père pour rejoindre la grand-mère de mon mari Dafina que nous voyons une fois par an, dans sa ville de Cherven Bryag. J’aime beaucoup son appartement vintage des années 1970 avec ses boiseries, ses tapis et surtout ses deux balcons traversants depuis le 7eme étage.

C’est une vraie carte postale de la vraie Bulgarie avec ses immeubles communistes en mauvais état mais qui m’impressionnent beaucoup. Au bord de la mer Noire, c’est beaucoup plus élaboré en termes d’infrastructures pour répondre aux attentes des touristes. Et moi depuis huit ans de voyages en famille là-bas, je ne suis plus tout à fait une touriste.

Cet article n’est donc pas un carnet de voyages comme les autres. J’avais envie de vous parler de la vie quotidienne des gens en Bulgarie. Visiter l’Europe de l’est ou l’Europe centrale (je n’ai vu que Budapest pour l’instant) est assez instructif pour comprendre l’Europe dans sa diversité. C’est ma passion depuis que j’ai étudié l’anthropologie sociale et culturelle de l’Europe à l’Ecole du Louvre avec le Mucem.

Je vais commencer par ce qui vous intéresse le plus : la cuisine bulgare. J’affectionne trois plats principaux en Bulgarie. Ils constituent mon alimentation de base en été car ils sont bien rafraîchissants et revigorants après la plage : le tarator, la shopska salad et les banitsa.

En Bulgarie, vous allez manger beaucoup de concombre et de sirene (feta bulgare excellente) en été. J’adore aller dans les petites épiceries de village pour regarder les rayons. Je vous recommande de manger une bonne banitsa en revenant de la plage vers midi, ça requinque ( l’équivalent du croissant au petit déjeuner mais il faut aimer entre nous).

Ensuite, j’aime beaucoup observer l’architecture soviétique de la grande époque des années 1970 et 1980 à Sofia et dans la partie ouest du pays. C’est pas forcément très beau dans le paysage mais c’est une expérience à faire pour comprendre comment vivent les gens dans une Europe bien différente de la mienne.

Dans la partie est, celle où je vais tous les étés en vacances, c’est totalement biaisé pour le tourisme. Les stations balnéaires telles que Sozopol, Nesebar, Pomorie et surtout Sunny Beach logent une grande partie de l’Europe de l’est en été. Il faut donc appâter les touristes avec les dernières infrastructures modernes.

Je vous recommande Sozopol, ma station balnéaire favorite pour ses vestiges anciens et ses loisirs très bon marché qui vous feront passer des vacances inoubliables avec vos enfants. La visite de la vieille ville en début de soirée est d’une beauté et d’un dépaysement génial.

Ses maisons en bois ne sont pas classées au patrimoine mondial de l’Unesco mais c’est tout comme. Je vous recommande l’ hôtel Villi Sozopol à la pointe de la vieille ville avec sa vue impressionnante et sa bonne cuisine.

C’est le lieu idéal pour se baigner avec des enfants : le tour de banane gonflable tirée par un jet-ski coûte 5 € l’aller retour de 30 minutes (impensable en France) et vous pouvez fréquenter la piscine d’un hôtel pour 4 € la journée si la mer est trop agitée (ce que nous avons fait avec délice !).

A travers la lecture de cet article, vous aurez sans doute compris que la différence de standards économiques entre la France et la Bulgarie saute aux yeux. J’ajouterai que les professionnels du tourisme en Bulgarie sont vraiment aux petits soins pour les touristes étrangers. Il faut juste ne pas se laisser berner par les chauffeurs de taxi à l’aéroport de Sofia et à Sozopol (mais c’est universel je crois). La plupart des Bulgares sont assez francophiles !

Alors davaï en Bulgarie, vous y serez très bien accueillis.

J’ai même poussé l’expérience sociologique d’aller chez le coiffeur dans le village de mes beaux-parents, avec mon interprète de mari obligatoirement. Pour l’équivalent de 4€ la coupe, nous avons économisé vingt euros chacun pour une coupe sans shampoing ni brushing mais tout à fait dans le coup.

Retrouvez mes précédents articles qui parlent de mon pays par alliance :

En août, Le bal littéraire des sardines se met à l’heure bulgare !

Carnet de voyages en Bulgarie