Le week-end dernier, nous étions à Marseille (ma ville de cœur) goûter aux joies du farniente le long de la corniche Kennedy car la plage des Catalans m’appelait de sa douce voix de sirène… (c’est mon endroit favori à Marseille…).

Les bains militaires de l’anse de Malmousque
Je vous recommande le voyage avec le bus 83 depuis le rond-point du Prado, c’est vraiment formidable…
Moi, j’aime beaucoup les productions des artistes marseillais autour de l’identité de leur ville. J’avais découvert une fois précédente les superbes stickers de Sardo Marsiho qui a eu la grande gentillesse de m’en envoyer quelques exemplaires. On se reconnaît entre sardines !
J’étais donc à la recherche d’autres objets dérivés de sardines, et là j’ai eu un vrai coup de cœur pour les baigneuses de Cécile Colombo au magasin Les toiles du large dans les arcades de la cathédrale de la Major, non loin du MUCEM.

Copyright Cécile Colombo
Elles s’appellent Martine, Mireille, Yvonne, Nicole ou encore Margot comme la grand-mère marseillaise de l’artiste.
Elles portent des maillots de bain une pièce aux imprimés très graphiques, on dirait qu’elles sont en tenue de soirée avec leurs colliers et leurs chapeaux. Elles sont toujours coquettes car la plage est un théâtre social même quand on est bien en chair et qu’on a dépassé la cinquantaine.
Ce sont les Marseillaises de l’enfance de l’artiste. Au début, elles ont inspiré des illustrations de recettes de cuisine éditées par Équinoxe, puis Cécile Colombo a décidé de les amener à la plage pour décorer des toiles mais aussi des assiettes de céramique et surtout des sacs en toile de voile en partenariat avec la boutique Les toiles du large.
A la plage, toutes les inégalités sociales disparaissent, on vient tous pour la même chose : se délecter des plaisirs du bain pourtant on met en scène son corps, son bronzage, son allure… C’est ce que j’ai retenu de mes études d’anthropologie sociale et culturelle de l’Europe avec les conservateurs du MUCEM.
Ces baigneuses m’ont beaucoup plu car elles sont les témoins d’une époque révolue ou non, d’une certaine classe populaire, celle que l’on ne remarque pas. On ne se retourne pas sur leur passage comme devant des petites jeunes en bikini mais elles sont tellement attachantes dans leur simplicité et leur sophistication recherchée. Cécile Colombo a peint une autre beauté.
Pascal Rabaté a un peu la même démarche dans le domaine de la BD puisqu’il aime chroniquer la vie des gens ordinaires dans ses albums : Les petits ruisseaux, La Marie en plastique ou encore Vive la marée. Il est aussi réalisateur de films et adapte au cinéma ses BD: Vive la marée est le scénario du film Ni à vendre ni à louer.
Vive la marée
Pascal Rabaté
Futuropolis, 2015
120 pages
20€
C’est un album atypique sans personnages principaux. Pascal Rabaté raconte une saison estivale au bord du littoral atlantique à travers une galerie de portraits : des estivants d’un jour ou des vacanciers annuels, des locaux …
Le rythme est soutenu, il suit celui des voitures sur l’autoroute ou du train remplit de valises et de bouées…
On suit les personnages le temps d’une anecdote très brève au fur et à mesure que le soleil tourne sur la plage ou que la marée monte. C’est la prouesse technique et narrative de cet album : on sent que l’élément naturel reprend sa place sur le théâtre social qui se joue à la plage.
Les citadins reviennent à l’état sauvage à l’image de l’enfant ou du père de famille qui cherche un crabe sous les rochers…
C’est un album très réussi à l’image de sa couverture un peu étrange qui remet bien en place toutes les stratégies humaines pour mettre son corps en valeur sur la plage : tous égaux face à l’inertie des corps sous l’eau !
En attendant l’été, je vous recommande d’autres lectures qui théorisent la plage comme les essais de Jean-Didier Urbain et de Jean-Claude Kauffmann ainsi que la BD Saison morte.
Moi, je retourne rêver que je suis au bord de la plage des Catalans…
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